vendredi 23 janvier 2015

Le ministère des Sports se mobilise en faveur de l'apprentissage

C'était l'une des priorités du budget des Sports pour 2015 (lire ci-contre notre article du 3 octobre 2014). La relance de l'apprentissage dans les métiers du sport et de l'animation se décline désormais à travers une instruction ministérielle.
A l'occasion de la conférence sociale des 8 et 9 juillet 2014, le gouvernement avait annoncé l'objectif de "doubler le nombre d'apprentis dans les métiers de l'animation et du sport pour atteindre 6.600 jeunes en apprentissage à la fin de 2017", sur un total de 500.000 jeunes en apprentissage tous secteurs confondus. C'est cet objectif que rappelle en premier lieu l'instruction du 7 janvier du ministre de la Jeunesse et des Sports Patrick Kanner et de son secrétaire d'Etat Thierry Braillard, adressée aux préfets, directeurs régionaux et départementaux de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale, ainsi qu'aux directeurs des établissements publics nationaux du secteur du sport et de l'animation.
Au-delà de l'objectif national, l'instruction précise la répartition du nombre d'apprentis attendu, région par région, pour les trois années à venir. Si globalement le ministère vise une hausse de près de 90%, pour passer de 3.502 apprentis actuellement, à 6.600, plusieurs régions, qui ne comptent aucun ou peu d'apprentis dans la filière, devront faire un effort plus important.
Ainsi, la Martinique, la Guyane, la Réunion ou Mayotte, pour l'Outre-Mer, mais aussi la Corse ou les Pays de la Loire devront s'employer à créer leurs premiers postes en apprentissage dans l'animation ou le sport, avec des objectifs pour 2017 allant de 10 apprentis en Guyane ou à Mayotte à 100 en Pays de la Loire.

Des régions très en retard

Autres régions très en retard dont l'objectif est largement supérieur à la moyenne nationale : la Lorraine qui devra passer de 2 à 90 apprentis (+4.500%) et la Bretagne, qui devra atteindre 100 apprentis contre 10 actuellement (+1.000%).
A l'inverse, pour les "bons élèves", l'objectif est moins spectaculaire. Ainsi la Bourgogne devra faire croître ses effectifs d'apprentis du sport et de l'animation de 53%, pour passer de 182 à 280 ; Rhône-Alpes visera les 1.000 apprentis, contre 605 aujourd'hui (+65%) ; tout comme l'Ile-de-France cherchera à embaucher 1.765 apprentis à l'horizon, contre 1.062 en 2014 (+66%). L'instruction précise qu'un suivi de ces objectifs sera effectué deux fois par an, au 30 septembre et au 31 décembre.
Pour le ministère, la réussite de ce plan est conditionnée à plusieurs paramètres. En premier lieu, il conviendra de "favoriser la mobilisation des ressources nécessaires". Dans ce but, les destinataires de l'instruction sont invités, d'une part à contribuer à améliorer la collecte de la taxe d'apprentissage, d'autre part à se rapprocher des présidents des conseils régionaux afin de participer à l'élaboration du schéma prévisionnel de l'apprentissage dans la région, mais aussi pour faire connaître cette filière professionnelle et faire valoir ses spécificités, comme le fait que les apprentis de l'animation et du sport abandonnent moins que la moyenne leur cursus et sont bien insérés après l'obtention de leur diplôme.

"Une relative méconnaissance" des collectivités

Autre moyen de tenir l'objectif : l'accompagnement des employeurs. A cet égard, l'instruction précise que deux types d'employeurs rencontrent des difficultés spécifiques pour développer l'apprentissage : les collectivités territoriales, qui "ont une relative méconnaissance de l'existence du dispositif de l'apprentissage, traditionnellement peu mobilisé pour les emplois publics", et le secteur associatif, qui connaît des freins spécifiques (manque de lisibilité, bénévolat des maîtres d'apprentissage potentiels, financement de la formation, etc.). Pour ces employeurs, des actions d'information et de sensibilisation devraient être organisées. Par ailleurs, l'instruction indique qu'"il reste toléré dans le secteur de l'animation et du sport qu'un bénévole bénéficiant d'un certain nombre d'expériences puisse être inclus dans une équipe tutorale". Quant aux difficultés financières, elles pourront être surmontées, pour les associations sportives, par des subventions du Centre national pour le développement du sport (CNDS). Ce dernier a en effet prévu le financement d'au moins 500 contrats d'apprentissage en 2015 sur sa part territoriale (lire ci-contre notre article du 19 novembre 2014).
Dernier levier d'action pour remplir l'objectif : la mobilisation de l'ensemble des acteurs régionaux impliqués dans l'apprentissage (conseils régionaux, comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles, CFA, etc.). A cet égard, l'instruction demande à ses destinataires de choisir "le mode pertinent de formalisation de ces objectifs au niveau territorial". Et elle incite à développer des actions de soutien aux associations susceptibles d'accueillir un apprenti. L'instruction souligne en outre le rôle central des DRJSCS auxquelles il est demandé de s'appuyer sur les établissements publics nationaux engagés dans l'apprentissage : sur les dix-sept Creps (centres de ressources, d'expertise et de performance sportive), deux sont en effet établissements gestionnaires de CFA et onze sont partenaires de CFA assurant des formations d'apprentis.

(Localtis)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.