Un fairway bosselé, un green qui n'a plus de vert que le nom: le
terrain du complexe sportif d'Enghelab, dans le nord de Téhéran, est
pourtant le meilleur de ce que le golf peut offrir en Iran.
L'histoire
du seul parcours homologué d'Iran a été chaotique depuis la Révolution
islamique de 1979. Privé de subventions, et peut-être aussi d'un bon
jardinier, il a en plus perdu cinq de ses 18 trous, désormais sur un
terrain militaire.
Mais il a gardé son carré de fidèles, malgré sa réputation élitiste et le mauvais état de la pelouse.
"C'est
vraiment mauvais, mais c'est tout ce qu'on a", explique à l'AFP
Mehrdad, un homme d'affaires de 40 ans qui partage son temps entre
Téhéran, le Canada et l'Allemagne, en préférant taire son nom de
famille.
Il essaie de jouer au moins deux fois par mois avec ses
amis, les jeudis et vendredis, jours de congés en Iran. Le reste du
temps, le terrain est généralement désert.
Kaykavos Saïdi est justement chargé par l'administration d'ouvrir ce sport aux Iraniens.
"Tout le monde peut faire du golf, mais nous sommes un peu les
parents pauvres" du sport en Iran, explique M. Saïdi, président de la fédération iranienne de golf, par rapport aux disciplines en vogue comme le football, la lutte ou le volley-ball.
A
53 ans, M. Saïdi admet ne pas être un grand golfeur, mais il a des
ambitions: plus de parcours, plus d'éducation et de publicité dans les
écoles et, alors seulement, plus de licenciés.
Pour l'instant, le
golf attire 3.500 personnes, dont environ 500 femmes. Une misère comparé
aux 77 millions d'habitants de la République islamique. Le budget
annuel de la fédération est aussi famélique (200.000 dollars, 175.000 euros). Estampillé "sport
de riches", il a aussi souffert des relations tendues entre l'Iran et
le monde anglo-saxon.
Le golf a été introduit en Iran au début du
XXe siècle par les hommes d'affaires britanniques, qui se sont
appropriés les champs de pétrole du sud du pays, et la manne de l'or
noir.
Le dernier Shah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi, a fait
construire un parcours sur herbe dans l'enceinte du "Country club
impérial". Renommé Enghelab (Révolution en persan), le parcours végète
depuis 1979. Il en existe quatre autres en Iran, mais sur sable.
Malgré
les difficultés, l'Iran recèle quelques joueurs de talent, dont Hassan
Karimian, capitaine de la sélection qui a participé aux Championnats
d'Asie.
Mais sans diversité, les golfeurs ne peuvent améliorer
leurs coups et développer leurs stratégies lors des compétitions
internationales. On voit également peu de jeunes joueurs sur le
practice, long de 205 mètres.
"Nos joueurs ont généralement plus de 30 ans. C'est rare de voir
des jeunes de 17-18 ans, mais la sélection est en progrès", assure le
capitaine, âgé de 38 ans, espérant que ces progrès inciteront le
ministère des Sports à s'investir davantage.
La fédération tente aussi de développer le minigolf, mais les investissements font là encore défaut, selon David Cherry, président de la fédération Asie-Pacifique (APGC).
"Le
golf manque d'exposition médiatique car il n'est pas diffusé à la
télévision", explique M. Cherry, qui a visité l'Iran en janvier.
"J'ai
tenté de convaincre les autorités que le golf n'est pas un sport pour
les élites et qu'on peut jouer toute sa vie. J'ai commencé à l'âge de
cinq ans, et je continue 63 ans plus tard", assure-t-il.
Il se
félicite aussi que l'Iran se rapproche de l'APGC et du temple du golf,
le Royal and Ancient Golf Club de St Andrews, en Ecosse.
"J'ai senti un réel enthousiasme pour le golf, mais ils ne savent pas comment franchir un nouveau palier", estime-t-il.
Cela ne rebute pas le président de la fédération iranienne. Kaykavos Saïdi postulera cette année à un nouveau mandat de cinq ans pour continuer à "trouver des talents".
(AFP)
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