Le procès de Nikola Karabatic, star du handball français, et de
quinze autres prévenus s'ouvre lundi devant le tribunal correctionnel de
Montpellier dans une affaire de paris autour d'un match,
Cesson-Montpellier le 12 mai 2012, qui aurait été truqué.
Les
prévenus qui réfutent le trucage, sont poursuivis pour "escroquerie" ou
"complicité d'escroquerie". Ils encourent cinq ans de prison et 375.000
euros d'amende.
Le procès, en présence notamment d'une centaine de journalistes accrédités, est prévu sur deux semaines.
Le
président du tribunal Paul Beaudoin, selon une source judiciaire, a
exigé que tous les prévenus soient présents dès le premier jour, même
s'ils sont appelés à la barre plus tard.
Dans la salle
d'audience, les mis en cause seront assis par ordre alphabétique sur
deux rangs. Les joueurs slovènes Primoz Prost (Gottingen/GER) et Dragan
Gajic (Montpellier) sont assis à proximité l'un de l'autre car ils ont
demandé l'aide d'un interprète.
L'ensemble du clan Karabatic, à
savoir Nikola, son frère Luka, et leurs compagnes, Géraldine Pillet et
Jennifer Priez, seront au deuxième rang, les frères Karabatic doivent
être entendus mercredi.
Au total, huit joueurs du Montpellier de
l'époque seront sur le banc des prévenus. Outre les Karabatic, Prost, et
Gagic, Samuel Honrubia (PSG), Mladen Bojinovic (PSG), Mickaël Robin
(Cesson-Rennes) et Issam Tej (Montpellier).
L'affaire avait éclaté
le 16 mai 2012 avec la plainte de la Française des jeux. Elle faisait
état le 12 mai à midi -heure à laquelle elle avait bloqué les paris- de
104.887 euros de mises dont 102.300 euros sur le fait que Cesson
mènerait à la pause. Un montant exorbitant par rapport aux 3.000 euros
de moyenne pour une rencontre de handball.
L'enquête a permis
d'établir que ces paris avaient été pris dans plusieurs villes après un
top-départ donné peu avant 10h00, à la cote de 2,9 contre 1, avec des
tickets de 100 euros garantissant l'anonymat des gagnants, Cesson ayant
bien mené à la pause (15-12).
- Tricherie 'en équipe' -
Aux yeux des experts, il y avait certes des "ingrédients"
expliquant "un match raté" de la part des Montpelliérains qui avaient
perdu (31-28). Mais il y avait aussi une "convergence d'indicateurs
anormaux, trop curieuse pour être innocente et conjoncturelle".
La
FDJ avait alerté dès le 16 mai le Service central des courses et jeux
(SCCJ) de la Direction centrale de la police judiciaire, lui-même déjà
informé d'une possible tricherie par un appel téléphonique anonyme.
Le
procureur de la République Patrick Desjardins a évoqué une tricherie
"en équipe" avec peut-être pour but premier d'augmenter la cagnotte
destinée à un séjour à Ibiza des joueurs. Mais ensuite, le groupe a cédé
à la tentation.
Nikola Karabatic, Gagic et Tej ont nié avoir
parié. Les autres ont reconnu l'avoir fait. "Nous assumons avoir voulu
nous faire un peu de fric en pariant (...) sur certains critères
sportifs (...)", plaide l'avocat du clan Karabatic, Me Jean-Robert Phung
qui réfute le trucage: "Ils ont parié. Et alors? C'est une faute
méritant des poursuites disciplinaires, pas pénales!"
Quant à
Nikola, "il a déjà été blanchi", clame Me Phung, rappelant que la
Fédération française de handball (FFHB) a annulé en mars 2013 les six
matches de suspension qui lui avait été infligés par la Ligue nationale
(LNH).
La FFHB a bien relevé des "coïncidences troublantes" mais a estimé que celles-ci ne suffisaient pas à "lever le doute".
"Il
n'y a aucune démonstration de la tricherie", renchérit Me Patrick
Maisonneuve, pour Honrubia. "On est dans un fantasme, un postulat de
match truqué", insiste Me Luc Abratkiewicz.
Vilipendant
l'expertise judiciaire accusatrice, les avocats expliquent la
contre-performance de Montpellier par des éléments concrets: un 14e
titre de champion de France, le 5e de rang déjà acquis, l'absence de
sept titulaires dont Nikola, et la peur des blessures avant les JO.
Dès
l'ouverture de l'audience, une Question prioritaire de
constitutionnalité (QPC) devrait être déposée par les défenseurs des
joueurs et des nullités de procédure soulevées.
(AFP)
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