La fusion des clubs de rugby de Bayonne et Biarritz, qui semblait
enterrée après la démission du président du BO, Serge Blanco, et celle
imminente du président de l'Aviron, a connu mercredi soir un nouveau
rebondissement avec l'annulation du vote de désaveu à Biarritz.
Mardi
soir, l'absence d'une majorité des deux-tiers lors de l'assemblée
générale du Biarritz Olympique Omnisports (amateurs) et la démission
consécutive de l'emblématique Serge Blanco semblaient pourtant plomber
l'avenir des deux clubs, pour l'heure pensionnaires de Pro D2 en
attendant leur passage devant l'instance de contrôle financier (DNACG).
Mais,
mercredi soir, énième coup de théâtre dans un scénario déjà fertile en
rebondissements : dans un communiqué laconique, le BO Omnisports
annonçait "l'annulation du vote de mardi", "entaché d'irrégularités", et
une nouvelle assemblée générale avec un nouveau vote mardi prochain. De
sources concordantes, on indique que les "irrégularités" concerneraient
des votes par procuration.
- Comment en est-on arrivé là ?
En travaillant en catimini,
les deux principaux défenseurs du rapprochement ont manqué de pédagogie
: Manuel Mérin et Serge Blanco, présidents des deux clubs, avaient
entamé des discussions, officiellement en riposte à une subvention
allouée à la Section Paloise (promue en Top 14), par le département des
Pyrénées-Atlantiques, ainsi qu'incités par quelques partenaires
financiers y voyant une meilleure visibilité.
Sans explication,
mis devant le fait presque accompli, avec déni -- Manu Mérin parla de
"science-fiction" -- puis contre-vérités, ce passage en force, selon eux
"vital" pour sauver le rugby basque, a envenimé les relations entre les
deux clubs et leur base.
Les groupes de supporteurs de l'Aviron
ont manifesté plusieurs fois contre ce projet, mettant la pression sur
le secteur amateur du club, censé donner quitus aux porteurs du projet
vendredi 26 juin lors d'une assemblée générale annoncée explosive.
Idem
côté BO, en ordre de bataille derrière Blanco, le croyait-on du moins,
après le vote la semaine dernière de son comité directeur, favorable à
la fusion par 20 voix contre une.
Mais le manque de transparence
du projet, ponctué par ce petit arrangement entre amis la semaine
dernière -- vote du conseil municipal biarrot d'une avance sur cinq ans
du montant de la subvention annuelle (300.000 euros, soit 1,5 M EUR au
total) pour mettre les compteurs à zéro -- n'a pas été du goût du
secteur associatif du BO. Celui-ci avait rejeté le projet mardi, à la
surprise générale, et poussé Blanco à quitter la présidence de son club
de toujours, avant la volte-face de mercredi soir.
- Quel avenir ?
Côté bayonnais, le président Mérin, qui a
annoncé mercredi au quotidien Sud Ouest son départ "dans quelques
semaines", a fait savoir mardi soir qu'il devait "trouver un million
d'euros avant début juillet" pour passer sans encombre l'examen de la
Direction nationale d'aide au contrôle de gestion (DNACG) et ainsi
rester en Pro D2.
Il doit aussi rencontrer ses joueurs cadres
(l'ancien All Black Joe Rokocoko, Jean Monribot, Matthieu Ugalde, les
Argentins Martin Bustos Moyano, Santiago Fernandez...) qu'il avait
convaincus de rester pour la fusion et qui pourraient demander à partir.
A Biarritz, l'après-Blanco, si celui-ci ne revient pas sur sa
décision, s'annonce incertain même si la subvention municipale de 1,5
million d'euros et la remise au pot (2 millions d'euros) du parraineur
et mécène historique Cap Gemini de Serge Kampf laissent présager un
dossier passable devant la DNACG.
Comme il en était question en
cas d'élection de Blanco à la présidence de la Fédération française de
rugby (FFR) en 2016, c'est Nicolas Brusque, autre ancien arrière
international du cru, qui pourrait se voir confier les rênes du club
plus tôt que prévu.
- S'en relèveront-ils ?
C'est toute l'incertitude. Si la
DNACG ne prononce pas de descente administrative pour l'un, ou l'autre,
voire les deux dans le pire des cas, le BO, qui a déjà une année
d'existence en Pro D2, fera avant tout le dos rond avec un effectif
quasi au complet en espérant n'être pas trop loin des cinq premiers au
printemps prochain.
Les signaux sont plus inquiétants à Bayonne,
qui ne se remet pas du départ de son principal soutien financier, le
lunetier Alain Afflelou, et qui avait tant tablé sur ce rapprochement
bien avant de connaître son sort sportif en mai.
Pro-fusion mais
mis en difficulté par la base, Mérin ne sera plus là pour voir si le
club ciel et blanc vivra un destin similaire à ceux de Lourdes (Fédérale
2), tombé dans l'oubli, Béziers ou Tarbes, incapables de s'extraire de
Pro D2 depuis des années.
Sur France 3 Aquitaine mercredi soir, il
a redit son voeu d'une union du rugby basque : "Il n'y a pas beaucoup
de place dans notre petit pays pour deux entités professionnelles...".
(AFP)
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