mardi 1 septembre 2015

A Aiguebelette, les Championnats du monde d'aviron ne font pas que des heureux

Les Championnats du monde d'aviron, qui commencent dimanche au lac d'Aiguebelette, devraient générer des retombées économiques significatives pour les pays de Savoie mais ils sont loin de faire l'unanimité parmi les riverains.

Dès la sortie de l'autoroute A 43, le ton est donné: "Aviron, invasion", "Non au béton, non au gaspillage de l'argent public", annoncent de grandes banderoles plantées dans une prairie.
La compétition, qui doit rassembler 1.300 athlètes de 77 pays jusqu'au 6 septembre, n'a pas réussi à susciter l'adhésion autour de ce lac aux eaux émeraude, bordé par les sommets verdoyants de la chaîne de l'Épine.
Ici et là, affiches d'opposants et manifestations d'humeur se font entendre. Et les retombées économiques promises par cette compétition sportive au budget de 8,4 millions d'euros n'ont pas permis de faire taire les ronchons.
La manne ne devrait en effet pas bénéficier à tous de la même manière. "Ça va nous prolonger la saison d'une quinzaine de jours, ça va faire du bien", se félicite Jean-Philippe Dufour, responsable de l'hôtel-restaurant "Chez Michelon".
Mais un peu plus loin, le ton est moins rose. "Pour l'instant, on a encore vu personne et on n'a pas de réservation prévue, à part une réception un soir pour les arbitres", lâche Sandrine Philippon, gérante du Bar-restaurant "Le beau rivage" à Aiguebelette-le-Lac.
"On a peut-être des retombées mais ce n'est pas transcendant. C'est le beau temps qui nous fait bosser, pas l'aviron", ajoute-t-elle.

- 'Cabane de jardin' -Selon l'office de tourisme, les 6.000 lits marchands autour du lac sont "pleins à 90%" pendant la semaine des championnats. "En ce moment, celui qui a une cabane de jardin, il la loue. Tout le monde profite de la manne, même les grognons", assure Claude Coutaz, le maire.
Mais la plupart des athlètes et du public iront dormir à Chambéry ou Aix-les-Bains, à 20 ou 30 km, en raison du manque de capacités hôtelières près du lac.
Seuls 32.000 spectateurs sont attendus sur la semaine, bien loin de la foule ameutée par les étapes du Tour de France ou même des 70.000 spectateurs (sur 5 jours) de la finale de coupe du monde de ski à Méribel (Savoie).
Pour le tourisme local, "l'impact est nul", tacle Martine Schwartz, du collectif SOS Lac d'Aiguebelette, à la tête de la fronde. Selon elle, la fermeture des plages les plus fréquentées depuis la mi-août a fait fuir les touristes. Et les Championnats du monde ne feront que combler le manque à gagner, estime-t-elle.
"L'aviron ne draine pas de touristes: il y a très peu de licenciés (45.000 en 2014, ndlr) et les épreuves sont très peu suivies à la télé", ajoute Mme Schwartz.

- Bataille judiciaire -En juin 2014, le collectif avait obtenu l'annulation par le tribunal administratif de Grenoble des autorisations de construction du bassin d'aviron et de la tour d'arrivée, bâtis spécialement pour les championnats pour 3 millions d'euros, principalement à la charge du conseil départemental.
Depuis, une nouvelle procédure a été lancée pour régulariser les installations. Et l'affaire doit être jugée en appel à Lyon dans les prochains mois.
Le collectif demande le démontage des installations après les épreuves, soulignant que le lac est un site classé, devenu en mars 2015 réserve naturelle régionale. "On ne veut pas qu'il soit galvaudé en termes de paysage", explique Martine Schwartz.
"Les Championnats du monde se déroulent sur des installations qui sont légales", rétorque Rémy Charmetant, président exécutif du comité d'organisation, qui assure que tout a été régularisé.
Pour lui, Savoie et Haute-Savoie vont gagner en notoriété grâce à ces championnats. En termes d'image, il s'agit en effet de promouvoir le tourisme estival sur une terre plutôt connue pour le ski. "Le sport de pleine nature fait partie de l'ADN savoyard", avance-t-il.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.