La Fédération australienne (ARU) compte fermement sur un succès des
Wallabies face aux All Blacks samedi en finale de la Coupe du monde,
pour accroître la popularité du rugby et, par ricochet, redresser ses finances exsangues.
Deux
titres de champion du monde (1991, 1999), une place de finaliste
(2003). Sur le plan sportif, les performances des Wallabies figurent
parmi les meilleures, à égalité avec les All Blacks et juste devant les
Springboks.
Mais derrière la vitrine, les rayons sont vides. La
Fédération (ARU) a enregistré un déficit de 6,3 millions de dollars
australiens (4,05 M EUR) l'année dernière. Et la crise semble profonde,
au point que lors de la tournée du XV de France en juin 2014 en
Australie, l'ARU avait averti la Fédération française qu'elle ne serait
pas en mesure d'organiser la traditionnelle réception d'après-match.
En
cause ? L'absence d'assise populaire du rugby. De nombreux matches du
Super Rugby, la compétition des provinces de l'hémisphère sud, se jouent
devant des banquettes vides. Et les stades qui accueillent les matches
des Wallabies sont rarement pleins, sauf pour l'affrontement annuel avec
les All Blacks.
Lors de la venue des Bleus il y a un an,
seulement 33.000 des 52.000 places du Suncorp Stadium de Brisbane
avaient trouvé preneurs et 27.000 des 53.000 places de l'Etihad Stadium
de Melbourne. Dans le même temps, les 83.5000 sièges du stade Olympique
de Sydney s'étaient arrachés à prix d'or pour le dernier match du "State
of Origin", la série de tests annuelle de rugby à XIII considérée comme
le Superbowl local.
Il faut dire que le rugby à XV est considéré
comme le quatrième sport du pays-continent en terme de popularité, loin
derrière son cousin du rugby à XIII, hégémonique autour de Sydney et
Brisbane, de l'Australian Rules (football australien) et du football.
Selon
le chercheur Gary Morgan, les Australiens ont une préférence marquée
par l'Australian Rules, une variante du football gaélique, qui absorbe
41% du marché.
"La Ligue de football australien est largement
devant les autres sports", a-t-il noté. La national Rugby League (XIII)
arrive juste derrière avec une audience de 6,73 millions (35,3%),
largement devant le football 4,01 millions (21%) et le rugby à XV 3,53
millions (18,5%)."
- Assurance sur les primes -
Aussi, pour élargir l'audience du rugby, le discours du
sélectionneur Michael Cheika comporte toujours une référence aux
supporteurs restés "down under" et qui suivent les exploits des
Wallabies devant leur écran, au petit matin.
La Fédération a
également lancé un "hashtag" (Sortez le jaune) spécial sur Twitter,
invitant les supporteurs à "accrocher les drapeaux, les écharpes ou
autres dehors".
Face aux difficultés financières, la fédération a
travaillé dans deux directions. D'abord en prélevant 200 dollars AUS
(128 EUR) auprès de tous les clubs du pays afin d'assurer la promotion
et la prospérité du rugby. Une mesure qui a provoqué des ressentiments
dans le monde ovale australien.
Surtout, l'ARU a souscrit une
assurance pour préserver ses comptes en cas de... succès des Wallabies, a
révélé le quotidien The Sydney Morning Herald dimanche.
Cette
police couvre l'ARU jusqu'à 3,1 millions de dollars australiens (2 M
EUR) de dépenses en primes de résultats, qui pourraient atteindre au
maximum 4,71 millions (3,03 M EUR) si les Wallabies battaient les All
Blacks samedi.
Il faut dire qu'après négociation avec le Syndicat
des joueurs (RUPA) en juillet, chacun des 31 membres du groupe devrait
percevoir 100.000 dollars aus (64.500 EUR) de prime en cas de victoire
finale (44.500 dollars aus en cas de défaite), auxquels s'ajouteront
10.000 dollars aus (6.450 EUR) pour chaque match effectivement joué
depuis le début du Mondial.
L'assurance souscrite permettra
d'adoucir la note finale. Et permettra aux dirigeants de la fédération
de suivre le match avec le coeur, sans penser à la raison financière.
(AFP)
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