jeudi 29 octobre 2015

Mondial-2015 - finances et popularité: la dure bataille du rugby australien

La Fédération australienne (ARU) compte fermement sur un succès des Wallabies face aux All Blacks samedi en finale de la Coupe du monde, pour accroître la popularité du rugby et, par ricochet, redresser ses finances exsangues.

Deux titres de champion du monde (1991, 1999), une place de finaliste (2003). Sur le plan sportif, les performances des Wallabies figurent parmi les meilleures, à égalité avec les All Blacks et juste devant les Springboks.
Mais derrière la vitrine, les rayons sont vides. La Fédération (ARU) a enregistré un déficit de 6,3 millions de dollars australiens (4,05 M EUR) l'année dernière. Et la crise semble profonde, au point que lors de la tournée du XV de France en juin 2014 en Australie, l'ARU avait averti la Fédération française qu'elle ne serait pas en mesure d'organiser la traditionnelle réception d'après-match.
En cause ? L'absence d'assise populaire du rugby. De nombreux matches du Super Rugby, la compétition des provinces de l'hémisphère sud, se jouent devant des banquettes vides. Et les stades qui accueillent les matches des Wallabies sont rarement pleins, sauf pour l'affrontement annuel avec les All Blacks.
Lors de la venue des Bleus il y a un an, seulement 33.000 des 52.000 places du Suncorp Stadium de Brisbane avaient trouvé preneurs et 27.000 des 53.000 places de l'Etihad Stadium de Melbourne. Dans le même temps, les 83.5000 sièges du stade Olympique de Sydney s'étaient arrachés à prix d'or pour le dernier match du "State of Origin", la série de tests annuelle de rugby à XIII considérée comme le Superbowl local.
Il faut dire que le rugby à XV est considéré comme le quatrième sport du pays-continent en terme de popularité, loin derrière son cousin du rugby à XIII, hégémonique autour de Sydney et Brisbane, de l'Australian Rules (football australien) et du football.
Selon le chercheur Gary Morgan, les Australiens ont une préférence marquée par l'Australian Rules, une variante du football gaélique, qui absorbe 41% du marché.
"La Ligue de football australien est largement devant les autres sports", a-t-il noté. La national Rugby League (XIII) arrive juste derrière avec une audience de 6,73 millions (35,3%), largement devant le football 4,01 millions (21%) et le rugby à XV 3,53 millions (18,5%)."

- Assurance sur les primes - Aussi, pour élargir l'audience du rugby, le discours du sélectionneur Michael Cheika comporte toujours une référence aux supporteurs restés "down under" et qui suivent les exploits des Wallabies devant leur écran, au petit matin.
La Fédération a également lancé un "hashtag" (Sortez le jaune) spécial sur Twitter, invitant les supporteurs à "accrocher les drapeaux, les écharpes ou autres dehors".
Face aux difficultés financières, la fédération a travaillé dans deux directions. D'abord en prélevant 200 dollars AUS (128 EUR) auprès de tous les clubs du pays afin d'assurer la promotion et la prospérité du rugby. Une mesure qui a provoqué des ressentiments dans le monde ovale australien.
Surtout, l'ARU a souscrit une assurance pour préserver ses comptes en cas de... succès des Wallabies, a révélé le quotidien The Sydney Morning Herald dimanche.
Cette police couvre l'ARU jusqu'à 3,1 millions de dollars australiens (2 M EUR) de dépenses en primes de résultats, qui pourraient atteindre au maximum 4,71 millions (3,03 M EUR) si les Wallabies battaient les All Blacks samedi.
Il faut dire qu'après négociation avec le Syndicat des joueurs (RUPA) en juillet, chacun des 31 membres du groupe devrait percevoir 100.000 dollars aus (64.500 EUR) de prime en cas de victoire finale (44.500 dollars aus en cas de défaite), auxquels s'ajouteront 10.000 dollars aus (6.450 EUR) pour chaque match effectivement joué depuis le début du Mondial.
L'assurance souscrite permettra d'adoucir la note finale. Et permettra aux dirigeants de la fédération de suivre le match avec le coeur, sans penser à la raison financière.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.