vendredi 8 janvier 2016

Pour Denis Masseglia, la réforme territoriale est une occasion perdue "de simplifier et humaniser le quotidien des associations"

"L’année 2016 sera aussi l’occasion pour nous de mettre en place une organisation adaptée à la réforme territoriale qui fait passer de 24 à 13 le nombre de nos régions. Les conséquences de cette réforme sur le mouvement sportif ne sont pas simplement organisationnelles ou administratives, elles touchent aussi et même souvent à l’emploi et au foncier.
"La résolution des différents cas prend du temps et nécessite une approche qui peut être spécifique à chaque fédération. C’est dans ce type de situation que le CNOSF peut et doit jouer son rôle de mutualisation et de conseil à ses membres. Le Vade-Mecum sur la réforme territoriale, établi par Jean-Michel Brun au bénéfice de tous, par l’intermédiaire d’une plateforme dédiée, a été l’objet de commentaires élogieux de votre part sur son utilité et son efficacité."
Par ailleurs engagé dans la conduite de la réforme des Statuts du CNOSF, adoptés très largement en cours d’année, et plus généralement dans sa mission de Secrétaire général, Jean-Michel n’a pourtant pas lésiné, ni sur son temps ni sur son engagement, pour répondre en personne aux sollicitations dont il a été l'obje t de votre part. Je crois que chacun s’est senti ainsi mieux armé pour s’adapter aux contraint es imposées. Je veux indiquer toutefois que même avec la meilleure volonté du monde, il n’est pas toujours évident de mettre en œuvre quand on ne connaît pas totalement comment par exemple chaque nouvelle région va elle-même s’organiser sur le plan sportif. Il faut juste comprendre qu’on ne peut pas tout régler simplement en quelques mois et que ceux qui ont choisi de prendre le temps, limité tout de même, pour la mise en place de la réforme, l’ont fait avec le souci de la stabilité et de la pérennisation. A titre personnel je ne peux pas cacher une certain e déception. Cette réforme territoriale aurait pu, aurait dû, être l’occasion d’une évolution de notre modèle sportif. Réforme aurait pu rimer avec décentralisation et par là même mise en place du principe de subsidiarité. Il n’en a rien été et c’est même à un renforcement du rôle de l’Etat à l’échelle des territoires que l’on a assisté. C’est dommage, grandement dommage car l’on a perdu ainsi une formidable opportunité de simplifier et humaniser le quotidien des associations.
Ce renforcement de l’administration doit nous interpeller car nous sommes d’ores et déjà confrontés à une forme d’ Uberisation des pratiques sportives à laquelle le mouvement sportif n’est pas forcément préparé. Et pourtant les signes avant-coureurs sont là, il n’y a pas de raison pour que nous soyons à l’abri de ce qui a bouleversé certaines professions bien établies, voire bien protégées. Tous les experts le disent, nous allons vers une économie où les Services vont représenter une part considérable de l’activité et ce sera pareil pour le sport. C’est une vraie préoccupation qu’il faut avoir et pour laquelle je crois important de définir un mode opératoire.
Au-delà de la nécessaire évolution de la gouvernance des clubs, des fédérations et plus généralement du sport, il nous faut très vite avec l’ensemble des parties prenantes réfléchir à une accélération de la diminution des contraintes, toujours promise mais jamais réalisée, sans quoi il y aura péril pour la vie associative, et pas simplement pour le mouvement sportif. Nous ne pouvons pas rester indifférents à ce phénomène et continuer comme s’il n’existait pas. Il faut à tout le moins revenir aux fondamentaux du club, à ce qui fait que des gens se rassemblent parce qu’ils ont un même idéal de vie. Par la pratique sportive au sein de l’association, qu’elle soit de loisir ou de compétition, on apprend le respect, de soi, des autres et de la règle, on se structure en fonction des autres et on vit le sport autrement que comme une simple consommation.
Laissons au club son identité, sa raison d’être, sa mission éducative et sociale sans vouloir obligatoirement qu’elle corresponde à des standards administratifs ou communicatifs qui ne font que rajouter des contraintes. Je dis à toutes les parties prenantes qu’il faut faire très attention et que la meilleure forme de reconnaissance du bénévolat serait celle de la cause 5 associative, fruit de l’envie des personnes d’être ensemble, autour d’un projet, celui de l’association.
La vie associative et par là même le bénévolat qui l’anime, sont en danger à force de devoir répondre à la commande publique alors que les seuls impacts d’éducation, de lien social, de santé et d’intégration de la pratique sportive au sein du club justifient plus que jamais le soutien public. Le club sportif est en danger, il f aut le laisser vivre et prospérer en diminuant les contraintes. Il en va aussi de l’emploi car celui-ci est forcément en lien avec l’activité du club.

Lire l'intégralité du discours de Denis Masseglia à l'occasion des voeux du président du CNOSF

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.