vendredi 12 février 2016

Le squash se cherche un avenir en France

Les championnats de France élite de squash se disputent à partir de vendredi 12 février et jusqu’à dimanche 14 février à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). En France, la discipline, éternelle oubliée de l’olympisme, tente de se développer et de changer son image.Entre les Jeux olympiques et le squash, c’est l’histoire d’une succession de rendez-vous manqués. Le dernier en date remonte au mois de septembre 2015. Le Comité d’organisation de Tokyo 2020 a proposé cinq nouveaux sports (le baseball/softball, le karaté, le skateboard, l’escalade et le surf) pour intégrer le programme olympique laissant encore le squash à quai.
« Je suis complètement dévasté d’apprendre que notre rêve de faire partie des Jeux de Tokyo ne pourra se réaliser », avait assuré Rami Ramachandran, président de la Fédération mondiale de squash. Toutefois, il tenait à garder espoir : « Nous allons rassembler nos forces et poursuivre notre objectif pour un jour participer aux Jeux olympiques. »

« Les Jeux olympiques nous offriraient une forme de reconnaissance »

Car, l’entrée dans la « famille olympique » est considérée par tous comme une opportunité unique de donner un coup d’accélérateur au développement de la discipline, en France notamment. « Les Jeux olympiques nous offriraient un éclairage médiatique incroyable et une forme de reconnaissance, assure Bertrand Gallet, directeur technique national (DTN) de la Fédération française de squash (FFSquash) qui compte 30 000 licenciés, un chiffre stable. Certains sports qui sont devenus olympiques ont connu de grands bouleversements. »
Ainsi le badminton qui a fait son entrée aux Jeux olympiques en 1992 comptait 24 000 licenciés durant la saison 1991-1992 contre 85 000 dix ans plus tard et plus de 180 000 aujourd’hui.

Le squash, l’un des sports individuels parmi les plus pratiqués au monde

Le squash rêve d’un destin similaire. Née en Angleterre au XIXe siècle, la discipline – l’un des sports individuels parmi les plus pratiqués au monde – possède encore une histoire jeune en France. La FFSquash n’a vu le jour qu’à la fin de l’année 1980, s’émancipant de la Fédération française de tennis.
Elle doit encore se battre contre certaines idées reçues qui lui collent à la raquette. D’abord, le squash est toujours perçu comme un sport élitiste, réservé à des cadres qui jouent lors de la pause déjeuner ou après leur journée de travail. De même, dans l’imaginaire de beaucoup, il serait dangereux pour le cœur car très exigeant sur le plan physique alors que rien ne permet de dire qu’il y a un risque cardiovasculaire particulier.
Mais le frein principal au développement du squash en France est d’abord constitué par un manque criant de terrain sur le territoire. « Il y a moins d’un court pour 50 000 habitants (1 200 référencés) contre un pour 10 000 dans des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, indique Philippe Bosson, conseiller technique national en charge du développement des équipements à la FFSquash. Le maillage territorial est encore loin d’être complet : certains départements ne comptent aucun cours de squash. »

En France, le squash s’est développé sur un modèle de structures à caractère commercial

Le manque de structures pénalise fortement l’activité notamment en milieu scolaire. Contrairement au badminton qui peut se pratiquer dans n’importe quel gymnase, des élèves, pour faire du squash, doivent sortir et se rendre sur le court qui n’est pas forcément tout près.
Afin de dynamiser la pratique du squash dans les écoles, la FFSquash a signé une convention en 2014 avec l’Union nationale du sport scolaire (UNSS), un enjeu décisif pour séduire les jeunes. « Il y a une méconnaissance de notre sport mais quand ils essayent, ils découvrent une discipline ludique et beaucoup ont envie de revenir », assure Bertrand Gallet.
Si la FFSquash compte 30 000 licenciés, la discipline, elle, est pratiquée par 250 000 personnes ; un vrai atout. Car, en France, le squash s’est développé sur un modèle de structures à caractère commercial. Beaucoup de courts appartiennent à des organismes privés (centres multisports le plus souvent). La Fédération doit les convaincre de s’affilier à elle pour participer au développement du squash en France en accueillant une association qui puisse utiliser les installations.

Le rêve des JO 2024

« On assiste toutefois à une montée en puissance des structures publiques, explique Philippe Bosson. Le premier club de France, celui de Chartres (1 200 licenciés), est une structure municipale avec un complexe de huit courts inauguré en 2010. »
La Fédération investit beaucoup dans un travail de communication auprès des collectivités locales dans l’objectif de les convaincre de construire des équipements. La FFSquash est ainsi présente au salon des maires et des collectivités locales depuis 2015.
Mais pour développer l’image de la discipline auprès des organismes publics, rien ne serait plus efficace qu’une entrée aux Jeux olympiques. En cas de victoire de la candidature de Paris pour l’organisation des JO 2024, le squash français rêve d’être enfin de la fête.

(Source)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.