lundi 7 mars 2016

Secrétariat d'Etat aux Sports : Thierry Braillard a désormais les mains libres


Un seul être vous manque et… l'horizon s'éclaircit ! C'est sans doute ce que pense Thierry Braillard depuis la parution au Journal officiel du 4 mars dernier d'un décret (n°2016-259 du 3 mars 2016) remettant à plat ses attributions au secrétariat d'Etat aux Sports. Décret qui, en substance, l'autonomise de son ministre de tutelle Patrick "Qui ?" Kanner sur tous les sujets essentiels.
Avant ce décret, le secrétaire d'Etat aux Sports dépendait dans toutes ses actions de sa tutelle. Il connaissait "de toutes les affaires que lui confie, en matière de sports, le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports", auprès duquel il était délégué. Et à ce titre, ne faisait que participer à la définition et à la mise en œuvre des politiques relatives à la promotion et à l'organisation des activités physiques et sportives. En outre, le secrétaire d'Etat chargé des sports accomplissait "toute autre mission que le ministre" lui confiait. Bref, il répondait à la définition d'un… secrétaire.
Tel Spartacus, Thierry Braillard a secoué ses chaînes et s'est libéré de cette tutelle ministérielle. Une tutelle d'autant plus pesante que, de sources concordantes, lui et Patrick Kanner ne s'entendaient guère.

Mainmise sur les grands événements sportifs

Désormais, et en vertu du décret du 3 mars 2016, Thierry Braillard traite des questions relatives aux sports, et "il est notamment chargé de la définition et de la mise en œuvre des politiques relatives à la préparation des candidatures et à l'organisation des grands événements sportifs". Alors que la France va jouer dans l'année à venir le futur de la candidature de Paris aux JO 2024, la tâche est hautement symbolique. D'autant plus que le texte précise que Thierry Braillard dispose également de "la délégation interministérielle aux grands événements sportifs".
En outre, le secrétaire d'Etat exerce dorénavant sa tutelle sur les principaux outils de la politique sportive de la France : le Centre national pour le développement du sport (CNDS), l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep) et, plus accessoirement, le Musée national du sport. Enfin, le décret ajoute que Thierry Braillard "dispose en tant que de besoin de l'inspection générale de la jeunesse et des sports".
L'effet de ce changement d'attribution ne s'est pas fait attendre : l'agenda de Patrick Kanner pour la semaine du 7 au 13 mars ne comprend aucun rendez-vous lié au sport en dehors d'une réunion sur la filière économie du sport avec Emmanuel Macron et… Thierry Braillard, tandis que, dans le même temps, ce dernier prévoit, entre autres, une table-ronde sur l’économie du sport au Salon Sport Achat, une réunion de bureau du GIP Paris 2024, le dévoilement, fort symbolique, de la plaque en mémoire des victimes de la catastrophe du stade de Furiani, ou encore une réunion du comité de pilotage de la grande conférence sur le sport professionnel.

La voie est libre pour un projet de loi important

C'est très probablement à propos de ce dernier sujet que Thierry Braillard doit le plus se féliciter de voir Patrick Kanner renvoyé dans ses vingt-deux. En effet, le projet de loi qui pourrait le cas échéant ressortir des travaux de cette conférence serait le seul touchant en profondeur aux institutions sportives françaises de tout le quinquennat de François Hollande. Si un éventuel texte issu de le conférence ne serait pas aussi complet que celui sur lequel Valérie Fourneyron avait planché deux années durant, une loi de régulation du sport professionnel est plus que jamais nécessaire, comme l'a notamment souligné le Sénat dans un important rapport publié en mai 2014.
En appelant les principaux acteurs du sport français à réfléchir sur les relations institutionnelles au sein du sport professionnel, la régulation juridique et éthique, la régulation financière, la compétitivité au plan européen, le développement du sport professionnel féminin et, surtout, l'exploitation des enceintes sportives (dont les collectivités territoriales sont propriétaires à 99%), Thierry braillard a vu juste. Et a voulu frapper vite. En octobre dernier, nous avions mis en avant une certaine précipitation dans la préparation de cette conférence qui, depuis, a pris son rythme de croisière et devrait rendre ses travaux en avril, soit quasiment dans le délai initialement annoncé. Pour le secrétaire d'Etat, cette impressions de précipitation, nous l'avons appris, tenait en une volonté : celle d'éviter de se faire court-circuiter par son ministre de tutelle. Thierry Braillard a désormais le champ libre pour agir. Il sera responsable en cas de succès comme en cas d'échec.


JDL

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.