Comment en est-on arrivé là ? Comment en est-on arrivé à
organiser de grands événements sportifs boursouflés qui laissent exsangues les
finances publiques des pays d'accueil tandis que les intérêts privés sont
largement préservés ? Pour chercher la réponse, un voyage s'impose. Un voyage
dans le temps qui va nous faire voir du pays. Un voyage de Montevideo à Décines,
en passant par Mexico et Bari… Bari, ça tombe bien, il sera question d'éléphants
!
A de rares exceptions près, les trois grandes compétitions
sportives internationales que sont les Jeux olympiques, la Coupe du monde de football
et l'Euro de football donnent lieu depuis plusieurs décennies à une surenchère
en matière d'infrastructures. Pour chacune de leur édition, la construction et
la rénovation profonde du parc d'équipements du pays d'accueil vont bon train.
Parfois au-delà du raisonnable. Mais ce ne fut pas toujours le cas.
Pour reprendre le seul exemple de la France, l'organisation
de la Coupe du monde 1938 fit prévaloir une logique aujourd'hui oubliée : c'est
parce qu'elle avait bénéficié d'une vague de constructions et de rénovations de
stades sans précédent, apportée par l'essor du football professionnel adopté en
France en 1932, que la France fut si bien armé pour accueillir l'événement. Le
stade Vélodrome de Marseille avait été inauguré un an plus tôt, le Parc des
princes de Paris avait achevé un lifting total en 1932, le stade de Bordeaux
fut également profondément remanié suite à une décision du maire de 1933. De
même, les stades du Havre et de Reims étaient sortis de terre aux débuts des
années 1930. Ici, ce ne fut pas la promesse de constructions qui entraîna la
décision de la Fifa de confier à la France l'organisation de la Coupe du monde,
mais au contraire l'existence préalable des équipements nécessaires. Bien
entendu, dans tous ces stades évoluaient déjà des équipes de haut niveau, ce
qui garantissait un usage optimisé des équipements après la compétition. Cela
paraît relever du simple bon sens. Mais nous découvrirons que le bon sens a
parfois des absences.
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