Tous ces petits détails vont très vite avoir leur importance
dans le choix des stades de l'Euro 2016. Une "sélection naturelle" va
en effet s'opérer entre les prétendants. Quelques soldats que l'on pensait
vaillants, l'arme au pied, prêts à partir en campagne, vont vite déserter…
Nantes et Rennes sont deux grandes villes de football. La
première a accueilli l'Euro 1984 et la Coupe du monde 1998 dans son stade de la
Beaujoire, une enceinte unanimement reconnue dans le monde du football pour sa
convivialité. Rennes a de son côté mené d'importants travaux de rénovation pour
agrandir son stade et en améliorer le confort. Quand il fut question de boucler
le dossier de candidature de la France à l'organisation de l'Euro 2016, ces deux
villes se seraient bien mises sur les rangs. Mais elles en furent vite
dissuadées…
Sans complexe, le président de l'UEFA Michel Platini lança
dans un entretien publié par Ouest France
le 27 novembre 2012 : "C'est dommage qu'aucun stade de l'Ouest de la France
n'accueille l'Euro 2016. Je sais que c'est une terre de football, mais moi, ce
n'est pas de ma faute. Il faut dire cela à vos hommes politiques." On ne
serait en vérité être plus hypocrite. Car si ce sont bien les responsables
politiques qui ont refusé de se lancer dans l'aventure, ils avaient de très bonnes
raisons pour cela.
En mars 2009, au moment où la France dépose officiellement
sa candidature à l'organisation de l'Euro 2016, les villes susceptibles
d'accueillir le tournoi dans l'Ouest sont Rennes et Nantes. Footpro les fait figurer en bonne place
dans son numéro 44 intitulé "France 2016, le football joue la
relance". A propos de Rennes, le magazine officiel de la LFP écrit :
"Le Stade de la Route de Lorient [devenu depuis Roazhon Park, NDA] a
fait l’objet d’une série de travaux d’agrandissement de 1999 à 2004. Ce
chantier de longue haleine a porté la capacité du stade à 31.000 places brut et
permis une amélioration sensible des espaces réceptifs. Tous les jours, un
restaurant accueille les visiteurs au pied du stade. Des loges sont ouvertes
toute l’année pour des séminaires." Bref, tous les voyants sont alors au
vert. Pourtant, les amateurs de football rennais regarderont l'Euro 2016 à la télévision…
Rennes fut très fortement tenté d'être candidate à l'accueil
de l'Euro 2016. La modernisation du stade des années durant a longtemps fait croire
à ses élus que le coup était jouable. Mais cette modernisation à peine achevée
constitua aussi une limite au projet rennais : était-il concevable après quinze
ans de travaux de remettre à la main à la poche ? Car selon le cahier des
charges de l'UEFA, le stade est encore trop petit, sa jauge en configuration
Euro étant abaissée à 29.000 places. En septembre 2009, un cabinet
d'architecture estima à 36 millions d'euros le coût d'un nouvel agrandissement
pour passer à 34.000 places. Pour trouver l'argent, la ville se tourna vers
l'Etat, mais un problème de ligne téléphonique empêcha tout dialogue : "Dans
un courrier adressé à madame Bachelot, ministre de la Santé et des Sports, nous
avons cherché à connaître la hauteur de l'engagement financier de l'Etat sur
notre projet, au regard de l'enveloppe globale de 150 millions d'euros,
expliqua le maire Daniel Delaveau. Pour seule réponse, fin octobre, on nous a
demandé de prendre contact avec un de ses conseillers techniques que nous
n'avons jamais réussi à joindre... Donc, au final, nous n'avons aucune garantie
de l'engagement de l'Etat." Et la ville de Rennes de retirer sa
candidature en novembre 2009, estimant, comme le président du Stade Rennais,
Frédéric de Saint-Sernin, que "dans le contexte actuel, cela aurait été un
luxe d'investir 36 millions d'euros pour agrandir le stade de 5.000
places"[1].
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