mercredi 15 juin 2016

JO-2016 - Rio: les transports sur une mauvaise pente

Le lifting de Rio de Janeiro à l'approche des JO-2016 (5-21 août) se craquèle déjà: les travaux dans les infrastructures de transports sont perclus d'imprévoyances, retards et défauts, le plus grave ayant entraîné la mort de deux personnes.
"Aujourd'hui, les appels d'offre sont faits sur des projets a minima, et non sur les projets tels qu'ils devraient être réalisés", explique à l'AFP Maria Cascao, professeur d'ingénierie civile à l'Université fédérale de Rio (UFRJ). "Cela contraint à des travaux supplémentaires, qui entraînent retards et surcoûts."
Et c'est dans ces pratiques que se fraient les soupçons de corruption, sachant que les principales compagnies oeuvrant sur ces travaux à Rio sont impliquées dans le gigantesque scandale Petrobras.
"Les travaux autour des Jeux sont de nature politique, et il y a beaucoup de pression pour être dans les temps", relève aussi Mme. Cascao. "Les retards entraînent les accélérations, et cela peut entraîner des défauts."
Le 21 avril, de violentes vagues arrachaient une partie de la piste cyclable longeant le littoral atlantique entre l'aire touristique d'Ipanema/Copacabana et Barra da Tijuca, quartier général des Jeux.
Deux personnes ont trouvé la mort sur ce tronçon, qui avait été inauguré en janvier dernier.
  
"Doutes" sur le nouveau métro
  
Le rapport d'expertise a pointé une certaine légèreté: il n'y avait pas eu d'études océanographiques préliminaires, personne n'imaginant que les vagues puissent atteindre la piste et la frapper de bas en haut, en butant contre la roche.
"Il y a une responsabilité politique de la mairie, je l'assume", a dit lundi l'édile carioca Eduardo Paes, qui refuse en revanche d'endosser les "responsabilités objectives".
Le spectre du manque de précaution, et in fine de sécurité, plane tout autant au-dessus du chantier de la nouvelle ligne de métro, reliant également Ipanema à Barra da Tijuca.
L'inauguration de la ligne 4, plusieurs fois repoussée, est désormais prévue pour le 1er août, alors que la cérémonie d'ouverture des JO se tient le 5. Le service sera partiel, réservé à la "famille olympique".
Tous les tests auront-ils été réalisés ? Selon le calendrier initial, ils devaient se dérouler entre octobre 2014 et septembre 2015, pour une ouverture au public à plein régime en février 2016.
Or l'accélération des travaux, due à des retards, "suscite des doutes quant au temps suffisant réservé à tous les ajustements et tests nécessaires à la réalisation de ce projet avec (les mesures de) sécurité" suffisantes, s'est alarmé la semaine dernière la Cour des comptes de l'Etat régional de Rio.
  
Trous
  
Le maître d'ouvrage, l'Etat régional de Rio, a répété que tous les protocoles de sécurité étaient respectés, y compris la période de six mois d'essais. "Les tests des systèmes ont commencé en janvier de cette année et le test du matériel roulant en juin 2015, dans le respect des dispositions du contrat", a réagi son secrétariat aux Transports.
Ce protagoniste jouerait-il sur les mots ? Toujours est-il que le démarrage en temps, en heure et sans aucun accroc du nouveau métro suscite un grand scepticisme, car il relève d'un "très grand optimisme", selon Sergio Magalhaes, professeur d'urbanisme à l'UFRJ, qui estime que "faire circuler les trains en un temps si court présente des risques".
Au chapitre des retards, la mairie a annoncé à la mi-mai que le bus express en voie propre (BRT) de la route nommée "Transolympique" ne compterait durant les JO que trois stations... sur 21 prévues.
Elle ne reliera pas les sites olympiques de Barra et de Deodoro, qui devait en être le terminus. En mai 2011, la mairie tablait pourtant sur un achèvement "en 2015" de ce chantier commencé en juin 2012.
Il y a des trous dans le calendrier, mais aussi par terre: le bitume de la route surélevée doublonnant une partie de la liaison Ipanema-Barra en présentait déjà début juin, quelques jours seulement après son ouverture au public...
Ils ont été comblés. Puis se sont de nouveau reformés, dès le lendemain. Une solution provisoire a finalement été décidée avec la pose de plaques métalliques.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.