La France l'assure: toutes les précautions ont été prises pour assurer la sécurité de l'Euro-2016, qui démarre vendredi. Mais,
au-delà des risques liés aux hooligans, la menace terroriste plane sur
le championnat de foot, ses stades et ses fan zones.
Sept mois après les attentats de Paris et de Saint-Denis, la menace
jihadiste reste toujours "élevée", répète le gouvernement. Et l'Euro
constitue "une cible potentiellement attractive, tant pour les
organisations terroristes que pour des personnes radicalisées". Mais pas
question "de se laisser impressionner", a affirmé dimanche le président
François Hollande, qui a assuré avoir mobilisé les forces de l'ordre
pour "que la sécurité soit garantie".
Pour les responsables de la
lutte antiterroriste, en revanche, "tous les voyants sont au rouge". "La
France est clairement le pays le plus menacé", selon le patron du
renseignement intérieur Patrick Calvar.
"On sait qu'il y a des
commandos en Europe dont personne ne connaît ni la composition ni la
localisation. Les cellules qui sont tombées à Bruxelles ne visaient pas
l'aéroport et le métro de Bruxelles mais Paris", explique un haut
responsable, sous couvert d'anonymat. "Autre raison d'être pessimiste,
le groupe Etat islamique (EI) perd pied, donc il fera des actions,
là-bas ou en France".
Alors que l'Euro coïncide en grande partie
avec le ramadan, l'EI a en outre menacé les États-Unis et l'Europe
d'attaques au cours du mois du jeûne musulman.
Mais la menace ne
se cantonne pas aux jihadistes: les services ukrainiens ont affirmé
lundi avoir arrêté le 21 mai un Français en possession d'un arsenal qui
préparait 15 attentats en France pendant la compétition, avec des
motivations anti-islam et anti-immigration. Une affaire sur laquelle les
autorités françaises se sont montrées jusqu'ici très réservées.
Plus de 90.000 personnes sur le pont
Plus de 77.000 policiers et gendarmes, une partie des 10.000 soldats
de l'opération Sentinelle - versant militaire de Vigipirate - et 1.000
secouristes bénévoles sont mobilisés. Si à l'intérieur des stades et
dans les hôtels, la sécurité incombe à l'organisateur (Euro 2016 SAS),
celle des fan zones est confiée aux collectivités locales. Avec des
policiers et des gendarmes en nombre en "protection périphérique" et
pouvant intervenir à l'intérieur. Les unités d'élite de la police et de
la gendarmerie, Raid et GIGN, seront engagées aux abords des événements.
Côté sécurité privée, le responsable de la sécurité de l'Euro Ziad
Khoury, a estimé que "le vivier humain mobilisé sur la compétition va se
situer entre 10 et 15.000 agents" au total.
Des simulations
d'attentats ont été menées dans des stades et des fan zones et de
multiples scenarii ont été envisagés, y compris un attentat par drone.
"Un dispositif anti-drone assez conséquent et innovant" sera mis en place, selon Ziad Khoury.
Des fans-zones sous haute surveillance
Critiquées par la droite parce qu'elles constitueraient une cible de
choix, les fan zones sont destinées à accueillir sept millions de
visiteurs qui pourront y suivre les matches en direct et faire la fête
dans les dix villes hôtes (Bordeaux, Lille, Lens, Lyon, Marseille, Nice,
Paris, Saint-Denis, Saint-Etienne et Toulouse). Censées canaliser les
supporters, elles seront surveillées et leur accès filtrés. La plus
grande fan zone, d'une capacité de
92.000 supporteurs, est installée à Paris, sur le Champ-de-Mars.
Si les retransmissions de matches dans des espaces publics non
sécurisés sont proscrites, les bars et les terrasses, des "cibles
molles" visées le 13 novembre, devraient attirer en nombre les amateurs
de ballon rond.
"Le nombre de cibles est infini. N'importe quel
bar dans lequel des gars regardent le match. Donc il faudrait tout
protéger tout le temps et c'est bien entendu impossible", estime un haut
responsable policier.
Mercredi, le gouvernement a lancé une application pour smartphone visant à alerter la population en cas d'attentat.
Matches à risque et hooligans
Au-delà de la menace d'attentat, les autorités devront gérer comme à
chaque compétition le risque de débordements provoqués par des
supporters violents.
Plusieurs pays en lice sont souvent accompagnés de hooligans (Russie, Croatie, Angleterre, Allemagne...).
De sources policières, cinq matches du premier tour feront l'objet
d'une vigilance renforcée: Angleterre - Russie (le 11 juin à Marseille),
Turquie - Croatie (le 12 à Paris), Allemagne - Pologne (le 16 au Stade
de France), Angleterre - Pays de Galles (le 16 à Lens) et Ukraine -
Pologne (le 21 juin à Marseille).
Quelque 180 policiers de 23 pays
participant à la compétition sont déployés en renfort pour aider à
traquer les hooligans. Le gouvernement a pris des mesures
administratives pour empêcher l'entrée en France de supporters violents
interdits de stade dans leur propre pays.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire