Le président du Comité international olympique Thomas Bach insiste
lundi, dans un entretien avec l'AFP, sur le fait que "le CIO n'est pas
un gouvernement mondial" doté du pouvoir de régler toutes les
controverses qui ont pavé la route des Jeux de Sotchi. Mais si
l'instance suprême du sport ne peut imposer ses règles à un Etat
souverain, le grand rendez-vous olympique permet de montrer l'exemple
d'une société pacifique et ouverte à tous, selon lui.
Pour ces Jeux, les autorités russes se sont retrouvées sous
les projecteurs avec des accusations de corruption, de désastre
écologique, de discrimination à l'encontre des homosexuels, de mauvaises
conditions des travailleurs immigrés. Sept ans après l'attribution des
Jeux, pensez-vous que la Russie les mérite toujours ?
Oui,
parce que ce genre de discussions montre la pertinence des jeux
Olympiques et à quel point le monde est intéressé par les Jeux, qui
attirent l'attention sur des pays. Et nous apprécions ce genre de
discussions parce que cela nous donne aussi l'occasion de clarifier ce
que le CIO fait, quelles sont les possibilités et où sont nos limites.
Dans cette optique, notre responsabilité est de s'assurer que soit
appliquée la charte olympique durant les jeux Olympiques pour tous les
participants. Et à cet égard, nous avons toutes les assurances du
président de la fédération de Russie et de son gouvernement".
Vous insistez sur les principes de la charte olympique. Mais que
répondez-vous aux organisations de défense des droits de l'homme qui
proclament que la Russie l'a déjà enfreinte ?
Qu'avant tout
qu'il est question de jeux Olympiques. Le CIO n'est pas un gouvernement
mondial qui peut imposer des mesures à un Etat souverain et qui peut
outrepasser des lois votées par un Parlement souverain. Notre
responsabilité, que nous prenons très au sérieux, est de s'assurer de
l'application totale de la charte olympique durant les Jeux. Si quelque
chose survient sur ce plan, nous cherchons à avoir un éclaircissement
des organisateurs ou de trouver une solution".
N'êtes-vous pas
fatigué d'être interrogé comme si vous étiez le porte-parole des
autorités russes, de devoir défendre leur bilan ?
Non, parce
que cela nous offre l'occasion d'expliquer quelle est notre propre
responsabilité. Et parfois, il y a des malentendus. Les gens pensent que
nous pouvons résoudre tous les problèmes qui n'ont pas été résolus, ni
par les hommes politiques ni par des ONG, et qui ne pourront pas l'être
par d'autres. Notre mandat est de faire respecter l'application de la
charte olympique et par là-même envoyer le message: comment les gens
peuvent vivre pacifiquement ensemble sans aucune forme de discrimation.
Cela, c'est notre mission, et je ne serai jamais fatigué de l'expliquer
mais j'espère juste qu'un jour certains la comprendront un peu mieux".
Dans un documentaire diffusé dimanche sur la télévision d'Etat russe,
Vladimir Poutine raconte que plusieurs membres du CIO lui disaient en
2007: "Nous soutenons la Russie d'aujourd'hui et nous voulons la
soutenir. Nous avons besoin d'un tel pays". Accorder ces Jeux était-il
vraiment un moyen de soutenir ce "nouveau" pays ?
Je ne peux
pas connaître les motivations de chacun des membres du CIO. Mais nous
avons ces Jeux d'hiver ici à Sotchi et nous pouvons voir que la Russie
et les Russes ont livré ce qu'ils avaient promis: avoir un nouveau
centre de sports pour la Russie. L'idée de Jeux à Sotchi n'est pas si
nouvelle. Je dirigeais la commission d'évaluation du CIO quand Sotchi
était candidate pour les JO de 2002. A cette époque, nous n'avions pas
vu alors les conditions pour faire ce qui a été réalisé maintenant,
environ vingt plus tard".
Plusieurs célèbres opposants au
gouvernement russe, comme les Pussy Riots ou Mikhail Khodorkovsky, ont
été libérés ces dernières semaines. Pensez-vous que la Russie sortira
différente de ses Jeux?
Encore une fois, notre mission est
d'envoyer le message d'une société libre? sans aucune forme de
discrimination, au monde. Et j'espère que le monde le comprendra et que
les gens réfléchiront à ce que cet exemple signifierait pour leur
société. C'est tout le message que nous portons.
(AFP)
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