mercredi 18 juin 2014

Près de la moitié de l'espace réservé aux équipements en Ile-de-France est occupée par des installations sportives

Les équipements dédiés au sport arrivent largement en tête de la surface au sol occupée par les équipements et services en Ile-de-France. Plus généralement, le taux de la surface urbanisée occupée par les équipements et services dans cette région en 2012 n'a que faiblement augmenté en poids relatif par rapport à 1982. Ce sont deux des principaux enseignements d'une étude originale signée Claire Peuvergne et Marion Tillet et publiée dans la livraison de juin 2014 des Cahiers de l'IAU IdF (Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile-de-France).
Les auteurs ont ainsi étudié le MOS (mode d'occupation du sol) à travers le suivi des surfaces consacrées aux équipements et aux services franciliens de 1982 à nos jours. Six familles d'équipements ont été retenues : les équipements sportifs ; les équipements d'enseignement ; les équipements de santé ; les équipements commerciaux ; les équipements culturels et de loisirs ; et les autres équipements de services (sièges d'administrations, missions de sécurité civile, mairies, marchés permanents et lieux de culte…). Par ailleurs, qui dit "occupation du sol" ignore de fait les surfaces en étage. D'un point de vue méthodologique, l'étude précise donc que ses résultats ne reflètent pas l'exactitude de la superficie occupée par les équipements visés. En effet, un commerce peut se trouver au rez-de-chaussée d'un immeuble d'habitation, tandis qu'une piscine peut être rehaussée d'un gymnase, comme c'est souvent le cas à Paris.

La plus forte poussée pour le commerce

Au total, le MOS estime la surface occupée par les équipements et services en Ile-de-France à 28.400 ha de l'espace urbanisé en 2012, contre 20.400 ha en 1982, soit une hausse de 39%. Mais en valeur relative, la place des surfaces réservées aux équipements est bien plus stable : 10,5% de l'espace urbanisé en 2012, contre 9% en 1982.
Sans surprise, étant donné la particularité de certain d'entre eux (terrains de football et rugby, golfs et hippodromes), ce sont les équipements sportifs qui occupent le plus de surface de l'espace urbanisé en Ile-de-France parmi les équipements, avec 12.730 ha, soit 46% du total. On trouve ensuite les équipements d'enseignement (22%) et les autres équipements (19%). Les équipements de commerce (6%), de santé (5%) et de culture-loisirs (2%) fermant le classement. L'importance de la surface urbanisée couverte par les équipements sportifs et toutefois à relativiser. Si elle a crû de 70% en trente ans, elle ne constitue pas la poussée la plus forte. Les équipements de commerce ayant, dans le même temps, augmenté leur surface au sol de 113%.
En termes de localisation des surfaces consacrées aux équipements, l'étude de l'IAU est encore riche d'enseignements. En 1982, les zones du coeur de l'agglomération parisienne bénéficiaient d'une surface au sol en équipements de plus de 200 ha en moyenne tandis que l'implantation avoisinait les 49 ha de moyenne dans les zones périphériques de la région. Par ailleurs, il existait peu de territoires intermédiaires (surface dédiée aux équipements se situant entre 50 et 200 ha en moyenne). On notait alors une coupure nette entre une agglomération parisienne densément équipée et le reste d'une région nettement moins urbanisée et donc nettement moins équipée. Trente ans plus tard, si une même représentation en "tâche d'huile" apparaît, les zones de moins de 10 ha d'équipements en moyenne ont pratiquement disparu à l'ouest de la région, et se sont réduites à l'est, même si cette partie de la région présente encore de nombreuses zones d'une densité inférieure à 50, voire à 10 ha d'équipements. L'IAU note ainsi "un fort déséquilibre entre l'ouest et l'est de l'Ile-de- France".

Une évolution différente selon les départements

Globalement, en Ile-de-France, l'augmentation des surfaces au sol dédiées aux équipements est allée de pair, entre 1982 et 2012, avec celle des surfaces consacrées à l'habitat : +23% pour les équipements ; +24% pour l'habitat. Toutefois, on note, département par département, de fortes disparités. Densité oblige, les taux d'évolution sont jusqu'à dix fois moins élevés à Paris et en petite couronne par rapport à la grande couronne. Ainsi, les surfaces consacrées aux équipements n'ont augmenté que de 3% dans les Hauts-de-Seine et de 4% à Paris, tandis qu'elles connaissaient un accroissement de 41% en Seine-et-Marne et de 38% en Val-d'Oise. Par ailleurs, l'équilibre de l'évolution entre habitat et équipements est lui aussi inégal. En Seine-Saint-Denis, pendant que la surface consacrée à l'habitat n'augmentait de 4%, celle dédiée aux équipements était en hausse de 17%. A l'inverse, le Val-de-Marne a vu, entre 1982 et 2012, sa surface au sol en habitat croître de 11%, alors que dans le même temps les équipements ne grignotaient que 5% de surface au sol supplémentaire.
Pour les auteurs, toutes ces évolutions sont une conséquence de la décentralisation qui, à partir les lois de 1982-83, "va permettre le développement d'une multitude de projets". Les départements s'engagent alors dans les collèges, la région dans les lycées et les communes puis les intercommunalités dans les équipements de quartier (bibliothèques, écoles de musique…) mais également à une échelle plus importante (musées, palais des congrès...). Dans un second temps, "des partenariats avec les départements et la région vont permettre d'envisager des équipements de rayonnement plus large comme des gymnases, des salles polyvalentes, des centres culturels…". "La tendance se poursuit aujourd'hui, avec un souhait des politiques publiques 'd'encourager une proximité et un équilibre entre logements, activités et équipements' avec 'un objectif de rééquilibrage territorial à l'échelle de l'intercommunalité'", conclut l'étude.

(Localtis)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.