Le gouvernement de la ville-Etat de Brême (nord de l'Allemagne) a
annoncé mardi qu'il allait modifier sa législation pour que les
dispositifs policiers autour de certains matches de Bundesliga soient
désormais financés en partie par la Ligue de football.
L'annonce d'un vote en ce sens après l'été au parlement du plus petit des 16
Etats régionaux allemands (655.000 habitants) a immédiatement suscité
une levée de bouclier de la Ligue allemande de football (DFL) qui a
menacé d'aller devant les tribunaux.
L'initiative de Brême
pourrait donner des idées à d'autres Länder et entraîner un manque à
gagner important pour l'organisation qui chapeaute les 36 clubs professionnels allemands.
"Notre objectif premier est clairement d'empêcher la violence lors des
grands événements de football. (Mais) compte tenu de notre situation
financière, il faut que les organisateurs, qui perçoivent un avantage
économique grâce une prestation de l'Etat, s'acquittent d'une taxe
appropriée", a déclaré mardi le ministre de l'Intérieur régional de
Brême, Ulrich Mäurer, lors d'une conférence de presse.
Le projet
de Brême est de faire payer la Ligue lors des matches à risque de la
Bundesliga. Pour le club concerné, le Werder Brême (1ère division), il
s'agirait essentiellement des derbys du nord contre Hanovre et Hambourg,
matches pour lesquels les débordements de supporters nécessitent des
dispositifs policiers importants. M. Mäurer a évalué à environ 300.000
euros le coût de la sécurité de ces rencontres.
Concrètement, le
nouveau règlement ne viserait pas uniquement le football, mais d'une
façon générale les organisateurs d'événements lucratifs rassemblant plus
de 3.000 personnes, autour desquels des violences seraient à craindre.
"La garantie de la sécurité publique est du seul ressort de l'Etat,
indépendamment de sa situation financière, d'autant plus que les clubs
de football ne sont en aucun cas à l'origine de violences", a protesté
le président de la Ligue de football, Reinhard Rauball, dans un
communiqué. Il a ajouté que la ligue allait "exploiter toutes les voies
juridiques" pour empêcher ce projet.
Il a aussi menacé Brême de
lui retirer l'accueil du match de l'équipe d'Allemagne contre Gibraltar
pour la qualification à l'Euro-2016 prévu au Weserstadion le 14
novembre.
La Fédération allemande de football (DFB) a également
critiqué l'initiative. "Le football injecte année après année des
millions dans les caisses publiques et devrait être encore mis à
contribution pour des prestations qui sont de la responsabilité des
pouvoirs publics. Ce serait dans les faits une double ou une triple
imposition", a affirmé le président de la DFB, Wolfgang Niersbach.
Le ministre fédéral de l'Intérieur et des Sports, Thomas de Maizière
avait aussi exprimé récemment son opposition. "Les problèmes en marge
des matches de football ne doivent pas être mis sur le compte des
organisateurs, mais sur celui des fauteurs de trouble. Faire payer les
organisateurs n'est pas pertinent et détourne du vrai problème",
avait-il estimé.
(AFP)
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