samedi 22 novembre 2014

Serge Kasparian, un homme d'affaires qui s'est brûlé les ailes dans le foot et le poker

Soupçonné d'avoir cherché à truquer des matches de football, Serge Kasparian a commencé dans les affaires à la tête de brasseries avant de se brûler les ailes en investissant dans un cercle de poker, puis dans le foot.

Cheveux noirs plaqués, ventre rond, Serge Kasparian dort en prison, à Fleury-Mérogis, depuis qu'il a été placé en détention provisoire en octobre dans l'enquête sur des soupçons de détournements de fonds transitant par le cercle de jeux Cadet qu'il dirige.
Cette semaine, ce sont ses investissements dans le Nîmes Olympique, club de football de Ligue 2, qui lui ont valu d'être mis en examen pour corruption, comme cinq autre personnes, dont le président du club gardois Jean-Marc Conrad. Le quinquagénaire est soupçonné d'avoir cherché à truquer des matches afin d'éviter la relégation.
Aucun avocat ne s'est adressé à la presse en son nom après sa mise en examen.
Ce père de famille cultive la discrétion. Les photos de lui sont rarissimes et dans la communauté arménienne, à Paris, Marseille ou La Ciotat, où il a vécu, on jure connaître son "nom mais pas le personnage".
"Il a été très investi dans la cause arménienne à une époque avant de couper les ponts. Le milieu des jeux est obscur et Serge l'est devenu aussi", a dit à l'AFP un ancien proche sous couvert de l'anonymat. "C'est un homme très intelligent mais personne ne le connaît vraiment".

- "Kasparian et Cie" - L'homme a monté sa société "Kasparian et Cie" à la fin des années 1970 et investi dans deux brasseries à Paris et une autre à Aix-en-Provence, selon des sources policières.
En 2009 il met 230.000 euros sur la table pour reprendre le cercle Cadet, dans le centre de Paris, selon Le Monde. Il confie alors le restaurant attenant à l'un de ses deux fils.
Puis cette année, en avril, il investit dans le Nîmes Olympique. Un autre actionnaire met de l'argent avec lui: Rani Assaf, directeur technique de Free et éminence grise de son patron Xavier Niel. Le logo du Cercle Cadet fait alors son apparition sur le maillot rouge du club.
En septembre, il rencontre Sébastien Gros, chef de cabinet de Manuel Valls et élu nîmois, dans un restaurant parisien. Kasparian plaide la cause du Syndicat des cercles de jeu. Mais l'homme d'affaires sent le soufre: "ça a duré cinq minutes, je ne le connais pas", écarte d'un revers de la main le conseiller interrogé par l'AFP.
Le 9 octobre, selon Le Canard enchaîné, "le beau Serge" est vu place Beauvau où il est venu chercher l'autorisation de prolonger l'activité de son cercle de jeux. Mais quatre jours plus tard, il est embarqué par les policiers avant d'être écroué.
Les enquêteurs le soupçonnent de s'être servi du cercle de jeux notamment pour blanchir de l'argent. Il aurait aussi investi dans l'immobilier au Maroc, selon une source policière.
Au cours de cette enquête, les agents du Service central des courses et jeux (SCCJ) cherchent à vérifier si des matches auraient été truqués pour assurer le maintien de Nîmes. Des écoutes téléphoniques vont dans ce sens.
Elles concernent notamment un match entre Nîmes et Dijon. Quatre jours avant la rencontre, Kasparian lance: "C'est sûr, ils lâchent le match. Enfin, ils le lâchent gentiment, je veux dire."
Mais les Bourguignons l'emportent 5 à 1. Remarque cinglante de Kasparian, selon les écoutes publiées par Le Canard enchaîné : "Franchement, on avait tout préparé pour qu'ils jouent tranquille. Mais bon, à un moment donné, ils étaient tout seuls face au gardien. Il fallait bien qu'ils marquent!"
Un supporter raconte au magazine So foot la rencontre embarrassante entre les supporters et le dirigeant à l'issue de cette débâcle : "Lorsqu'on lui fait part de notre extrême inquiétude en vue d'une possible relégation, il a eu cette phrase assez énigmatique: +Ne vous inquiétez pas pour le maintien, ça c'est réglé...+"

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.