Soupçonné d'avoir cherché à truquer des matches de football, Serge
Kasparian a commencé dans les affaires à la tête de brasseries avant de
se brûler les ailes en investissant dans un cercle de poker, puis dans
le foot.
Cheveux noirs plaqués, ventre rond, Serge Kasparian dort
en prison, à Fleury-Mérogis, depuis qu'il a été placé en détention
provisoire en octobre dans l'enquête sur des soupçons de détournements
de fonds transitant par le cercle de jeux Cadet qu'il dirige.
Cette
semaine, ce sont ses investissements dans le Nîmes Olympique, club de
football de Ligue 2, qui lui ont valu d'être mis en examen pour
corruption, comme cinq autre personnes, dont le président du club
gardois Jean-Marc Conrad. Le quinquagénaire est soupçonné d'avoir
cherché à truquer des matches afin d'éviter la relégation.
Aucun avocat ne s'est adressé à la presse en son nom après sa mise en examen.
Ce
père de famille cultive la discrétion. Les photos de lui sont
rarissimes et dans la communauté arménienne, à Paris, Marseille ou La
Ciotat, où il a vécu, on jure connaître son "nom mais pas le
personnage".
"Il a été très investi dans la cause arménienne à une
époque avant de couper les ponts. Le milieu des jeux est obscur et
Serge l'est devenu aussi", a dit à l'AFP un ancien proche sous couvert
de l'anonymat. "C'est un homme très intelligent mais personne ne le
connaît vraiment".
- "Kasparian et Cie" -
L'homme a monté sa société "Kasparian et Cie" à la fin des années
1970 et investi dans deux brasseries à Paris et une autre à
Aix-en-Provence, selon des sources policières.
En 2009 il met
230.000 euros sur la table pour reprendre le cercle Cadet, dans le
centre de Paris, selon Le Monde. Il confie alors le restaurant attenant à
l'un de ses deux fils.
Puis cette année, en avril, il investit
dans le Nîmes Olympique. Un autre actionnaire met de l'argent avec lui:
Rani Assaf, directeur technique de Free et éminence grise de son patron
Xavier Niel. Le logo du Cercle Cadet fait alors son apparition sur le
maillot rouge du club.
En septembre, il rencontre Sébastien Gros, chef de cabinet de Manuel Valls et élu nîmois, dans un restaurant parisien. Kasparian plaide la cause du
Syndicat des cercles de jeu. Mais l'homme d'affaires sent le soufre: "ça
a duré cinq minutes, je ne le connais pas", écarte d'un revers de la
main le conseiller interrogé par l'AFP.
Le 9 octobre, selon Le
Canard enchaîné, "le beau Serge" est vu place Beauvau où il est venu
chercher l'autorisation de prolonger l'activité de son cercle de jeux.
Mais quatre jours plus tard, il est embarqué par les policiers avant
d'être écroué.
Les enquêteurs le soupçonnent de s'être servi du
cercle de jeux notamment pour blanchir de l'argent. Il aurait aussi
investi dans l'immobilier au Maroc, selon une source policière.
Au
cours de cette enquête, les agents du Service central des courses et
jeux (SCCJ) cherchent à vérifier si des matches auraient été truqués
pour assurer le maintien de Nîmes. Des écoutes téléphoniques vont dans
ce sens.
Elles concernent notamment un match entre Nîmes et Dijon.
Quatre jours avant la rencontre, Kasparian lance: "C'est sûr, ils
lâchent le match. Enfin, ils le lâchent gentiment, je veux dire."
Mais
les Bourguignons l'emportent 5 à 1. Remarque cinglante de Kasparian,
selon les écoutes publiées par Le Canard enchaîné : "Franchement, on
avait tout préparé pour qu'ils jouent tranquille. Mais bon, à un moment
donné, ils étaient tout seuls face au gardien. Il fallait bien qu'ils
marquent!"
Un supporter raconte au magazine So foot la rencontre
embarrassante entre les supporters et le dirigeant à l'issue de cette
débâcle : "Lorsqu'on lui fait part de notre extrême inquiétude en vue
d'une possible relégation, il a eu cette phrase assez énigmatique: +Ne
vous inquiétez pas pour le maintien, ça c'est réglé...+"
(AFP)
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