Le spectaculaire coup de filet lancé contre les dirigeants et
intermédiaires de l'Olympique de Marseille (OM), soupçonnés de
transferts présumés frauduleux de joueurs, s'est soldé par la remise en
liberté de la quinzaine de gardés à vue.
Pour l'heure, aucune
poursuite n'a été engagée contre ces personnes, parmi lesquelles les
présidents successifs du club, Pape Diouf, Jean-Claude Dassier et
Vincent Labrune, entendus à Marseille et Nanterre (région parisienne),
a-t-on indiqué de source judiciaire, précisant que le club marseillais
semblait "plutôt victime" de cette affaire.
Des salariés de l'OM
ont également été entendus au siège du club, et des perquisitions ont eu
lieu, mais toutes ces investigations avaient pris fin jeudi en fin de
journée, a-t-on appris de source proche du dossier.
"Je n'ai
absolument rien à me reprocher. On n'a rien à me reprocher. Ceux qui
m'interrogeaient étaient plus gênés que moi", a de son côté affirmé M.
Diouf, lors d'une conférence de presse après sa sortie de garde à vue.
Selon
la source judiciaire, jeudi, la quinzaine de personnes - dirigeants,
personnels et intermédiaires de l'OM - placées en garde à vue mardi
avaient toutes été remises en liberté. Mais "l'enquête financière se
poursuit", a-t-on ajouté et elle s'oriente notamment "sur de possibles
faits d'extorsions" et aussi sur "des individus proche du Milieu"
régional.
Les policiers ont effectué "un gros travail sur les
comptes et des flux financiers suspects depuis 2012" faisant apparaître
"des choses troubles", a-t-on encore indiqué.
L'enquête montre une
certaine "porosité entre des agents de joueurs respectables et des
agents qui le sont moins". Cette profession et ces multiples
intermédiaires pourraient être prochainement la cible des investigations
du juge Christophe Perruaux, a-t-on poursuivi: "Le juge s'intéresse à
des transferts sur lesquels il y a des doutes sur la réalité du prix
payé ou des facturations."
- L'ombre du Milieu -
Les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire
(DCPJ), saisie sur commission rogatoire du juge d'instruction
marseillais, soupçonnent qu'il y aurait eu, à l'occasion de transferts
d'importance, des commissions et rétro-commissions "dans lesquelles des
membres du Milieu apparaissent".
Une information judiciaire avait
été ouverte pour "extorsion de fonds, blanchiment et association de
malfaiteurs" en octobre 2011 après un signalement du parquet. Un
réquisitoire supplétif, pour abus de biens sociaux, a récemment été
ouvert.
Le transfert de l'attaquant international André-Pierre
Gignac, de Toulouse à Marseille, en 2010, est notamment dans le
collimateur des enquêteurs de même que les conditions de transfert de
Souleymane Diawara de Bordeaux au club marseillais en 2009, ou encore
Mamadou Niang et Lucho Gonzalez.
Des perquisitions ont déjà eu
lieu au siège de l'OM voici quelques mois au cours desquelles des
documents ont été saisis. Mardi, les locaux marseillais de l'agent
Jean-Luc Barresi ont été à leur tour perquisitionnés.
Lors de
perquisitions au siège du club, en janvier 2013, une source proche de
l'enquête avait avancé que le dossier serait lié à celui sur le racket
de boîtes de nuit d'Aix-en-Provence, pour lequel le caïd corse Jacques
Mariani avait été condamné en février 2012 à sept ans de prison.
- Le métier d'agent en question -
Le nom d'un agent de joueur, Christophe d'Amico, par ailleurs
professionnel du monde de la nuit aixoise, avait également été cité.
D'Amico a été condamné en novembre 2013 à 4 ans de prison dont deux avec
sursis dans un procès sur le racket des boîtes de nuit aixoises par le
Milieu.
"Les auditions de ce jour s'inscrivent dans un travail
d'investigation entamé il y a près de deux ans portant notamment sur les
conditions autour d'anciens transferts de joueurs", avait commenté
mardi l'OM dans un précédent communiqué, assurant que ses dirigeants
"n'ont cessé de collaborer avec la justice" depuis lors.
Dans des
propos apparaissant prémonitoires, Vincent Labrune avait détaillé à
l'Equipe, dans une interview recueillie le 12 novembre, mais publiée
jeudi, le fonctionnement des transferts de joueurs.
"Quasiment
systématiquement, on se retrouve avec, en face de nous, plusieurs
personnes, les parents, les agents ou une autre catégorie en
développement qui sont les collaborateurs d'agents", avait-il souligné.
"Aujourd'hui,
la plupart des mecs qui ont des licences sont des couvertures pour
d'autres", avait-il affirmé au quotidien sportif, dénonçant "une grande
forme d'hypocrisie".
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire