mardi 24 février 2015

Mondial 2022 en hiver, la « pire solution » pour les clubs européens

La Coupe du monde 2022 de football au Qatar devrait se tenir aux mois de novembre et décembre, selon une annonce d’un groupe de travail de la Fifa. Une décision non encore définitive qui met vent debout les patrons des ligues européennes, lesquelles fournissent 75% des joueurs lors d’un tournoi mondial.
Cela faisait des mois que des bruits couraient, c’est maintenant une quasi-certitude : la Coupe du monde de football 2022 au Qatar devrait avoir lieu du 26 novembre au 23 décembre. Ces dates ont été proposées par un groupe de travail de la Fifa mardi 24 février et devront être confirmées par le comité exécutif les 19 et 20 mars. En tout état de cause, on peut dire qu’elles suscitent une vive opposition dans le petit monde des clubs européens.
Le premier à tirer à boulets rouges a été Richard Scudamore, patron de la Premier League anglaise. Sur le fond, il s’est déclaré « très déçu », spécialement pour les « clubs européens qui fournissent la plupart des joueurs pour les Coupes du monde ». 75% des joueurs lors d'un Mondial évoluent en effet dans des championnats européens. Sur la forme, celui qui siégeait dans le groupe de travail de la Fifa a déploré une réunion au cours de laquelle il a été mis devant le fait accompli, précisant que les clubs européens ont simplement « été informés ». Et l’Anglais d’enfoncer le clou : « L'UEFA, je pense, nous a un peu laissé tomber. » Il faut dire que la confédration européenne et son président Michel Platini militent depuis le début de l’imbroglio autour des dates de Qatar 2022 pour cette solution, laquelle a le mérite d’épargner largement leur très lucrative Ligue des champions.
Côté allemand, Karl-Heinz Rummenigge, patron du Bayern Munich mais aussi de la puissante Association européenne des clubs (ECA), a estimé que les clubs devront être dédommagés si une telle décision était finalisée : « Tous les calendriers de matches devront s'accommoder d''un tel tournoi en 2022-2023, ce qui implique une volonté de compromis de la part de chacun. Reste qu'il ne faut pas s'attendre à ce que les clubs et championnats européens en supportent le poids financier. »

Une étude européenne écartée « d’un revers de main » par la Fifa

Mais la charge la plus lourde est venue de France, où Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel et de l'Association des ligues européennes de football professionnel (EPFL), a estimé que la période novembre-décembre 2022 était « la pire solution » pour les championnats européens.
 
 
« On va s'arrêter début novembre, après 13 ou 14 journées de championnat, a déclaré Frédéric Thiriez. Et on reprendra deux mois plus tard, en janvier. Pendant ce temps-là, les joueurs ne jouent pas, les clubs n'ont plus de recettes, les fans de foot sont privés de compétitions nationales et les télévisions vont être furieuses et vont demander des ristournes. »
Et pour enfoncer le clou, Frédéric Thiriez révèle que l'EPFL et l'ECA avaient remis le 13 décembre à la Fifa une étude des services météorologiques suisses montrant qu'une Coupe du monde organisée du 4 mai au 4 juin était possible : « Cela prenait en compte la température, les questions d'ensoleillement et d'humidité et cela montrait que ce n'était pas plus inconfortable qu'en 2014 au Brésil ou lors de Coupes du Monde précédentes, au Mexique ou aux Etats-Unis par exemple. »
Et Frédéric Thiriez de conclure : « Cette solution a été écartée d'un revers de la main pour des raisons qui m'échappent. » Décidément, depuis l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar – par ailleurs entachée de suspicion de corruption –, beaucoup de choses échappent à beaucoup de monde.
 
(RFI)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.