Parme, ex-grand d'Europe, n'a même plus de quoi payer l'électricité pour son stade et devrait être déclaré en faillite le 19 mars, pour la deuxième fois en dix ans, symptôme d'un football italien malade.
Dimanche dernier Parme n'a même pas pu recevoir l'Udinese en Championnat d'Italie, faute de fonds pour payer les stadiers et ouvrir le stade Tardini, qui a vu jouer Lilian Thuram, Fabio Cannavaro, Hernan Crespo ou Hristo Stoitchkov dans les années 1990.
Mardi matin, des représentants du club sont sortis du tribunal de Parme avec une date, le 19 mars, où devrait être prononcée une faillite inévitable. Les "Ducs" sont exsangues, des machines de la salle de gym du club ont déjà été saisies par huissiers. "Nous en avons vu de toutes les couleurs, et dans la situation où nous sommes l'unique solution me semble être de déclarer la faillite", lâche dépité le capitaine, Alessandro Lucarelli.
La dette frôle les 100 M EUR selon la presse italienne, et les retards d'impôts, proches de 17 M EUR, pourraient coûter de nouveaux points de pénalité. Dernier avec 13 longueurs de retard sur le maintien, Parme en a déjà écopé d'un cette saison.
Des représentants de la Ligue (Lega) et de la Fédération italiennes (FIGC) ont accompagné les dirigeants parmesans et le maire de la ville, Federico Pizzarotti, au tribunal, pour essayer de sauver la régularité de la Serie A. "Parme finira le championnat grâce à l'aide des autres clubs de Serie A qui mettront la main au portefeuille", a dit le président de la FIGC, Carlo Tavecchio. Si le tribunal décidait d'une faillite immédiate, Parme quitterait la compétition et ses adversaires auraient tous match gagné 3-0 sur tapis vert jusqu'à la 38e journée.
"On pouvait éviter cette situation, la Lega et la FIGC sont descendues sur le terrain, mais je crois que c'est trop tard, ajoute Lucarelli. Nous sommes disposés à jouer, mais seulement si nous sommes sous tutelle. Nous sommes prêts à payer de notre poche le déplacement à Gênes (contre le Genoa le 1er mars). Si Parme est en conditions de jouer, il jouera."
Appartenant au patrimoine du "calcio", le Parma AC, devenu Parma FC, venait tout juste de fêter ses 100 ans... Sa dérive est une triste ellipse de la lente décadence de la Serie A. Quand elle était le meilleur championnat du monde, dans les années 1990, Parme était un monstre. Trois fois vainqueur d'une coupe d'Europe (Coupe des Coupes 1993, Coupe de l'UEFA 1995 et 1999), Parme avait frôlé le "scudetto" en
1997, deuxième à 2 points de la Juventus Turin. L'équipe entraînée par Nevio Scala, guidée par le Suédois Thomas Brolin, avait enchanté l'Europe lors de la finale de C2 1993 (3-1 contre l'Antwerp).
Mais le club d'Emilie-Romagne avait déjà connu le crash financier du géant laitier Parmalat, alors propriétaire du club, il y a dix ans, scandale qui avait envoyé son président-mécène, Calisto Tanzi, en prison.
Déjà la non-inscription en Europa League en fin de saison dernière annonçait les problèmes financiers, toujours niés par le fossoyeur du club, l'ex-président Tommaso Ghirardi.
Trois présidents se sont succédé en deux mois, l'actuel Giampietro Manenti, qui n'a pas produit les garanties suffisantes, a succédé à Ermir Kudra, lui-même placé à ce poste par l'homme d'affaire albanais Rezart Taçi après le rachat en décembre des parts de Ghirardi.
D'autres grands d'Italie sont en difficultés, l'AC Milan ne peut plus acheter de grands joueurs, l'Inter Milan et l'AS Rome réinjectent de l'argent pour écoper leurs dettes... Le foot italien va mal.
(AFP)
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