lundi 2 février 2015

Présidence de la Fifa : vers un affrontement Blatter contre l’UEFA ?

Joseph Blatter, Ali Bin Al Hussein, Luis Figo et Michael van Praag devraient être les candidats à la présidence de la Fifa, le 29 mai prochain. David Ginola et Jérôme Champagne n’ont pas obtenu les parrainages nécessaires. Pour ce dernier, son éviction s’explique par la mainmise de l’UEFA sur certaines fédérations.
Les dés sont jetés. Il n'y aura pas plus de quatre candidats à la présidence de la Fifa, le 29 mai prochain. Dans un communiqué du 2 février, l’organisme précise que sa commission électorale « va désormais évaluer les candidatures qui ont été proposées, à savoir celles de Joseph S. Blatter [président en exercice, ndlr], S.A.R. le prince Ali Bin Al Hussein, Luis Figo et Michael van Praag ». Exit donc David Ginola et Jérôme Champagne qui, il y a trois jours encore, espéraient faire partie du lot. Aucun n’a obtenu les cinq parrainages de fédération nationale nécessaires.
Pour David Ginola, qui avait entamé sa campagne il y a à peine deux semaines, la marche était sans doute trop haute à franchir avec si peu d’élan. Dans un tweet du 31 janvier, l’ancien joueur du Paris-Saint-Germain explique : « On s'est heurté à un système verrouillé, Fifa et Confédérations, entre les mains de puissant intéressés... [sic]. »

Des candidats « manipulés et orientés »

Jérôme Champagne, en revanche, avait pris ses devants. Lancé dans une campagne de longue haleine il y a un an déjà, l’ex-secrétaire général du président Blatter a planché en profondeur sur les réformes à mettre en œuvre pour faire bouger une institution décriée de toute part, et encore récemment en raison du parfum de corruption qui flotte autour de l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Invité dans l’émission Radio Foot Internationale mercredi 28 janvier pour présenter son livre-programme Comment je veux révolutionner la Fifa, Jérôme Champagne a livré une analyse sur une élection à laquelle il croyait encore participer. « Avec cette multiplication de candidats qui apparaissent comme la rosée du matin, la majorité plus ou moins manipulée et orientée, on ne va pas aborder les vraies questions », a-t-il expliqué.
Pour Jérôme Champagne, les vraies questions concernent d’une part l’économie, d’autre part les structures de la Fifa. Côté économie, l’équation est aussi simple qu’inégalitaire, prétend le désormais ex-candidat : « Les vingt clubs les plus riches au monde ont un chiffre d’affaires de 6,2 milliards d’euros annuels, alors que plus de 100 fédérations, sur les 209 que compte la Fifa, vivent avec des budgets inférieurs à deux millions d’euros. »
Côté structure, l’inégalité règnerait au sein même du comité exécutif de la Fifa : « Comment pouvez-vous expliquer que l’Europe, avec 53 fédérations nationales ait huit sièges au comité exécutif alors que l’Afrique avec 54 fédérations n’a que quatre sièges ? » s'est demandé Champagne.

« L'UEFA pense qu'elle peut décider de tout »

Au centre des problèmes soulevés par Jérôme Champagne, on trouve une confédération : l’UEFA. Sans jamais le citer, l’ancien journaliste et diplomate cache mal l’animosité qu’il entretient vis-à-vis de Michel Platini, président de la confédération européenne. A l’entendre, cette dernière serait la cause de – presque – tous les maux du football.
Lundi 2 février, sa déception à peine digérée, Jérôme Champagne fustigeait dans une lettre ouverte une « campagne [qui] risque de tourner à la dénonciation manichéenne d'une seule personne, le président de la Fifa, pour éviter de reconnaître une responsabilité collective du comité exécutif au sein duquel une confédération avec un tiers des voix, l'UEFA, pense qu'elle peut décider de tout. » Puis il enfonçait le clou : « Comment peut-on essayer de nous faire croire que ce qui est bon pour Chelsea et le Real Madrid est automatiquement bon pour le football jamaïcain, vietnamien, sénégalais, bolivien, tahitien ou moldave ? On voit bien dans les slogans mis en avant par les trois candidats soutenus par l'UEFA qu'aucun n'ose mettre en question la cause centrale des problèmes actuels du football. C'est sans doute le prix de ce soutien et la preuve que ce n'est pas de football dont il s'agit mais de pure politique ! »
C’est donc une bataille Europe de l’Ouest contre le reste du monde, qui s’annonce selon Jérôme Champagne. « On va avoir une guerre entre la Fifa et l’UEFA, prétendait-il encore le 28 janvier au micro de RFI. On me dit ‘Jérôme, on t’aime bien, on aime ton programme, mais on a peur.’ Car quand on veut organiser une compétition, on ne peut pas s’opposer au président de sa confédération. Depuis l’annonce de la candidature de M. van Praag [président de la fédération néerlandaise, ndlr], montée et pilotée par l’UEFA, j’ai perdu trois soutiens de fédérations en Europe. » Autant de défections qui ont donc eu raison de la fougue de Jérôme Champagne…



(RFI)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.