jeudi 23 avril 2015

JO-2024 - Le lobbying, au coeur de l'opération séduction de Paris

Pour espérer battre Boston, Rome ou Hambourg dans la course à l'obtention des jeux Olympiques d'été 2024, Paris va devoir déployer une vaste opération de lobbying, un exercice subtil de séduction engagé avant même l'officialisation de la candidature et dans lequel Londres avait excellé pour obtenir les JO 2012.

"En France, on prend ce terme de lobbying avec une connotation négative, péjorative. Dès qu'on parle lobbying, tout de suite les gens font le raccourci avec manipulation, avec corruption", confie Jean-Christophe Rolland, président de la Fédération internationale des sociétés d'aviron.
"Mais, non, le lobbying c'est comment dans un cadre un peu moins formel, on se rencontre, on explique les choses, on apprend à se connaître et les Anglo-saxons savent très bien faire. C'est une dimension, un outil qu'il nous faut utiliser comme les autres", souligne encore le champion olympique de Sydney, présent à Sotchi à la convention SportAccord, qui réunit toutes les grandes fédérations internationales sportives.
Et dans les salons du cossu hôtel Radisson Blu, à deux pas du centre de convention, les rendez-vous allaient bon train cette semaine entre membres de fédérations, de comités de candidature, lobbyistes et autres consultants qui travaillent sur les candidatures déclarées de Rome, Boston et Hambourg et quasi-officielle de Paris.
"Rome a envoyé une grosse équipe à Sotchi qui réalise un énorme travail en coulisses", confiait un représentant américain. "Boston possède un léger avantage sur Paris car le projet américain est actif déjà depuis trois ans sur le plan international".
Les Français qui devraient officialiser leur candidature avant l'été, pour pouvoir profiter du Congrès du Comité international olympique fin juillet à Kuala Lumpur, étaient eux présents à travers Bernard Lapasset, président de l'Association Ambition Olympique et de la Fédération internationale de rugby (ex-IRB/World Rugby) et d'Etienne Thobois, homme d'expérience et de réseaux, ancien directeur général de la Coupe du monde de rugby 2007 et ex-consultant de Tokyo 2020.
En visite la semaine dernière à Tokyo, dont il souhaite s'inspirer, le ministre français des Sports Patrick Kanner a estimé que la candidature de Paris, tout en maîtrisant les coûts devra faire l'objet d'un "lobbying forcené".
Lors de l'échec de la candidature parisienne aux JO-2012, le choix de Londres avait en partie été attribué à la réussite du lobbying anglais auprès du CIO, incarné notamment par Sebastian Coe, ancien athlète et député conservateur, à la tête du comité de candidature anglais.
"Si la France a perdu face à Londres, c'est tout simplement qu'elle n'a pas fait assez pour convaincre les 10 ou 20 membres du CIO qui ont fait basculer le vote, explique un consultant, ayant participé à de nombreuses candidatures.
"Certes le travail de lobbying commence des années avant le dépôt d'une candidature mais c'est sur les 5 ou 6 derniers jours que Londres l'a emporté", ajoute-t-il.
"Concernant le lobbying, un des points essentiels est d'être à l'écoute des gens que nous devrons convaincre, très en amont du projet", confirme Bernard Lapasset.
L'objectif de Paris sera donc de disposer "avant la rentrée d'une première version du projet technique, afin ensuite de libérer du temps pour affiner sa stratégie à l'international", autrement dit sa stratégie de lobbying.
Il faudra alors à Paris engager une grande campagne de séduction des 102 membres votants du CIO et de l'entourage qui les influence, "soit environ un millier de personnes", selon le même consultant.
"Un par un, il faut voir quelles sont les préoccupations des membres du CIO, détaille M. Lapasset. Il faudra échanger par exemple avec un membre du CIO président d'une fédération internationale sur la manière dont on pourra mettre en valeur son sport à Paris."
A ce titre, les deux membres français du CIO, Tony Estanguet et Guy Drut, "joueront un rôle déterminant". Le projet s'appuiera aussi sur les quelques Français exerçant des responsabilités internationales, comme Jean-Christophe Rolland.
Quant au cadre de cette vaste campagne de lobbying, qui s'achèvera à l'été 2017 avec l'élection à Lima de la ville hôte des JO 2024, le CIO l'a réaffirmé mardi en adressant à tous les candidats potentiels un courrier dans lequel les règles de bonne conduite sont rappelées.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.