mercredi 1 avril 2015

Le football professionnel français a les pieds fragiles

Dans sa troisième étude biennale sur les impacts économiques et sociaux du football professionnel en France, publiée le 30 mars, l'UCPF (Union des clubs professionnels de football) dresse un portrait entre "ombre et lumière".
Côté lumière, une croissance de 21% du chiffre d'affaires de la filière, qui pèse au total 6 milliards d'euros, ou les mille emplois directs et indirects supplémentaires récemment créés, pour une filière qui en compte désormais 26.000. Une croissance liée, "pour l'essentiel" à la construction, la rénovation et l'exploitation des stades, "devenus de véritables objets de rénovation urbaine", selon Jean-Pierre Louvel, président de l'UCPF. Côté ombre, le secteur laisse apparaître de fortes disparités, avec un club – le PSG – qui porte près des deux tiers de la croissance. Sans le club de la capitale, le chiffre d'affaires des clubs de Ligue 1 et 2 a connu une baisse de 3,7% entre 2010-11 et 2012-13.

Le club, client "captif" des gestionnaires de stades

Si le stade est présenté par l'étude comme "vecteur de développement économique", avec près de 12.000 emplois générés les jours de match durant les 760 rencontres de Ligue 1 et 2 en 2012-2013, le mode de financement et de gestion des enceintes récentes par le secteur du BTP posent "de multiples questions aux clubs qui n'en sont que locataires". Pour l'UCPF, le modèle de partenariat public-privé, "s'il […] permet aux collectivités de concentrer leurs ressources sur l'aménagement du territoire de proximité, soulève des interrogations". Pour les clubs, dont il est "l'outil industriel", il conviendrait que le stade soit en "libre exploitation". "Ainsi, les parties prenantes devraient-elles mettre en place un modèle économique qui répartisse au mieux la valeur et les risques afférents au stade", précise l'étude.
Toujours au chapitre des stades, l'UCPF met en avant une spécificité française négative, celle du coût de construction, "plus élevé que chez nos voisins européens". "Ce coût, estime l'étude, se répercute directement sur les loyers des clubs résidents, clients uniques et captifs."

Pour les collectivités, des impacts positifs

Côté collectivités territoriales, l'étude montre que la totalité d'entre elles estime que leur club démultiplie la notoriété du territoire et améliore son image. "Les clubs jouent aussi un rôle dans le rayonnement du pays à l'international et s'inscrivent dans ce qu'il est convenu d'appeler le 'soft power', c'est-à-dire la capacité d'exercer une influence, au même titre que la culture, dans le champ des relations internationales", analyse encore l'étude
Par ailleurs, 59% des collectivités soulignent que leur club a un effet positif ou très positif sur le développement économique et le dynamisme du territoire. Cependant, elles mettent en avant des freins au développement du club et de ses impacts économiques : incertitude du résultat sportif, difficultés d'accès aux financements, poids de la fiscalité nationale, absence d'information sur les impacts économiques, et stades inadaptés.

(Localtis)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.