jeudi 18 juin 2015

"Fifagate": Et maintenant 53 cas suspects de blanchiment d'argent

A chaque jour sa révélation dans l'immense scandale qui secoue la Fifa: 53 cas suspects de blanchiment d'argent, dans le cadre de relations bancaires, sont passés à la loupe par la justice suisse pour le volet sur l'attribution des Coupes du monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar).

"Quelque 104 relations d'affaires bancaires sont sous enquête, et partiellement, en sus, les banques ont signalé au bureau anti-blanchiment quelque 53 cas suspects", a dévoilé Michael Lauber, procureur général de la Confédération helvétique, au cours d'une conférence de presse à Berne mercredi.
Les banques "ont fait leur devoir" a exposé le représentant du Ministère public, ajoutant que l'enquête -- ouverte en mars dernier, contre X, à la suite d'une plainte de la Fifa elle-même en novembre 2014 -- sera "longue". Et de préciser qu'il "n'exclut pas" d'auditionner le président démissionnaire de l'instance suprême du foot, Joseph Blatter, de même que le secrétaire général Jérôme Valcke.
La Suisse a adopté il y a quelques années un arsenal juridique pour lutter contre le blanchiment d'argent, dont étaient souvent accusées ses banques.
La loi anti-blanchiment en vigueur oblige désormais les banques à signaler au MROS (Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent) les comptes suspectés de servir à blanchir de l'argent. Ces cas sont ensuite examinés par le MROS, et transmis ensuite au Ministère public de la Confédération (MPC).

- Enquête "très complexe" - Le MPC a saisi quelque "9 terabytes de données dans l'enquête sur l'attribution des Coupes du monde de football 2018 et 2022", a encore indiqué le procureur général, ton posé, assis et bras croisés devant le micro posé sur son pupitre.
"Des preuves ont été récoltées qui concernent 104 relations bancaires. Il faut être conscient que chacune de ces relations implique plusieurs comptes bancaires", a ajouté M. Lauber, martelant que l'enquête est "très complexe". "Le monde du football doit être patient; de par sa nature, cette enquête pendra plus de temps que les fameuses 90 minutes" que dure un match de foot, a-t-il encore insisté.
Le procureur général s'exprimait mercredi pour la première fois en public depuis que le MPC a saisi, le mois dernier, des données et documents de la Fifa. Interrogé si l'enquête portait aussi sur l'attribution du Mondial à l'Afrique du Sud en 2010, M. Lauber a refusé de répondre, invoquant le secret de l'instruction.
Il a toutefois précisé que devant l'énormité du dossier, une "task force" (cellule) spéciale, dédiée à cette affaire sans précédent, avait été mise en place dans ses services.

- 1,8 M de dollars du Qatar à la CAF - Par ailleurs, le Qatar a versé 1,8 million de dollars (1,6 M EUR) à la Confédération africaine de football en janvier 2010 "pour pouvoir exposer leur projet" de candidature au Mondial-2022, a déclaré le président de la CAF Issa Hayatou dans l'hebdomadaire Jeune Afrique.
Était-ce une manière d'acheter les voix des Africains? Réponse de M. Hayatou: "Non. D'ailleurs, j'ai convoqué immédiatement après le comité exécutif de la CAF pour dire que ce qui s'était passé ne nous engageait en rien. Je n'ai donné aucune consigne, et chacun a voté en son âme et conscience."
Voilà en tout cas une nouvelle page au roman du "Fifagate" qui a éclaté il y a juste 3 semaines, le 27 mai dernier. Dans ces affaires, la Fifa a confié ses intérêts au cabinet d'avocats américain Quinn Emanuel (QE), qui emploie une avocate de haut-rang, Jenny Durkan, a confirmé à l'AFP un porte-parole de l'instance suprême du foot.
Cette ancienne procureure générale aurait pu se trouver du côté de l'accusation, puisqu'elle était citée parmi les successeurs possibles de Eric Holder à la tête du ministère américain de la Justice. C'est finalement Loretta Lynch qui a été retenue à ce poste, et c'est elle qui est à la pointe de l'accusation dans le volet américain de l'affaire (distinct du suisse). C'est Mme Lynch qui avait donné un carton rouge à certains membres ou partenaires actuels ou passés de la Fifa, poursuivis pour avoir "corrompu les affaires du football mondial pour servir leurs intérêts et pour s'enrichir personnellement".

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.