jeudi 1 novembre 2012

Serge Kampf : "Le mécénat trop compliqué en France"

A la question "Avez-vous songé à pérenniser votre action en créant une fondation, comme l’a fait Pierre Fabre, le mécène de Castres ?" Serge Kampf, grand mécène du rugby, à Grenoble et Biarritz notamment, répond dans L'Equipe du 1er novembre 2012 :
"J’y songe, mais, si je le fais, ce sera en Suisse car les conditions du mécénat sont trop contraignantes en France. Pour les trois prochaines années, les contrats sont signés et Biarritz et Grenoble sont tranquilles. Mais Cap Gemini compte 120.000 personnes et là-dessus il n’y a que le quart, français, australien, néo-zélandais, qui s’intéresse au rugby. Alors, il y a des pressions pour se tourner vers la voile, le tennis. Ce sera de plus en plus compliqué de maintenir le sponsoring."

Autre avis intéressant du fondateur de Cap Gemini et  : "Je suis inquiet de la place que prennent le fric et la télévision dans le rugby d’aujourd’hui. La télé peut être la meilleure des choses quand elle me permet de voir trois matches sans sortir de chez moi le week-end et la pire quand elle impose de jouer le jeudi à 14 heures, quand elle décortique tout ou quand elle influe avec l’arbitrage vidéo. [...] Et puis, quand on voit un Toulon - Mont-de-Marsan, on sait qui va gagner et il suffit de regarder les budgets pour savoir qui peut être champion. Il se produit une aspiration vers les grandes villes qui a malheureusement été fatale à Bourgoin et à laquelle Grenoble, malgré son histoire et son public, aura du mal à résister."
Enfin, à la question "N’avez-vous pas l’impression d’avoir contribué à cette prééminence de l’argent ?" Serge Kampf rétorque : "Sans doute que j’ai un peu contribué à ça. Mais les joueurs, alors, étaient payés avec un lance-pierre. En 1987, un des Tricolores avait dû faire la Coupe du monde sur ses congés et, comme la France était allée en finale, ce qui n’était pas vraiment prévu, il avait fini par perdre quatre semaines de son salaire. Tout ça pour 23 francs (3,5 euros environ) d’indemnité quotidienne. À peine de quoi payer une tournée de bière ! C’était inacceptable. Et puis les recettes aux guichets ne suffisent pas à faire vivre les clubs de Top 14, les sponsors sont indispensables."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.