De l'Angleterre, longtemps unique eldorado des investisseurs
étrangers, à l'Allemagne qui protège ses clubs, les politiques des cinq
grands championnats européens sont disparates. Tour d'horizon.
. En Allemagne, la règle empêche les groupes ou personnes privées
de détenir plus de 49% des parts d'un club, en contraignant une
association à but non-lucratif à conserver le reste. Seuls Leverkusen et
Wolfsburg, issus des groupes sportifs de Bayer et Volkswagen durant la
première moitié du XXe siècle, font exception. "Cette mesure garantit
notre indépendance et nous préserve de certaines dérives financières",
estime Karl-Heinz Rummenigge, président du conseil d'administration du
Bayern Munich. Ce qui n'empêche pas son club et d'autres de Bundesliga,
considéré comme le championnat le plus sain financièrement d'Europe, de
compter sur des sponsors étrangers: Turkish Airlines pour Dortmund,
premier club coté en bourse, le géant russe Gazprom pour Schalke 04, le
sud-coréen LG Electronics pour Leverkusen.
. L'ultra-libérale Angleterre est le premier pays où les clubs
ont pu être cotés en Bourse. Elle fut également la porte d'entrée
européenne des acquéreurs étrangers. Roman Abramovitch, oligarque russe
de 37 ans à l'époque, a pris en 2003 le contrôle de Chelsea en épongeant
une dette de 120 millions d'euros. Sa quête des meilleurs joueurs a
déstabilisé le marché des transferts mais son exemple a été suivi: Aston
Villa, Arsenal, puis Manchester City, racheté en 2008 par un magnat du
pétrole émirati, sont tombés entre des mains étrangères. De même que
Manchester United et Liverpool, rachetés par des milliardaires
américains. A ce jour, onze des vingt équipes de Premier League sont
détenues par des étrangers:
Arsenal: Stan Kroenke (USA/2008) - Alisher Usmanov (UZB)/Farhad Moshiri (IRN)
Aston Villa: Randy Lerner (USA/2006)
Cardiff City: Vincent Tan (MAS/2010)
Chelsea: Roman Abramovitch (RUS/2003)
Fulham: Shahid Khan (USA/2013)
Hull City: Assem Allam (EGY/2010)
Liverpool: John W. Henry (USA/2010)
Manchester City: Mansour bin Zayed Al Nahyan (EAU/2008)
Manchester United: Malcolm Glazer (USA/2009)
Southampton: exécuteurs testamentaires de Markus Liebherr (SUI/2009)
Sunderland: Ellis Short (USA/2008)
. L'Espagne se rapproche de l'Allemagne: la plupart des clubs y
sont propriétés des socios, sortes de supporteurs/actionnaires. C'est le
cas des deux plus prestigieux, le Real Madrid et le FC Barcelone, où
les investisseurs ne peuvent s'impliquer que par le sponsoring. Le Barça
a donc vendu son maillot à Qatar Sports Investments (QSI), le Real au
transporteur aérien Emirates. Malaga est l'unique club de Liga sous
contrôle étranger, racheté en 2010 par le cheikh qatari Abdullah
Al-Thani. Mais le club a dû subir une cure d'austérité pour s'adapter
aux règles du fair play financier, réduisant son budget de 150 millions
d'euros en 2011-2012 à 40 millions cette saison. Ce qui n'a pas empêché
l'UEFA de le suspendre de toute compétition européenne.
Malaga: Abdullah Al-Thani (QAT/2010)
. L'Italie, ses clubs endettés, ses stades vétustes et sa
violence récurrente, ont longtemps découragé les investisseurs. Mais en
2011, deux Américains d'origine italienne, Thomas DiBenedetto et James
Pallotta, ont racheté 67,1% de la Roma dans une joint-venture (60-40)
avec la banque Unicredit, pour 70 millions d'euros. Et en octobre
dernier, l'Inter Milan a été cédé au magnat indonésien des médias Erick
Thohir, qui en a acquis 70% pour environ 250 millions d'euros. Dont 200
pour combler son déficit.
AS Rome: Thomas DiBenedetto/James Pallotta (USA/2011)
Inter Milan: Erik Thohir (INA/2013)
. En France, la prise de contrôle des clubs sportifs a été
facilitée par la création du statut de société anonyme sportive, dans
les années 80. Mais il a fallu attendre la fin des années 2000 pour que
des étrangers s'en mêlent. Après un intervalle américain avec le fonds
d'investissement Colony Capital, le Paris SG est devenu propriété de
Qatar Sport Investment. L'investissement de départ a été modique (entre
30 et 40 millions d'euros), mais QSI a ensuite misé sur des joueurs
chers pour s'assurer le titre de champion de France et viser la Ligue
des champions. La même année, l'homme d'affaires russe Dmitri Rybolovlev
a repris les rênes de l'AS Monaco, alors en Ligue 2. Il lui a fallu
deux ans pour remonter en L1, avant d'acheter de nouveaux joueurs pour
167 millions d'euros! Un record.
PSG: Nasser Al-Khelaifi (QAT/2011)
Monaco : Dmitri Rybolovlev (RUS/2011)
(AFP)
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