Canal+ peut-il tout perdre au bénéfice de BeIn Sports ? La chaîne
cryptée a tout fait pour contrarier, en vain, l'attribution des droits
audiovisuels de la L1 et la L2 (2016-20) attendue vendredi, après une
procédure d'étape ce mercredi.
Le groupe C+, débouté vendredi
dernier devant le tribunal de grande instance de Paris de sa demande de
référé pour faire suspendre l'appel d'offres de la Ligue de football
professionnel (LFP), avait fait appel. Mais Canal+ a de nouveau été
débouté ce mardi par la cour d'appel de Paris.
La procédure peut
suivre son cours, en deux étapes: ce mercredi la remise des offres
qualitatives et surtout, vendredi, la remise des offres financières et
l'attribution.
La guerre des droits entre BeIn et Canal fera-t-elle de la seconde la grande perdante ?
La
chaîne qatarie, qui a récupéré début mars les droits sur l'ensemble des
matches du Mondial-2014, espère toujours s'imposer comme la chaîne
"premium en sport", comme l'avait expliqué à l'AFP son directeur de la
rédaction Florent Houzot le 13 mars.
De son côté, Canal+ doit se
défendre sur deux fronts: celui du cinéma et des séries avec la possible
arrivée à l'automne de l'Américain Netflix et celui du football, son
autre coeur de métier, où il ne fait plus l'unanimité.
Selon
différentes sources, plusieurs dirigeants de club auraient ainsi fait
part à la LFP de leur mécontentement face à un traitement du football
français jugé exagérément critique et agressif sur Canal et trouveraient
BeIn "plus bienveillant".
Et la semaine suivante, le match se
déplacera sur la scène européenne: le 7 avril, c'est l'UEFA qui attend
les dossiers des candidats à la diffusion de la Ligue des champions pour
la période 2015-18.
Pour en revenir à la procédure, mercredi, les
deux diffuseurs actuels - ou de nouveaux entrants - déposeront à la
Ligue leurs offres qualificatives.
Celles-ci, qui concernent essentiellement l'habillage des émissions ou les budgets de production, servent à pondérer les offres financières mais n'influent qu'exceptionnellement sur le choix définitif.
C'est vendredi que tout se jouera avec la remise des offres
financières dans le cadre d'un montage séquentiel qui doit permettre à
la Ligue de profiter à plein de la rivalité exacerbée entre BeIn et
Canal+.
Sans Ibrahimovic, Falcao, Cavani ou Thiago Silva, le
football français valait 607 millions d'euros par an. Avec eux, vaut-il
beaucoup plus ?
C'est en tout cas le pari de Frédéric Thiriez,
président de la LFP, qui avait surpris le 6 mars en annonçant le
lancement anticipé d'un appel d'offres plutôt attendu à l'automne 2015.
Evoquant
un contexte sportif "optimal" avec "des clubs locomotives (le Paris SG
et Monaco) qui tirent le championnat vers le haut", il avait alors
plaidé la nécessité d'offrir aux clubs "plus de visibilité financière".
La
Ligue attribuera dans un premier temps le Lot 1, qui offre deux grands
matches en direct par journée de championnat. Elle préviendra les
candidats, qui pourront alors enchérir à nouveau pour les lots 2 (un
grand match en direct, avec les 10 plus belles affiches de la saison) et
3 (les sept matches restant pour chaque journée).
La LFP ne
cherche pas forcément à avoir un diffuseur unique. Selon un bon
connaisseur du dossier ayant requis l'anonymat, le découpage de l'appel
d'offres vise au contraire à ce que le perdant du 1er lot puisse "se
refaire la cerise".
Mais il doit surtout permettre de faire monter
les enchères bien au-delà des actuels 607 millions d'euros par saison
qui, malgré l'entrée en jeu de BeIn, avaient marqué en 2012 une première
baisse de ces droits essentiels dans les budgets des clubs.
La
Ligue a fixé un prix de réserve global qu'elle garde secret. Si
celui-ci est atteint, elle attribuera automatiquement tous les lots. Si
ce n'est pas le cas, elle est libre de valider ou non les différentes
offres.
L'objectif n'est sans doute pas de venir jouer dans les
mêmes eaux que l'Angleterre (1,7 milliard d'euros pour les droits
domestiques et internationaux) ou l'Italie (960 millions). S'approcher
de ce que touchent les clubs espagnols (750 millions) semble en revanche
envisageable.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire