Le succès du saut à la perche français,
qui a fourni à l'athlétisme tricolore nombre de médailles internationales,
relève moins d'une école que d'une approche personnalisée, célébrée samedi au
Trocadéro par une exhibition devant la Tour Eiffel.
Dans l'alignement des bassins, la perspective est splendide. Un peu comme
celle que la perche a prise en France depuis plusieurs décennies.
Jean Galfione et Renaud Lavillenie, les deux derniers champions olympique
de l'athlétisme tricolore, peuvent en témoigner.
Maurice Houvion également. A bientôt 80 ans, le 4 juillet prochain,
l'ancien entraîneur national de la discipline (1966-2000) a été de tous les
développement du genre.
"Je ne dirais pas qu'il y a une école française de la perche, car cela
sous-entend une éducation cadrée qui ne correspond pas à la méthode", relate
l'ancien champion, toujours aussi pétillant.
"Ma vision, quand j'ai repris en mains la perche, s'est basée sur deux axes
majeurs. Il s'agit d'enseigner les fondamentaux de la perche, la mécanique, qui
sont les mêmes pour tous. Et ensuite, c'est d'accompagner le développement de
la personnalité de chacun, qui les amène à avoir un style différent",
explique-t-il.
Derrière lui, la transmission est toujours de mise.
Sur la piste d'élan posée sur les hauteurs des bassins du Trocadéro, le
nouveau Napoléon de la perche, Renaud Lavillenie, conseille des jeunes qui
s'initient à ce sport si particulier et si complet.
"C'est vrai", souligne-t-il. "Moi par exemple, je suis plus un héritier
qu'un pur produit d'une école. On me considère comme le mec qui n'est pas
affilié à 100% à une école, mais qui a été capable de prendre des trucs un peu
partout, de faire ce méli-mélo qui a produit le Lavillenie actuel", développe
celui qui sera la grande tête d'affiche du meeting Areva de Paris samedi 5
juillet.
"On a été capable en France de bien s'approprier cette discipline, de
donner envie aux personnes qui veulent en faire de pouvoir y accéder sans
difficultés, là où dans certains pays on fait ça par défaut. C'est la culture
majoritaire en France, on fait de la perche parce que c'est un peu fun et que
tu n'as pas besoin d'avoir toutes les qualités exceptionnelles", estime-t-il.
A son arrivée à la tête de la perche française en 1966, Maurice Houvion a
pris le temps "de lire et consulter tout ce qui se disait sur la perche".
Il en a fait un livre en 1968, devenu une sorte de méthode du saut à la
perche, et qui a servi de base à toutes les générations.
"Je me suis aussi inspiré des partis politiques, en créant des Assises de
la perche. Chaque année, je réunissais les 30-40 entraîneurs de la perche, dans
un cadre festif. On faisait le bilan de l'année, on faisait des prospectives
sur l'année suivante, et j'invitais un grand entraîneur étranger qui nous
faisait un exposé sur une question technique particulière".
Une ouverture aux autres, qui tranchait par exemple avec l'école
soviétique, où tous les perchistes sautaient de la même manière.
"La perche française, c'est un esprit de continuité", abonde Jean-Claude
Perrin, l'autre grande figure historique de la perche française. "C'est une
équation avec de multiples inconnues dont la solution est constituée de
médailles olympiques et de records du monde", s'amuse-t-il.
"Il y a une émulation qui a beaucoup aidé, parce qu'on avait des
entraîneurs de qualité", souligne Bernard Amsalem, président de la Fédération
française d'athlétisme (FFA).
L'exhibition Paris Perche organisée samedi s'inscrit donc dans une volonté
de rendre hommage à cette approche française de la perche, au succès
international.
"En septembre, on va se réunir avec les fédérations anglaises, allemandes,
italiennes et espagnoles, pour essayer d'organiser ce type d'exhibition dans
les principales capitales européennes", annonce M. Amsalem.
"C'est ça notre esprit. Si on peut intéresser les gamins, le public, et les
médias, c'est forcément positif", se réjouit Maurice Houvion.
(AFP)
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