Les clubs de football au Brésil, grands exportateurs de joueurs,
s'engluent dans un océan de dettes, victimes de leur piètre gestion et
du mauvais moment économique que traverse le pays.
Joueurs coûteux
sans être brillants, ce qui n'attire pas le public, sponsors qui
abandonnent les clubs et droits de transmission mal rémunérés: voilà le
fameux pays du football.
Les douze principales équipes de première
division doivent au gouvernement plus de 600 millions de dollars en
impôts, d'après les chiffres du ministère des Finances auxquels l'AFP a
eu accès. Ce montant équivaut presque à celui investi dans la
modernisation du légendaire stade Maracana de Rio pour la Coupe du Monde
de 2014 (500 M USD).
Parmi les clubs les plus endettés figurent
l'Atlético Mineiro, Flamenco et Botafogo de Rio de Janeiro et le
Corinthians de Sao Paulo.
Les dettes sont plus importantes si l'on
tient compte des prêts bancaires et des financements publics. Certaines
ont toutefois été pardonnées et d'autres renégociées.
"Le trou
est beaucoup plus profond, les dettes dans le football sont aussi
vieilles que le propre football, depuis qu'il s'est professionnalisé,
c'est comme ça", explique à l'AFP Marcos Guterman, auteur du libre "Le
football explique le Brésil".
Des 684 clubs professionnels au Brésil, 583 ne jouent pas toute l'année.
Ce
week-end commencent les championnats régionaux et pour beaucoup de
clubs, ce seront les seuls trois mois d'activité de la saison, laissant
les joueurs oisifs la plupart du temps.
Et ces matchs, hormis certains classiques entre grandes équipes, attirent peu de public dans les tribunes.
A
tel point que le consortium privé qui gère le Maracana depuis 2013
envisage de ne plus accueillir de "petits matches" déficitaires, et de
se réserver pour les grands évènements du football.
Mais ce qui rapporte le plus ce sont d'abord les droits de transmission télévisée et ensuite les sponsors.
Selon
Marcos Guterman, des géants comme Flamengo et Corinthians ont obtenu
des rémunérations pour la transmission télévisée proportionnelles au
nombre de leurs supporteurs, mais la plupart des clubs doivent se
contenter de "miettes".
Plus de 47 des 140 millions de dollars qui
entreront dans les coffres du Flamengo en 2015 proviennent des droits
de transmission TV.
Seulement en impôts, Flamengo doit
l'équivalent de 92 millions de dollars et la direction en place depuis
deux ans s'est engagée à destiner une bonne partie de ses recettes pour
rembourser les dettes, sacrifiant les joueurs les plus onéreux.
La présidente Dilma Rousseff a mis son veto la semaine dernière à une loi approuvée
au Parlement qui refinance et réduit les amendes pour retard dans le
paiement des dettes sans exiger de contreparties pour "assurer la
responsabilité budgétaire des clubs". Un débat pour arriver à un accord a
été ouvert.
L'époque faste avec des Pelé, Zico, Garrincha, Ronaldo, Romario,
Ronaldinho à la pelle sur les terrains brésiliens semble bien finie...
Neymar,
avec son jeu acceptable mais pas brillant au Barcelone, fait
aujourd'hui figure d'oasis dans cette sécheresse de talents.
"Nous
n'exportons plus de talents, aujourd'hui nous n'exportons que des
défenseurs et des gardiens de but, avant c'était le maillot numéro '10'
et la suite", déplore Guterman. "On ne fait plus de milieu de terrain".
D'après
le groupe de joueurs "Bom Senso" (Bon sens), qui critique les gestions
du foot au Brésil, des 20.000 footballeurs professionnels du pays, près
de 16.000 reçoivent moins de 560 dollars par mois et sont au chômage la
moitié de l'année.
La situation financière des clubs est si
précaire que les jeunes ayant du talent pour aller en Europe finissent
par se rendre en Chine, un nouvel "Eldorado" du foot ou dans un pays
arabe où on leur offre de juteux contrats dans des ligues modestes.
Même le football d'Ukraine, pays en plein conflit armé, est plus attirant pour les joueurs brésiliens.
Et
la sortie de sponsors qui payaient les salaires de grands joueurs,
comme cela est arrivé dans le Fluminense, complique la situation.
(AFP)
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