samedi 31 janvier 2015

Un ballon de dettes au Brésil pour les clubs de foot

Les clubs de football au Brésil, grands exportateurs de joueurs, s'engluent dans un océan de dettes, victimes de leur piètre gestion et du mauvais moment économique que traverse le pays.

Joueurs coûteux sans être brillants, ce qui n'attire pas le public, sponsors qui abandonnent les clubs et droits de transmission mal rémunérés: voilà le fameux pays du football.
Les douze principales équipes de première division doivent au gouvernement plus de 600 millions de dollars en impôts, d'après les chiffres du ministère des Finances auxquels l'AFP a eu accès. Ce montant équivaut presque à celui investi dans la modernisation du légendaire stade Maracana de Rio pour la Coupe du Monde de 2014 (500 M USD).
Parmi les clubs les plus endettés figurent l'Atlético Mineiro, Flamenco et Botafogo de Rio de Janeiro et le Corinthians de Sao Paulo.
Les dettes sont plus importantes si l'on tient compte des prêts bancaires et des financements publics. Certaines ont toutefois été pardonnées et d'autres renégociées.
"Le trou est beaucoup plus profond, les dettes dans le football sont aussi vieilles que le propre football, depuis qu'il s'est professionnalisé, c'est comme ça", explique à l'AFP Marcos Guterman, auteur du libre "Le football explique le Brésil".
Des 684 clubs professionnels au Brésil, 583 ne jouent pas toute l'année.
Ce week-end commencent les championnats régionaux et pour beaucoup de clubs, ce seront les seuls trois mois d'activité de la saison, laissant les joueurs oisifs la plupart du temps.
Et ces matchs, hormis certains classiques entre grandes équipes, attirent peu de public dans les tribunes.
A tel point que le consortium privé qui gère le Maracana depuis 2013 envisage de ne plus accueillir de "petits matches" déficitaires, et de se réserver pour les grands évènements du football.
Mais ce qui rapporte le plus ce sont d'abord les droits de transmission télévisée et ensuite les sponsors.
Selon Marcos Guterman, des géants comme Flamengo et Corinthians ont obtenu des rémunérations pour la transmission télévisée proportionnelles au nombre de leurs supporteurs, mais la plupart des clubs doivent se contenter de "miettes".
Plus de 47 des 140 millions de dollars qui entreront dans les coffres du Flamengo en 2015 proviennent des droits de transmission TV.
Seulement en impôts, Flamengo doit l'équivalent de 92 millions de dollars et la direction en place depuis deux ans s'est engagée à destiner une bonne partie de ses recettes pour rembourser les dettes, sacrifiant les joueurs les plus onéreux.
La présidente Dilma Rousseff a mis son veto la semaine dernière à une loi approuvée au Parlement qui refinance et réduit les amendes pour retard dans le paiement des dettes sans exiger de contreparties pour "assurer la responsabilité budgétaire des clubs". Un débat pour arriver à un accord a été ouvert.
L'époque faste avec des Pelé, Zico, Garrincha, Ronaldo, Romario, Ronaldinho à la pelle sur les terrains brésiliens semble bien finie...
Neymar, avec son jeu acceptable mais pas brillant au Barcelone, fait aujourd'hui figure d'oasis dans cette sécheresse de talents.
"Nous n'exportons plus de talents, aujourd'hui nous n'exportons que des défenseurs et des gardiens de but, avant c'était le maillot numéro '10' et la suite", déplore Guterman. "On ne fait plus de milieu de terrain".
D'après le groupe de joueurs "Bom Senso" (Bon sens), qui critique les gestions du foot au Brésil, des 20.000 footballeurs professionnels du pays, près de 16.000 reçoivent moins de 560 dollars par mois et sont au chômage la moitié de l'année.
La situation financière des clubs est si précaire que les jeunes ayant du talent pour aller en Europe finissent par se rendre en Chine, un nouvel "Eldorado" du foot ou dans un pays arabe où on leur offre de juteux contrats dans des ligues modestes.
Même le football d'Ukraine, pays en plein conflit armé, est plus attirant pour les joueurs brésiliens.
Et la sortie de sponsors qui payaient les salaires de grands joueurs, comme cela est arrivé dans le Fluminense, complique la situation.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.