L'USAP à XV, les Dragons Catalans à XIII: Perpignan est la terre des
deux rugbys où ces deux clubs apprennent la vie en commun, après des
décennies de rivalité, même si leur proximité peut être un frein à leur
développement.
Deux équipes, deux stades, deux publics...
Héritiers du XIII Catalan, les Dragons sont depuis 2006 la seule
franchise française évoluant en Super League face à onze rivaux anglais.
Plus que centenaire, l'Union Sportive Arlequins de Perpignan, septuple
championne de France, vit elle sa première saison loin du Top 14.
Ce
week-end, les Dragons recevront Warrington (samedi 15h00) pour le
compte de la 3e journée de Super League, tandis que l'USAP accueillera
Montauban lors de la 22e journée de Pro D2, dimanche à 18h00. Près de
20.000 spectateurs sont attendus au total.
Mais cette cohabitation
est-elle un atout ou un frein pour les deux entités? Financièrement, la
relégation de l'USAP a redistribué les cartes. Finie l'hégémonie
quinziste, les deux clubs affichent des budgets proches: 11 millions d'euros pour l'USAP et 10,5 pour les Dragons, dont
près de la moitié est apportée par des partenaires locaux.
"Il
existe une cohabitation saine entre nous", assure Bernard Guasch,
président des Dragons. "Mais, la présence de deux clubs de rugby
professionnels handicape leur développement économique. Nous sommes sur
un même marché, relativement restreint dans un département comme les
Pyrénées-Orientales." Un département qui de surcroît, avec 14,6% de taux
de chômage et près de 25.000 allocataires du RSA, traîne sa déprime
économique.
"Mais, en même temps, cette concurrence nous oblige à
être créatifs. Sur un même créneau, il ne faut pas s'endormir sur ses
lauriers", ajoute-t-il.
"J'ai toujours
considéré notre cohabitation comme une motivation bénéfique. Bien sûr
qu'il y a la place pour deux clubs", affirme pour sa part Sylvain
Deroeux, directeur général de l'USAP.
"La preuve, en dix ans (depuis la création des Dragons) le budget de l'USAP a quintuplé et celui des Dragons aussi. Et déjà, en 1995, on
me disait qu'il n'y avait pas la place pour deux clubs", rappelle-t-il.
L'affluence
des stades confirme. A Aimé-Giral, même en Pro D2, l'USAP dépasse
régulièrement la barre des 10.000 spectateurs. Et face à Castleford,
pour l'ouverture de la saison des Dragons, 9.169 supporters ont retrouvé
le chemin de Gilbert-Brutus.
Conséquence, les deux lieux pèsent
dans le tissu local. "En tant que partenaire des deux clubs, ce sont
deux lieux de réseaux qui comptent", juge Jean-Michel Merieux, PDG d'un
groupe de six restaurants dans le département. Les années 70, où XV et
XIII se disputaient les meilleurs joueurs et se permettaient tous les
coups pour affaiblir l'ennemi intime, semblent donc bien loin, même si
quelques anciens restent allergiques au voisin.
"Les rapports sont
désormais plutôt cordiaux. J'ai des amis usapistes que j'invite à
Brutus et inversement. Le temps des grosses rivalités s'éteint avec les
générations", analyse Bernard Llong, supporter historique des Dragons et
membre de la penya (club de supporters) des Dragons de la Têt.
"Aujourd'hui,
les jeunes pensent rugby, plus qu'USAP ou Dragons", confirme Jean-Marc
Pastoret, président des Barratines, club de supporters de l'USAP.
De
quoi imaginer une union sacrée ? "Non, une fusion n'est pas
d'actualité", coupe Bernard Guasch. "Mais, on peut imaginer des
passerelles au niveau des échanges entre les staffs techniques et sur la
formation des jeunes", suggère Sylvain Deroeux. Pour espérer rester
longtemps la terre des deux rugbys.
(AFP)
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