Nouvelle secousse à la Fifa, qui ébranle son sommet: son N.2, le
Français Jérôme Valcke, bras droit du président démissionnaire Joseph
Blatter, a été suspendu jeudi après avoir été accusé d'être impliqué
dans un système de revente massive de billets au marché noir.
La
Fédération internationale a indiqué dans un communiqué avoir "pris
connaissance d'une série d'allégations impliquant le secrétaire général
et a demandé qu'une enquête officielle soit menée par la Commission
d'éthique".
Ces accusations émanent de la presse anglaise et du
Daily Mail: le journal affirme que le Français est impliqué dans une
affaire de revente sur le marché noir de milliers de places lors de la
dernière Coupe du Monde au Brésil en 2014.
Le journal se base sur
des affirmations d'un dénommé Benny Alon, alors consultant pour une
société spécialisée, JB Sports Marketing. Selon lui, sa société
revendait jusqu'à trois fois leur valeur certaines des meilleurs places
du Mondial.
Jérôme Valcke a nié "vigoureusement" ces accusations
selon son avocat américain qui, dans un communiqué, évoque "des
allégations fabriquées". Selon ce texte, "M. Valcke n'a jamais reçu
d'argent" de M. Alon et le contrat avec la société de ce dernier avait
été "soumis à" et "ratifié par" la Fifa.
Avec la mise à l'écart
de Jérôme Valcke, c'est un proche de Joseph Blatter qui perd son poste,
alors que la Fifa est empêtrée dans le plus grand scandale de corruption
de son histoire depuis l'arrestation de plusieurs de ses hauts
dirigeants à Zurich en mai juste avant le Congrès électif.
Réélu
pour un 5e mandat, Sepp Blatter avait dû démissionner le 2 juin en
raison du scandale planétaire, et 14 personnes ont été inculpées par la
justice new-yorkaise: 9 membres de la Fifa, tous d'Amérique du Sud ou
centrale, et 5 hommes d'affaires, dans le secteur du marketing sportif.
- Campagne électorale -
Valcke était une pièce maîtresse de M. Blatter pour diriger la mécanique Fifa et gérer son administration.
Arrivé
à la Fifa en 2003 en tant que directeur marketing, Valcke en avait été
renvoyé trois ans plus tard: il était au coeur d'un litige entre deux
sponsors, Mastercard et Visa, qui devait coûter 90 millions de dollars
(environ 82 M EUR) à la Fédération internationale. Mais Blatter l'avait
réintégré quelques mois plus tard, en 2007, avec une belle promotion à
la clé, au rang de N.2.
Quelques heures avant l'annonce de la
démission de Blatter, un article du New York Times accusait Valcke
d'avoir transféré 10 M USD (9,1 M EUR) sur des comptes gérés par
l'ancien vice-président de la Fifa, le sulfureux Jack Warner, l'un des
personnages-clefs du scandale de corruption qui fait vaciller
l'organisation.
"Je n'ai aucune raison de dire que je ne devrais
pas rester secrétaire général, je n'ai aucune responsabilité, je n'ai
aucun reproche à me faire, je n'ai pas à me justifier d'être innocent",
avait déclaré le Français, le 3 juin sur France Info.
Il avait
aussi expliqué qu'il quitterait logiquement son poste à l'issue de
l'élection à la présidence, le 26 février 2016: "Si j'étais le nouveau
président de la Fifa, je prendrais un nouveau secrétaire général".
Le
départ du dirigeant français intervient en effet en pleine campagne
électorale pour la présidence de la Fifa, le 26 février prochain à
Zurich.
La succession de Joseph Blatter met aux prises notamment
le président de l'UEFA Michel Platini, le grand favori, le prince
jordanien Ali, le Brésilien Zico, le milliardaire sud-coréen et
ex-vice-président de la Fifa Chung Mong-joon et le président de la
Fédération libérienne Musa Bility.
- Extradition -
Très offensif depuis l'annonce de son départ et multipliant les
attaques contre les prétendants à son poste, Joseph Blatter a lancé une
commission des réformes, présidée par l'avocat François Carrard. Mais
tous les candidats disent vouloir rompre avec les méthodes du passé
incarnées par Blatter et Valcke.
Valcke hors-jeu, le Suisse se
retrouve donc bien seul pour ses derniers mois à la tête du navire Fifa.
Il n'a pas été auditionné par la justice mais il dirige la Fifa sans
jamais quitter la Suisse, préférant éviter "les voyages à risques",
comme il l'a dit récemment.
Quelques heures avant la chute
surprise de Valcke, le tsunami déclenché en mai contre la Fifa a franchi
jeudi une étape de procédure importante.
La justice suisse a
donné son accord à l'extradition vers les Etats Unis d'un ancien haut
cadre de l'instance mondiale arrêté fin mai, Eugenio Figueredo, alors
même que celui-ci y est opposé. Un autre responsable arrêté fin mai,
Jeffrey Webb, avait déjà été extradé en juillet, mais lui avait accepté
cette extradition.
(AFP)
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