mercredi 23 septembre 2015

Le rugby, l'autre ballon ovale des Etats-Unis

Quand on dit ballon ovale et Etats-Unis, on pense inévitablement au football américain. Et pourtant, même si sa popularité reste incomparable avec le sport préféré des Américains, le rugby est en train de se faire une petite place.

Pour leurs débuts en Coupe du Monde, les Eagles n'ont pas fait de miracle face aux Samoans (25-16). Mais pour la première fois, un match de Coupe du monde était diffusé en direct sur le réseau NBC Sports. Pas encore gratuitement certes, mais déjà un pas vers le grand public.
La fédération anglaise en tout cas y croit. Fin juillet, elle a investi dans la société fondée par la fédération américaine pour assurer son développement commercial. Justification: "Le rugby est désormais le sport qui croît le plus vite aux Etats-Unis".
"Notre présence ici a des conséquences très importantes. Les médias en parlent. Sur les quatre ou cinq dernières années, le rugby est le sport à avoir le plus progressé: plus de deux millions de jeunes jouent au rugby", explique à l'AFP l'entraîneur des avants américains, l'ex-international irlandais Justin Fitzpatrick.
"On espère que dans les deux ans, on aura une ligue professionnelle ou semi-pro, que les enfants commencent à regarder, à avoir envie de jouer", espère Takudzwa Ngwenya, l'ailier des Eagles.
"On a perdu mais heureusement on a fait du jeu contre les Samoans. Les gens aiment les impacts, quand ça perce dans tous les sens", estime le joueur de Biarritz, conscient qu'aux USA, le spectacle compte.

-'Un bout d'herbe et des crampons'- Face au football américain, le rugby a des arguments: "Quand on regarde les sports majeurs américains, le football par exemple, les équipements -casque, épaulières- coûtent chers. Au basket, tu as besoin d'une salle. Au rugby, tu as besoin d'un bout d'herbe et des crampons, c'est tout."
Preuve de cette popularité naissante: les grandes entreprises commencent à y regarder de plus près. "C'est une grande opportunité pour nous", note Matt McCarthy, le porte-parole des Eagles. "AIG (géant américain des assurances), par exemple, envoie des kit d'initiation dans les écoles. C'est malin et ça ne leur coûte pas cher."
Brett Thompson mesure le chemin accompli en quelques années. "Quand j'ai commencé le rugby dans l'Arizona, il n'y avait rien pour pratiquer le rugby, ni à l'école ni au lycée. Alors, j'ai joué au football américain à l'université et puis quand le rugby est devenu olympique, j'ai arrêté le football", explique l'ailier de 25 ans.
Car le vrai changement se situe au niveau scolaire, selon Fitzpatrick: "C'est vraiment ce qui a le plus changé: le nombre d'écoles et de lycées qui ont des programmes de rugby. Il y a deux ou trois Coupes du monde, on jouait au rugby à l'université, maintenant, c'est au lycée, et même avant."

- De 300 à 62.000 - Des progrès remarqués par Zach Fenoglio, professeur de chimie au Regis Jesuit High School à Aurora dans le Colorado. "Je suis l'entraîneur de l'équipe de rugby. Quand j'ai commencé, il y a avait 18 joueurs dans l'équipe", se rappelle le talonneur des Eagles. "Maintenant, nous pouvons aligner trois ou quatre équipes, il y a plus de 60 joueurs. Et ça augmente d'année en année, comme un peu partout."
Fitzpatrick a constaté le même engouement: "Quand j'ai joué la première fois aux Etats-Unis avec l'Irlande, à Manchester, New Hampshire, en 2000, c'était devant 300 spectateurs. Quinze ans plus tard, je suis au Soldier Field de Chicago devant plus de 62.000 personnes pour affronter les All Blacks, en direct sur NBC (en novembre 2014). Et on l'a fait deux fois, en 12 mois (contre l'Australie le 5 septembre)."
Un championnat pro à venir, le Mondial-2018 à VII à San Francisco, des municipalités comme à Glendale (Colorado) qui construisent des stades de rugby, la télévision qui s'implique ("Nous avons tellement de chaînes: elles ont besoin de contenu", selon McCarthy), l'avenir s'annonce plutôt radieux pour le rugby américain.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.