Loin de la Coupe du monde et de la victoire du Japon contre les
Springboks, le rugby a vécu une autre petite révolution samedi: frêle
silhouette au milieu de grands gaillards, Christine Hanizet est devenue
la première femme à arbitrer une rencontre professionnelle en France.
Cette
première a eu lieu en ProD2 pour la rencontre USAP-Dax, match en retard
de la première journée remporté par Perpignan, 36-28.
"J'ai vécu
cette première sans stress, avec beaucoup de concentration. Ca fait 15
ans que j'arbitre, je m'interdisais donc de me mettre la pression. Je ne
voyais pas pourquoi j'aurais perdu pied", a assuré cette chef de
service au sein de la police municipale de Revel (Haute-Garonne) après son baptême du feu.
La
saison dernière, Christine Hanizet officiait en Fédérale 1 (3e
division). Et les professionnels ne l'ont finalement pas plus
impressionnée que les amateurs qu'elle arbitrait jusqu'alors.
"Les
joueurs ont été tout à fait respectueux, comme d'habitude, comme lors
de mes années en Fédérale. Je crois qu'on ne s'impose pas, je veux
rester sérieuse et déterminée. Je ne suis pas dans le rapport de force",
a-t-elle souligné.
L'arbitrage, cette petite brune de 43 ans aux
cheveux courts y est venue "par défi", elle qui a fait du handball toute
sa jeunesse et n'est pas issue d'une famille de rugby.
- 'Je critiquais l'arbitre' -
"Je suis passionnée par le rugby. Je faisais comme la plupart des
spectateurs, je critiquais l'arbitre sans connaître les règles. Ca a
suscité chez moi une réaction. Je me suis dis +est-ce que tu serais
capable de faire ça, d'arbitrer une rencontre ?+", raconte-t-elle.
Après avoir fait le grand saut chez les pros, se voit-elle aller jusqu'en Top 14, l'élite du rugby français ?
"Je
n'y pense pas du tout, répond-elle. La Pro D2, c'est la cerise sur le
gâteau. Il me reste deux ans à arbitrer (jusqu'à la limite d'âge de 45
ans), je vais essayer de le faire le plus correctement possible et on
verra à la fin de la saison".
"Comblée" d'être la première femme à
arbitrer chez les pros, elle espère désormais avoir "ouvert une voie"
pour d'autres: "Si d'autres femmes suivent, ce sera très bien. Je
mentirais en disant qu'être une femme et être arbitre, c'est facile".
"Ca
a été dur, il a fallu faire ses preuves et il faut encore les faire,
mais on sent que les joueurs sont très respectueux", insiste-t-elle, en
formulant un voeu: "S'ils oublient que je suis une femme, tant mieux,
cela voudra dire que je me suis fait remarquer en tant qu'arbitre. C'est
l'essentiel pour moi".
(AFP)
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