mardi 20 octobre 2015

De quoi AccorHotels Arena POPB est-il le nom?

Alambiqué de prime abord, le nom de baptême du nouveau Bercy, AccorHotels Arena POPB, pourrait s'avérer un choix gagnant-gagnant pour toutes les parties: la salle, la Ville de Paris et le groupe hôtelier français.

Pour accrocher sa marque au fronton de l'historique POPB, Accor Hotels va débourser 3,35 millions d'euros (hors taxes) et acquérir pour 900.000 euros de loges dans la salle rénovée. Et ce chaque année pendant dix ans, avec une option de cinq ans renouvelables.
Une somme qui a permis de financer en partie les 135 millions d'euros de travaux de l'arena et dont la Ville de Paris touchera une part non négligeable (1 million d'euros par an).
De son côté Accor s'offre une belle figure de proue avec sa première opération de naming, appelée selon ses plans à rester unique. Une opération de promotion qui suit de quelques mois seulement son changement de nom, de Groupe Accor en Accor Hotels, et le lancement d'un plan numérique à 225 millions d'euros.
"Accor vient de changer de nom et de refondre sa stratégie", explique à l'AFP Jean-Philippe Danglade, professeur de marketing à la Kedge Business school et spécialiste du naming. "Ce naming tombe à pic: c'est une salle internationale dont la rénovation augmente l'attractivité. Contrairement à un stade de foot, il n'y a en outre pas d'aléa sportif, de relégation à redouter".

- 65% d'étrangers à Bercy - Fréquentée à 65% par des étrangers, l'arena parisienne va procurer une large visibilité à la marque, qui compte 23 millions de porteurs de cartes de fidélité dans le monde.
"A travers Bercy, Accor vise également un partenariat avec l'Américain AEG (actionnaire de la salle à 32%) qui a une énorme base de clientèle dont pourra bénéficier Accor. Il y a des intérêts communs", reprend Jean-Philippe Danglade.
L'une des deux loges Accor de Bercy sera ainsi dévolue aux clients les plus fidèles des Novotel, Sofitel et autres Pullman, les fleurons du groupe du CAC 40.
"Grâce à l'AccorHotels Arena POPB, nous allons promouvoir les qualités d'accueil et le savoir-faire du groupe. Cette dimension d'hospitalité a été prépondérante dans notre décision", renchérit Grégoire Champetier, directeur marketing d'Accor Hotels, conscient cependant de la difficulté à imposer auprès du public le nouveau patronyme de la salle.

- Le PC veut Alain Mimoun - "On ne va pas essayer de maîtriser le langage du consommateur. On ne va pas éradiquer le mot Bercy mais sans doute, à la longue, le mot POPB" que la Ville de Paris a souhaité conserver pour garder un lien avec le passé.
"On a conscience que Bercy restera Bercy et qu'AccorHotels Arena c'est long. Mais on a un contrat de 10 ans, ça donne le temps d'installer les choses. De toutes façons, les grands et beaux stades, on ne les amortit que de cette manière", reprend le patron marketing du groupe, qui verra son nom décliné sur tous les billets, affiches et matériel des tourneurs (les organisateurs de spectacles), à défaut de voir celui-ci passer dans le langage courant.
"Dans notre société, ce sont les usagers qui déterminent le nom des lieux au fur et à mesure de leur existence", reprend Jean-François Martins, adjoint à la maire de Paris en charge des sports, ravi d'une opération qui va permettre à l'enceinte de conserver son côté populaire et des tarifs abordables.
"C'est grâce à ce modèle économique, naming et augmentation du nombre de places VIP (de 500 à 2000) que la salle va rester accessible et que l'on pourra conserver les tarifs et la mission de service public", note-t-il.
Alors gagnant-gagnant le naming de Bercy ? Pas pour l'extrême gauche parisienne, vent debout contre une politique "inacceptable, symptomatique de la marchandisation du patrimoine sportif". Le PC-Front de Gauche avait proposé de donner à Bercy le nom d'Alain Mimoun, champion olympique du marathon à Melbourne en 1956. Plus romantique mais sans doute moins rentable.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.