Le président de l'UEFA Michel Platini s'est dit "le plus à même de
diriger le football mondial", dans un entretien jeudi dans le quotidien
suisse Le Matin, et ce malgré sa suspension de 90 jours pour ce
versement suspect de 1,8 M EUR entre Sepp Blatter et lui.
"On veut
m'empêcher de me présenter car on sait que j'ai toutes les chances de
gagner" et de devenir président de la Fifa, plaide l'ancien N.10,
estimant être "le seul à avoir une vision transversale du football":
"J'ai été joueur, entraîneur de l'équipe de France, dirigeant de club
avec Nancy, organisateur d'une Coupe du Monde et, aujourd'hui, patron de
la plus puissante confédération, un parcours que j'ai accompli avec
honnêteté. Je suis en toute modestie le plus à même de diriger le
football mondial".
Longtemps favori pour succéder à Joseph Blatter
comme président de la Fifa, lors de l'élection du 26 février, Platini a
vu sa situation se fragiliser après sa mise à l'écart à titre
conservatoire par la commission d'éthique de la Fifa, en raison d'un
versement controversé de 1,8 million d'euros de la part de Joseph
Blatter en 2011, pour un travail de conseiller mené de 1999 à 2002.
La
candidature de l'ancien N.10 à la présidence de la Fifa ne pourra en
effet pas être examinée par la commission électorale de l'instance
durant le temps de sa suspension de 90 jours, prononcée le 8 octobre.
"Cette suspension m'interdit de faire campagne et de me battre à armes
égales", regrette Platini dans Le Matin, tout en déroulant ses axes de
campagne: régulation des transferts, démocratie participative, fair-play
financier.
- 'Huile bouillante sur la tête' -
"J'ai l'impression d'être un chevalier du Moyen Age devant une
forteresse", décrit-il: "J'essaie d'entrer dans celle-ci pour y ramener
le football, mais à la place on me verse de l'huile bouillante sur la
tête."
Outre la présence face à lui de six candidats, dont le
cheikh Salman, le patron du foot asiatique, Platini a de plus été lâché
au dernier moment par l'UEFA lundi, au profit de son N.2, Gianni
Infantino.
"Je m'en réjouis", assure paradoxalement le Français,
présentant son secrétaire italo-suisse comme "un plan B" de l'UEFA: "Le
jour où je serai blanchi, tout rentrera dans l'ordre. Le comité
exécutif, Gianni et moi, nous nous réunirons pour réévaluer la
situation. Et l'on choisira la meilleure solution pour le football."
Selon
le camp Platini lundi, Infantino aurait assuré "oralement" devant le
comité exécutif de l'UEFA qu'il se retirera si son président est
finalement blanchi. Mais le clan du Français s'était dans le même temps
montré très sceptique: "La vérité d'aujourd'hui en politique n'est pas
celle du lendemain".
L'ancien meneur de jeu de l'équipe de France
affiche en tout cas sa sérénité, dans Le Matin, quant au fait qu'il sera
finalement blanchi: "On m'a toujours assuré que le paiement (reçu de
Blatter) avait suivi les règles de conformité internes de la Fifa".
C'est "le directeur financier (Markus) Kattner qui a procédé au virement
sur la base d'une facture en bonne et due forme", insiste-t-il.
Quant
à savoir si ce paiement décalé de neuf ans était un piège tendu par
Sepp Blatter, président démissionnaire de la Fifa, Platini évacue cette
hypothèse: "Je ne veux pas croire en une théorie du complot".
(AFP)
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