Le dernier décret manquant pour mettre en place l’indemnité kilométrique
vélo (IKV) est paru vendredi dernier au Journal officiel, avec effet
immédiat. Il est donc désormais possible, pour un salarié du secteur
privé qui vient au travail à vélo, de se voir verser par son employeur
une (petite) indemnité.
C’est une victoire pour les associations de promotion du vélo :
l’arsenal législatif permettant de lancer l’IKV est enfin complet. Mais
c’est peu dire que l’accouchement a été difficile : la mesure,
initialement promise par Ségolène Royal, n’a été maintenue dans la loi
sur la transition énergétique que parce que les parlementaires l’ont
imposée contre l’avis du gouvernement. Une fois la loi promulguée, Bercy
n’a eu de cesse de raboter la mesure, y réussissant d’ailleurs en
partie : d’obligatoire, l’IKV est devenue facultative. Lors du même
débat, le gouvernement a également imposé le plafonnement de cette
indemnité à 200 € par an, ce qui la rend, selon Véronique Michaud,
secrétaire générale du Club des villes et territoires cyclables, « peu attrayante ».
Reste que les entreprises volontaires peuvent désormais mettre en place
le système : le décret confirme que le montant de l’indemnité est de 25
centimes par kilomètre et qu’elle concerne aussi bien les vélos
classiques que les vélos à assistance électrique. Les déplacements
concernés sont les trajets domicile-travail ou les trajets entre le
domicile et une gare ou une station de transport collectif. Dans ce
dernier cas, l’IKV peut être cumulée avec le remboursement de
l’abonnement aux transports collectifs.
Le versement de l’IKV se fera dans les mêmes conditions que le
remboursement des frais de carburant, c’est-à-dire : dans les
entreprises où existent une ou plusieurs organisations syndicales, par
accord entre l’employeur et les représentants syndicaux ; et dans les
autres entreprises, par « décision unilatérale » de l’employeur, « après consultation du comité d’entreprise ou à défaut des délégués du personnel s’il en existe ».
Reste à savoir maintenant combien d’entreprises vont jouer le jeu. Le
fait que le dispositif ne soit plus obligatoire induit que le versement
de l’IKV sera le fruit d’une démarche citoyenne ou écologique des
employeurs. Mais, soulignent les défenseurs du vélo, les employeurs ont
un autre intérêt à encourager l’usage du vélo : les bénéfices de la
bicyclette en termes de santé n’étant plus à prouver, il serait
intéressant, à terme, de mesurer l’impact d’un développement des
déplacements à vélo sur l’absentéisme dans l’entreprise.
Ce sera d’ailleurs peut-être l’une des tâches du nouvel « Observatoire
de l’IKV » lancé par le Club des villes et territoires cyclables et
l’Ademe, aussitôt le décret paru. Objectif : « Faire connaître le
dispositif, aider les entreprises à le mettre en place, valoriser celles
qui s’y engagent et établir un suivi de sa mise en œuvre. »
Dernière grande question qui reste en suspens : ce dispositif
restera-t-il cantonné au secteur privé, ou le gouvernement envisage-t-il
de l’étendre à la fonction publique ? Ségolène Royal, lors de ses vœux
au Gart (Groupement des autorités responsables du transport) au début de
l’année, a glissé que ses services « travaillaient » sur la question.
(Maire info)
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