mercredi 11 février 2015

Droits télé : le foot anglais vers un record historique

Le foot anglais ne connaît pas la crise: la Premier League pourrait toucher une somme record, soit 5,4 milliards d'euros (4 milliards de livres), mi-février, avec la renégociation des droits TV au Royaume-Uni, à la faveur d'une concurrence féroce pour la période 2016-2019.

L'opérateur historique Sky, rejoint en 2013 par l'ambitieux BT, pourrait conserver son statut dominant, mais année après année son avance se réduit et les arrivées possibles de l'Américain Discovery, voire du Qatari beIN Sports promettent de rogner un peu plus son hégémonie.
Une guerre qui profite par ricochet à l'organisateur du championnat. Après avoir explosé de 77% il y a trois ans, les droits devraient grimper encore de près de 50% selon les analystes britanniques. Sans oublier plus de 2,5 milliards d'euros de rentrées provenant du reste de la planète.
Les candidats avaient jusqu'à vendredi pour transmettre des offres jugées très proches par les experts, et les acteurs, entrés dans un 2e tour de négociation dont l'épilogue est attendu, au plus tard, mi-février, ont été priés de revoir leur copie.
Pour rappel, BT menait "à la mi-temps" du dernier appel d'offres en 2012, mais Sky avait finalement réussi à l'emporter "sur la ligne".
Sky, le puissant groupe britannique de télévision satellitaire, avait remporté cinq lots sur sept et diffuse actuellement 116 des 154 matches par an pendant trois saisons, pour 3,1 milliards d'euros. Contre 38 rencontres payées 990 M EUR par l'opérateur historique de téléphonie fixe BT qui s'est diversifié pour enrayer son déclin après l'arrivée du mobile.
La procédure en cours prévoit toujours qu'aucune chaîne ne puisse diffuser plus de 75% des 168 rencontres en jeu et les deux acteurs actuels consolideraient bien leurs positions respectives avec 126 matches pour Sky et 42 pour BT, dont l'expansion tous azimuts est freinée par un régulateur des télécoms soucieux qu'il n'abuse pas de sa position dominante.
L'entrée dans la danse d'un 3e larron ferait toutefois voler en éclat ce petit "arrangement entre amis".
Le prix de vente par match, qui était encore de 5,74 M EUR "seulement" avant 2013, devrait ainsi bondir de 8,77 à environ 11 M EUR. Des chiffres incomparables aux 256 M EUR (au taux de change actuel) lâchés en 1992 par Sky, détenu à 39% par le magnat des médias Rupert Murdoch, pour cinq éditions d'un championnat anglais encore en sommeil.
Si les rumeurs actuelles devaient se vérifier, la Premier League, qui intéresse désormais près de 3 milliards de téléspectateurs dans 170 pays, deviendrait ainsi le 2e championnat le plus rentable au monde derrière la Ligue de football américain. Et évidemment de très loin le premier dans le football, le vrai, balle au pied.
Chaîne britannique traditionnelle du sport comme Canal+ l'est en France avec la L1, Sky a donc très mal pris l'incursion tapageuse dans le panorama de son concurrent direct dans la téléphonie ou l'internet.
L'affamé BT, qui a lancé à l'été 2013 trois chaînes thématiques, mène déjà dans certains domaines et est présent dans les sports mécaniques ou le rugby. Sa chasse sur les terres de Sky lui a même permis d'investir la très juteuse Ligue des champions contre le paiement d'un chèque de 1,2 milliards d'euros à l'UEFA mais BT doit maintenant élargir son offre domestique pour consolider son produit.
Cette course à l'échalote entre mastodontes a été depuis longtemps désertée par la traditionnelle BBC, toute heureuse il y a peu d'avoir conservé pour 274 M EUR les droits des résumés pour sa vénérable émission hebdomadaire.
La Premier League, qui désire une expansion maximum, continuera de sacraliser les matches du samedi après-midi, non retransmis pour ne pas vider les stades, mais envisage un lever de rideau le vendredi soir, habituellement zone de non-droit du foot anglais.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.