Le foot anglais ne connaît pas la crise:
la Premier League pourrait toucher une somme record, soit 5,4 milliards d'euros
(4 milliards de livres), mi-février, avec la renégociation des droits TV au
Royaume-Uni, à la faveur d'une concurrence féroce pour la période 2016-2019.
L'opérateur historique Sky, rejoint en 2013 par l'ambitieux BT, pourrait
conserver son statut dominant, mais année après année son avance se réduit et
les arrivées possibles de l'Américain Discovery, voire du Qatari beIN Sports
promettent de rogner un peu plus son hégémonie.
Une guerre qui profite par ricochet à l'organisateur du championnat. Après
avoir explosé de 77% il y a trois ans, les droits devraient grimper encore de
près de 50% selon les analystes britanniques. Sans oublier plus de 2,5
milliards d'euros de rentrées provenant du reste de la planète.
Les candidats avaient jusqu'à vendredi pour transmettre des offres jugées
très proches par les experts, et les acteurs, entrés dans un 2e tour de
négociation dont l'épilogue est attendu, au plus tard, mi-février, ont été
priés de revoir leur copie.
Pour rappel, BT menait "à la mi-temps" du dernier appel d'offres en 2012,
mais Sky avait finalement réussi à l'emporter "sur la ligne".
Sky, le puissant groupe britannique de télévision satellitaire, avait
remporté cinq lots sur sept et diffuse actuellement 116 des 154 matches par an
pendant trois saisons, pour 3,1 milliards d'euros. Contre 38 rencontres payées
990 M EUR par l'opérateur historique de téléphonie fixe BT qui s'est diversifié
pour enrayer son déclin après l'arrivée du mobile.
La procédure en cours prévoit toujours qu'aucune chaîne ne puisse diffuser
plus de 75% des 168 rencontres en jeu et les deux acteurs actuels
consolideraient bien leurs positions respectives avec 126 matches pour Sky et
42 pour BT, dont l'expansion tous azimuts est freinée par un régulateur des
télécoms soucieux qu'il n'abuse pas de sa position dominante.
L'entrée dans la danse d'un 3e larron ferait toutefois voler en éclat ce
petit "arrangement entre amis".
Le prix de vente par match, qui était encore de 5,74 M EUR "seulement"
avant 2013, devrait ainsi bondir de 8,77 à environ 11 M EUR.
Des chiffres incomparables aux 256 M EUR (au taux de change actuel) lâchés
en 1992 par Sky, détenu à 39% par le magnat des médias Rupert Murdoch, pour
cinq éditions d'un championnat anglais encore en sommeil.
Si les rumeurs actuelles devaient se vérifier, la Premier League, qui
intéresse désormais près de 3 milliards de téléspectateurs dans 170 pays,
deviendrait ainsi le 2e championnat le plus rentable au monde derrière la Ligue
de football américain. Et évidemment de très loin le premier dans le football,
le vrai, balle au pied.
Chaîne britannique traditionnelle du sport comme Canal+ l'est en France
avec la L1, Sky a donc très mal pris l'incursion tapageuse dans le panorama de
son concurrent direct dans la téléphonie ou l'internet.
L'affamé BT, qui a lancé à l'été 2013 trois chaînes thématiques, mène déjà
dans certains domaines et est présent dans les sports mécaniques ou le rugby.
Sa chasse sur les terres de Sky lui a même permis d'investir la très
juteuse Ligue des champions contre le paiement d'un chèque de 1,2 milliards
d'euros à l'UEFA mais BT doit maintenant élargir son offre domestique pour
consolider son produit.
Cette course à l'échalote entre mastodontes a été depuis longtemps désertée
par la traditionnelle BBC, toute heureuse il y a peu d'avoir conservé pour 274
M EUR les droits des résumés pour sa vénérable émission hebdomadaire.
La Premier League, qui désire une expansion maximum, continuera de
sacraliser les matches du samedi après-midi, non retransmis pour ne pas vider
les stades, mais envisage un lever de rideau le vendredi soir, habituellement
zone de non-droit du foot anglais.
(AFP)
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