Alors que la France hésite encore,
l'Allemagne, les Etats-Unis et l'Italie ont déjà franchi le pas et annoncé leur
candidature à l'organisation des JO-2024. Sans pour autant avoir déblayé en
amont tous les obstacles, ni surmonté les oppositions.
Les principales, comme de coutume, sont nourries par la crainte des
populations de voir leur contribution financière à l'effort olympique croître
avec l'avancement du projet.
Avec ses 73% d'opinions favorables, selon un sondage CSA publié mardi par
Direct Matin, la France porte d'ailleurs un projet beaucoup plus populaire que
ses rivales déclarées (51% à Boston, 62% à Hambourg, 50% à Berlin, alors que
les Italiens sont partagés en attendant un premier sondage).
D'ici à septembre, date du dépôt officiel des candidatures auprès du CIO,
d'autres candidates auront probablement déclaré leurs intentions. Certaines
capitales du Golfe, mais aussi Bakou et certaines villes sud-africaines
réfléchissent en effet à une candidature.
Un temps candidate pour les JO de 2020 avant de jeter l'éponge en raison de
la crise économique, Rome mise cette fois sur une candidature low-cost, qui
recyclerait les installations des JO de 1960, bien loin du dossier abandonné en
2012 qui prévoyait des Jeux à 10 milliards d'euros.
Porté jusqu'à présent par les politiques --le président du Conseil Matteo
Renzi et le maire Ignazio Marino-- ce "projet italien avec Rome pour centre"
selon Renzi, doit faire oublier aux Romains qu'ils payent encore les JO d'il y
a plus d'un demi-siècle (Rome compte 14 milliards d'euros de dettes) et qu'ils
ont depuis contribué à financer de faramineux éléphants blancs comme la Citta
dello Sport de l'architecte espagnol Santiago Calatrava, laissée à l'abandon
dans le quartier de Tor Vergata.
Un sacré travail de persuasion en perspective envers une population marquée
encore en décembre dernier par le scandale Mafia Capitale, qui a révélé une
corruption à grande échelle au sein de l'administration municipale en ce qui
concerne l'attribution des marchés publics.
Préférée à Washington, Los Angeles et San Francisco par le Comité olympique
américain, Boston a clairement bénéficié des nouvelles recommandations du CIO
prônant des Jeux à taille humaine et l'utilisation des installations existantes
--en l'occurrence la salle des Boston Celtics, les salles et stades des
universités--, ou temporaires (un stade olympique démontable de 60.000 places).
Mais la capitale du Massachusetts n'a rien d'un hub olympique et n'a jamais
organisé de grands événements sportifs. Elle bénéficie pourtant au sein du CIO
d'une humeur plus favorable que par le passé aux Etats-Unis, qui n'ont pas
accueilli les Jeux d'été depuis 1996 tout en étant leur premier contributeur
financier.
Tempérés par le peu d'enthousiasme de la population et par la puissance des
associations anti-JO, les organisateurs ont annoncé des budgets maîtrisés, sans
recours aux finances publiques, soit 4,7 milliards de dollars (4,1 milliards
d'euros) pour l'aspect opérationnel et 3,4 milliards de dollars (3 MdE) pour
les infrastructures.
En Allemagne, le comité olympique (DOSB) hésite encore entre Berlin et
Hambourg voire les deux, et prendra sa décision fin mars.
Hantés par l'échec de la candidature de Munich aux Jeux d'hiver-2018,
précipité par un référendum local défavorable, les responsables du mouvement
sportif scrutent les sondages d'opinion, plus favorables localement à Hambourg.
Pourtant, la ville de la Hanse possède beaucoup moins d'infrastructures
sportives que la capitale, riche d'un stade olympique, d'une piscine, d'un
vélodrome et de salles de grande capacité.
"La question est: où avons nous la meilleure assurance de ne pas revivre un
second Munich-2018 ?", juge Alfons Hörmann, président du comité olympique
allemand (DOSB). "Des Jeux sans l'approbation de la population, ça ne peut pas
marcher. Le sondage a une énorme signification".
Quel que soit le choix du DOSB, présidé jusqu'en 2013 par Thomas Bach,
devenu président du CIO, un référendum sera organisé en septembre. Se posera
alors la question clé: au regard de la nouvelle politique de transparence du
CIO, une ville allemande peut-elle être élue par une institution olympique
présidée par un Allemand ?
(AFP)
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