mercredi 11 février 2015

Ski : y a-t-il trop de stations dans les Pyrénées ?

La Cour des comptes s'est alarmée mercredi de la situation financière des stations de ski des Pyrénées et a estimé inévitable la restructuration ou la fermeture des domaines les moins rentables, un avis que ne partagent pas les professionnels locaux.

Malgré un bon enneigement et une saison prometteuse, le secteur du ski dans les Pyrénées traverse "une crise structurelle" et certaines stations devront "vraisemblablement être restructurées ou fermées", a affirmé mercredi Jean Mottes, président de la chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées.
Ce dernier présentait à la presse le rapport intitulé "L'avenir des stations de ski des Pyrénées : un redressement nécessaire, des choix inévitables", dans lequel la Cour s'inquiète du niveau d'endettement élevé des stations pyrénéennes, qui "atteint régulièrement 300% ou 400% du chiffre d'affaires".
Des chiffres à manipuler avec précaution car "les stations investissent sur 20 ou 25 ans pour construire un nouveau télésiège", a répondu Jean Canal, directeur de la Confédération pyrénéenne du tourisme, interrogé par l'AFP.
Le premier constat de la Cour est toutefois partagé par l'ensemble de la profession : la fréquentation des stations est en baisse depuis les années quatre-vingt-dix. Dans les Pyrénées, le "marché est arrivé à maturité" reconnaît Francis Guiard, directeur de la station de Cauterets (Hautes-Pyrénées).
Car, contrairement aux massifs alpins, les Pyrénées attirent peu d'étrangers en raison d'un "enneigement aléatoire" et de "conditions d'hébergement insuffisantes", a rappelé la Cour.
Mais elle avance d'autres explications à la dégradation de la situation financière des stations: un accès routier difficile et l'absence "totale" de services au pied des pistes .
"L'accès aux stations est bon, toutes les stations disposent d'une crèche et beaucoup proposent des spas en eau thermale", rétorque Jean Canal, tout en reconnaissant un manque de lits.
Pour pérenniser les activités de ski dans les Pyrénées, les stations doivent atteindre une "taille critique" et se restructurer au risque de devoir fermer, estime la chambre régionale. "Sur les 26 stations de ski des Pyrénées, neuf réalisent un chiffre d'affaires inférieur à 1 million d'euros", a rappelé Jean Mottes.
"Les Pyrénées n'ont pas attendues la Cour pour penser au regroupement", a souligné Jean Canal, citant l'exemple des stations mitoyennes de Barèges et La Mongie regroupées au sein du domaine du Grand Tourmalet (Hautes-Pyrénées). "Le premier gagnant c'est le client", a-t-il précisé, avant de préciser que les conditions géographiques ne permettaient pas toujours de relier les domaines.
De grands opérateurs comme Altiservice ou N'PY, gérant des stations sur toute la chaîne, mettent en oeuvre d'autres coopérations, proposant notamment sur leur plateforme internet la commercialisation de forfaits skis sur l'ensemble de leurs domaines.
M. Canal exclut la fermeture des plus petites stations: "Quand une petite station ferme, il y a un très faible transfert vers les autres stations." Il met aussi en avant "la rentabilité sociale des stations de ski", car "fermer une station, c'est tuer une vallée".
La Cour reconnaît la nécessité de maintenir l'activité des sports d'hiver dans les Pyrénées, car le secteur génère en moyenne un chiffre d'affaires annuel de 100 millions d'euros et emploie 10.000 personnes.
Pour cela, les départements devraient prendre en charge les investissements des stations de ski à la place des communes, un moyen qui éviterait également de "raisonner par vallée", estime-t-elle.
Les regroupements locaux peuvent en effet être entravés par des considérations politiques. Le directeur de la station de Cauterets, Francis Guiaud, a défendu pendant des années le rapprochement de sa station avec celle de Luz-Ardiden. Un projet suspendu car "l'équipe municipale favorable à ce projet a perdu les dernières élections", se désole-t-il.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.