Michel Platini et Joseph Blatter sont montés au front lundi pour nier
toute illégalité dans le versement de 2 M CHF (1,8 M EUR) du second au
premier en 2011, au coeur d'une enquête de la justice suisse, le
Français demandant même à être entendu par la commission d'éthique de la
Fifa.
"J'ai entièrement déclaré ces revenus" au fisc suisse, a
insisté Michel Platini, patron de l'UEFA et grandissime favori à la
succession du Valaisan de 79 ans à la tête du football mondial.
Pour
l'ex-triple Ballon d'or, il s'agit d'éteindre la polémique initiée par
la justice helvète vendredi, quand celle-ci a stigmatisé ce "paiement
(suspect), prétendument pour des travaux effectués entre janvier 1999 et
juin 2002".
Dans une lettre adressée aux 54 fédérations
européennes membres de l'UEFA, dont l'AFP a eu une copie, le Français
précise que ce paiement correspond à la période de 1998 à 2002, lors de
laquelle il avait été "employé par la Fifa".
"Il s'agissait d'un
travail à plein temps et mes fonctions étaient connues de tous. Ma
rémunération a été convenue à ce moment-là et après que des paiements
initiaux aient été effectués, le solde final de 2 millions de francs
suisses a été versé en février 2011", a insisté Michel Platini.
Dans
l'entourage de Platini, on précise que la Fifa, empêtrée dans l'affaire
ISL (société qui gérait les droits de diffusion et de marketing de la
Coupe du monde jusqu'à sa faillite en 2001) n'avait pas les liquidités à
l'époque pour finir de payer l'ancien capitaine des Bleus, qui n'avait
pas de son côté un besoin pressant d'argent.
Et l'ancien joueur de la Juventus Turin d'expliquer aussi avoir demandé à être entendu par la commission d'éthique de la Fifa.
- Blatter éteint les rumeurs de départ -
Quelques minutes auparavant, Sepp Blatter avait lui aussi plaidé
pour la légalité de ce versement, via un communiqué de ses avocats
suisses et américains. Il s'agit d'une "rétribution justifiée" pour le
travail de "conseiller à la présidence" effectué par l'ancien N.10 de
l'équipe de France à partir de 1998, a affirmé le Suisse, en ajoutant
que ce paiement a été "correctement inscrit dans les comptes de la Fifa,
y compris les retenues des charges pour la sécurité sociale".
Et
le Suisse d'éteindre au passage les rumeurs sur une éventuelle démission
de sa part, répétant vouloir "rester président" comme prévu, jusqu'au
26 février, date de l'élection de son successeur.
Démissionnaire
depuis le 2 juin, quatre jours à peine après sa réélection à un 5e
mandat à la tête de la Fifa, Blatter entend donc continuer à régler
jusqu'au bout les affaires courantes, malgré la poursuite pénale engagée
contre lui jeudi par la justice suisse pour "gestion déloyale" (soit
abus de biens sociaux) et "abus de confiance".
- Blatter n'explique pas tout -
Mais s'il a donné une explication à ce fameux versement de 2011 à
Michel Platini, Blatter doit toujours s'expliquer pour ce "contrat
défavorable" à la Fifa qu'il aurait signé en 2005 avec Jack Warner,
alors à la tête de l'Union caribéenne de football, en lui cédant très
en-dessous des prix du marché les droits de diffusion TV des
Mondiaux-2010 et 2014.
Lundi, la chambre d'instruction de la
commission d'éthique n'avait pas officiellement confirmé l'ouverture
d'une investigation, une clause de confidentialité stricte l'empêchant
de communiquer. Mais face à la gravité des faits reprochés à Blatter,
a-t-elle d'autre choix que d'enquêter?
"S'il y a un soupçon
initial, la chambre d'investigation de la commission lance une procédure
formelle", avait confirmé ce week-end à l'AFP Andreas Bantel,
porte-parole de la commission d'éthique.
Pour Guido Tognoni,
ancien conseiller du président de la Fifa, interrogé par l'AFP lundi,
"il est probable que Blatter va être suspendu. La Fifa n'a pas le choix,
elle se trouve dans une telle situation".
Une telle issue
verrait alors le Camerounais Issa Hayatou, premier vice-président senior
de la Fifa et patron du foot africain, monter sur le trône du foot
mondial. Une solution loin d'être idéale, souligne M. Tognoni. Car
Hayatou, 69 ans, n'est de fait pas exempt de tout reproche. En 2011, le
Comité international olympique (CIO) dont il est membre, lui avait
infligé un "blâme" pour avoir perçu 15.000 euros de la part d'ISL, un
partenaire commercial de la Fifa.
Après instruction de cette
affaire par sa chambre d'investigation, la chambre de jugement de la
commission d'éthique de la Fifa devra prendre une décision. Impossible
de savoir quand celle-ci pourrait tomber.
(AFP)
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