mardi 29 septembre 2015

Formule 1: Renault passe la première pour le rachat de Lotus

Des monoplaces au losange prêtes à vrombir à nouveau sur les circuits: Renault a lancé lundi le processus d'acquisition de l'écurie Lotus, première étape d'un retour plein et entier du groupe français en Formule 1 à l'horizon 2016.

Renault et Gravity Motorsports, filiale sportive du fonds d'investissement luxembourgeois propriétaire de l'équipe, Genii Capital, ont signé "une lettre d'intention portant sur l'acquisition potentielle par Renault d'une participation majoritaire dans le capital du Lotus F1 Team", a précisé le constructeur dans un communiqué.
Cette annonce était très attendue depuis l'ouverture des discussions entre Renault et Genii Capital, en mai/juin. Notamment par les 400 salariés du Lotus F1 Team dont les salaires d'août ont été payés grâce à un versement anticipé de Bernie Ecclestone, promoteur historique de la F1 et patron de Formula One Management (FOM).
Cette signature "marque le premier pas vers le projet d'une écurie Renault en Formule 1 en 2016, poursuivant ainsi 38 ans d'engagement de la marque" dans cette discipline, a ajouté Renault. Une référence à l'époque glorieuse de la marque française en F1.
Renault a en effet "inventé" le premier moteur turbo de F1, lancé en 1977 dans une monoplace jaune entrée dans les annales. Et l'écurie Renault F1 a conquis quatre titres mondiaux (pilotes et constructeurs), en 2005 et 2006, grâce à l'Espagnol Fernando Alonso. Cette même écurie a ensuite été rachetée complètement fin 2010 par l'homme d'affaires Gérard Lopez, via Genii Capital, puis rebaptisée Lotus.
Grâce à un champion du monde finlandais, Kimi Räikkönen, Lotus a terminé 4e du Championnat du monde des constructeurs en 2012 et 2013, avec des moteurs Renault. Puis la saison 2014 catastrophique, en raison principalement de son moteur français, a incité Lotus à se rabattre sur des moteurs Mercedes pour 2015, alors que Lopez faisait des économies et prenait du recul.

- Sursis à Londres - Renault, toujours motoriste cette saison des écuries Red Bull et Toro Rosso, indique aussi vouloir travailler avec Gravity "dans les prochaines semaines, pour transformer cette lettre d'intention en accord définitif, sous réserve que tous les termes et conditions entre eux et avec les parties prenantes se concrétisent".
Le rachat d'une écurie de F1 est en effet un processus compliqué, surtout s'il y a changement de nom: celui-ci dépend de règlements très stricts, de contrats commerciaux à long terme et nécessite, dans certains cas bien précis, l'accord unanime des écuries rivales.
Genii Capital ayant coupé les vivres, Lotus traverse actuellement de grosses difficultés financières, qui ont retardé la conclusion d'un accord avec Renault. Ce week-end au GP du Japon, ses membres n'ont pas pu accéder à leur bungalow, dans le paddock, en raison d'une facture impayée.
Lundi, quelques heures après l'annonce de la lettre d'intention de Renault, un juge de la Haute Cour de Londres a accordé un sursis de dix semaines à l'écurie anglo-luxembourgeoise, jusqu'au 7 décembre, contre la promesse d'un versement de 3,6 M EUR, cette semaine, à l'administration fiscale britannique.
Fin juin à Londres, le PDG du groupe, Carlos Ghosn, avait affirmé que la présence de Renault en Formule 1 après 2016 dépendrait du "retour sur investissement". Allusion à la question des juteux droits commerciaux (plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaire en 2014) et de leur répartition future par la FOM de Bernie Ecclestone.

- Marque "historique" de la F1 - Alors que le budget global d'une écurie de F1 varie entre 100 et 300 millions d'euros par saison, le Lotus F1 Team était récemment dans la fourchette basse, et donc incapable de lutter avec les constructeurs comme Mercedes ou Ferrari. Ou même avec le leader mondial de la boisson énergisante, Red Bull Racing, quatre fois champion du monde (2010-2013) avec ses moteurs Renault.
Fin mai, Carlos Ghosn a eu une discussion orageuse avec Ecclestone dans le paddock du GP de Monaco pour que Renault obtienne le statut de marque "historique" de la F1, en vertu de sa présence quasi-ininterrompue depuis 1977 sous différentes formes (écurie ou motoriste). A la clé, des revenus commerciaux supplémentaires, confidentiels mais estimés à plusieurs dizaines de millions d'euros par an.
Aucun détail n'a été donné, mais un accord semble avoir été finalement trouvé puisque Ecclestone s'étonnait le week-end dernier en marge du GP du Japon à Suzuka qu'un "grand groupe comme Renault tarde autant" à annoncer la reprise de Lotus, affirmant évasivement que la FOM avait "répondu sur ce point précis" du statut historique... et des revenus supplémentaires.
Le groupe Renault affiche une bonne santé financière, ayant quasiment doublé son bénéfice net au premier semestre 2015 à 1,39 milliard d'euros, après avoir dégagé 1,89 milliard pendant l'exercice 2014.

(AFP)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.