jeudi 8 octobre 2015

Boxe, cyclisme et course à pied: ces sports des politiques qui en disent long

Valérie Pécresse et Manuel Valls font de la boxe, Nicolas Sarkozy et Jean-Yves Le Drian pédalent, Bruno Le Maire court... Hommes et femmes politiques veulent quasiment tous montrer combien ils sont dynamiques et combatifs en dévoilant leurs pratiques sportives.

Ce goût pour le sport ne date pas d'hier. Sur les pistes de Courchevel, Valéry Giscard d'Estaing semait à ski les gendarmes chargés de sa sécurité, aux dires des reporters de l'époque... Et le moniteur de ski du président l'assurait sur les ondes: "il aime la vitesse".
Historien du sport et professeur à Rennes II, Mickaël Attali a travaillé sur le sujet. Il relève que la mise en scène des pratiques sportives par les hommes politiques est assez "récente", citant notamment Laurent Fabius jouant au tennis au début des années 80. "Aujourd'hui, cela fait partie de leur CV", explique-t-il.
Autre ténor socialiste tennisman, après des années de compétition de basket, l'ancien Premier ministre Lionel Jospin. A 78 ans, son secrétariat l'assure, "oui, il continue de jouer au tennis".
Un sport dont était adepte Chaban-Delmas, qui paraît-il sortait de l'Assemblée les raquettes sous le bras mais qui semble moins à la mode aujourd'hui.
Le duel, le combat, le dépassement de soi, l'énergie, mais aussi être en bonne santé et contrôler son corps: le sport fait figure de métaphore de la politique.
Adepte du karaté depuis son plus jeune âge, sport familial, Chantal Jouanno, ex-ministre des Sports et championne, explique à l'AFP que "le sport est mis en scène par les politiques dès lors que cela sert leur image". Pour elle, "il y a un message dans chaque sport".

- L'équitation, "un sport de riche" - "Le sport est dominé par des valeurs, des vertus, par tout un système symbolique que les hommes politiques essaient d'exploiter", explique M. Attali. Ainsi, avec la course à pied, c'est "la capacité d'aller au-delà de ses limites, le travail, la régularité... et aussi la santé".
Beaucoup d'hommes et de femmes politiques courent. Dominique de Villepin le marathonien s'est même affiché dans Jogging Magazine. Son ancien directeur de cabinet Bruno Le Maire, désormais lancé dans la course présidentielle, use aussi ses semelles, trois fois par semaine, pour se procurer "détente et concentration", dit-on dans son entourage.
Fana de sport automobile, l'ex-Premier ministre François Fillon court trois fois par semaine. Incognito dans les rues de Paris, avec casquette et lunettes, confie-t-il à l'AFP. Dans le livre qu'il vient de sortir, il raconte aussi ses souvenirs inédits d'alpinisme.
"Le jogging est une activité populaire, c'est aussi montrer qu'on est comme le Français moyen", décrypte M. Attali.
La natation est moins mise en avant, exceptée par NKM, photographiée en "shorty" de natation. C'est également le sport actuel d'Alain Juppé, qui "nage aussi souvent que possible" d'après son entourage.
"C'est un sport complet, d'endurance", commente Chantal Jouanno, qui fait aussi de l'équitation. Une activité "pas porteuse politiquement car considérée comme un sport de riche", dit-elle sans détours.
Le vélo a également ses adeptes. L'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, qui se définit comme un "grimpeur" par exemple, mais aussi des ministres du gouvernement. Ainsi le Breton Jean-Yves Le Drian et le Sarthois Stéphane Le Foll s'y adonnent-ils sur les terres de l'Ouest, terre de vélo.
Depuis quelques temps est apparue une nouvelle pratique avec la boxe. Sport "viril" par excellence, qui symbolise "le combat" et "la dureté au mal", souligne M. Attali. Quand l'affaire du compte en Suisse de Jérôme Cahuzac avait éclaté, on avait appris que le socialiste s'était entraîné à la boxe avec Philippe Péninque, ex du GUD.
Manuel Valls s'y est mis et s'entraîne à Matignon. Plus étonnant, l'ancienne ministre du Budget Valérie Pécresse, candidate à la région IDF, tape aussi dans un sac. "D'une certaine manière, elle dit +je ne suis pas la femme politique lambda, je ne fais pas partie de la caste+", estime M. Attali. Le député-maire du Havre, Edouard Philippe, a également succombé à cette passion.
Parmi les rares non-pratiquants, François Hollande reconnaît ne "'jamais faire de gym". En revanche, il aime le football, vrai sport populaire.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.