Valérie Pécresse et Manuel Valls font de la boxe, Nicolas Sarkozy et
Jean-Yves Le Drian pédalent, Bruno Le Maire court... Hommes et femmes
politiques veulent quasiment tous montrer combien ils sont dynamiques et
combatifs en dévoilant leurs pratiques sportives.
Ce goût pour
le sport ne date pas d'hier. Sur les pistes de Courchevel, Valéry
Giscard d'Estaing semait à ski les gendarmes chargés de sa sécurité, aux
dires des reporters de l'époque... Et le moniteur de ski du président
l'assurait sur les ondes: "il aime la vitesse".
Historien du
sport et professeur à Rennes II, Mickaël Attali a travaillé sur le
sujet. Il relève que la mise en scène des pratiques sportives par les
hommes politiques est assez "récente", citant notamment Laurent Fabius
jouant au tennis au début des années 80. "Aujourd'hui, cela fait partie
de leur CV", explique-t-il.
Autre ténor socialiste tennisman,
après des années de compétition de basket, l'ancien Premier ministre
Lionel Jospin. A 78 ans, son secrétariat l'assure, "oui, il continue de
jouer au tennis".
Un sport dont était adepte Chaban-Delmas, qui
paraît-il sortait de l'Assemblée les raquettes sous le bras mais qui
semble moins à la mode aujourd'hui.
Le duel, le combat, le
dépassement de soi, l'énergie, mais aussi être en bonne santé et
contrôler son corps: le sport fait figure de métaphore de la politique.
Adepte
du karaté depuis son plus jeune âge, sport familial, Chantal Jouanno,
ex-ministre des Sports et championne, explique à l'AFP que "le sport est
mis en scène par les politiques dès lors que cela sert leur image".
Pour elle, "il y a un message dans chaque sport".
- L'équitation, "un sport de riche" -
"Le sport est dominé par des valeurs, des vertus, par tout un
système symbolique que les hommes politiques essaient d'exploiter",
explique M. Attali. Ainsi, avec la course à pied, c'est "la capacité
d'aller au-delà de ses limites, le travail, la régularité... et aussi la
santé".
Beaucoup d'hommes et de femmes politiques courent.
Dominique de Villepin le marathonien s'est même affiché dans Jogging
Magazine. Son ancien directeur de cabinet Bruno Le Maire, désormais
lancé dans la course présidentielle, use aussi ses semelles, trois fois
par semaine, pour se procurer "détente et concentration", dit-on dans
son entourage.
Fana de sport automobile, l'ex-Premier ministre
François Fillon court trois fois par semaine. Incognito dans les rues de
Paris, avec casquette et lunettes, confie-t-il à l'AFP. Dans le livre
qu'il vient de sortir, il raconte aussi ses souvenirs inédits
d'alpinisme.
"Le jogging est une activité populaire, c'est aussi montrer qu'on est comme le Français moyen", décrypte M. Attali.
La
natation est moins mise en avant, exceptée par NKM, photographiée en
"shorty" de natation. C'est également le sport actuel d'Alain Juppé, qui
"nage aussi souvent que possible" d'après son entourage.
"C'est
un sport complet, d'endurance", commente Chantal Jouanno, qui fait aussi
de l'équitation. Une activité "pas porteuse politiquement car
considérée comme un sport de riche", dit-elle sans détours.
Le
vélo a également ses adeptes. L'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy,
qui se définit comme un "grimpeur" par exemple, mais aussi des ministres
du gouvernement. Ainsi le Breton Jean-Yves Le Drian et le Sarthois
Stéphane Le Foll s'y adonnent-ils sur les terres de l'Ouest, terre de
vélo.
Depuis quelques temps est apparue une nouvelle pratique avec
la boxe. Sport "viril" par excellence, qui symbolise "le combat" et "la
dureté au mal", souligne M. Attali. Quand l'affaire du compte en Suisse
de Jérôme Cahuzac avait éclaté, on avait appris que le socialiste
s'était entraîné à la boxe avec Philippe Péninque, ex du GUD.
Manuel
Valls s'y est mis et s'entraîne à Matignon. Plus étonnant, l'ancienne
ministre du Budget Valérie Pécresse, candidate à la région IDF, tape aussi dans un sac. "D'une certaine manière, elle dit +je ne
suis pas la femme politique lambda, je ne fais pas partie de la caste+",
estime M. Attali. Le député-maire du Havre, Edouard Philippe, a
également succombé à cette passion.
Parmi les rares
non-pratiquants, François Hollande reconnaît ne "'jamais faire de gym".
En revanche, il aime le football, vrai sport populaire.
(AFP)
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