Trouver des sponsors dans la voile est "infiniment plus dur" que de
traverser l'Atlantique en solitaire, estime le jeune skipper alsacien
Nicolas Boidevézi qui a baptisé son bateau "Adopteunskipper.net" pour
faire passer le message.
Mais à 33 ans et à quelques jours de
prendre le départ dimanche de la Transat Jacques Vabre Le Havre-Itajai
(Brésil), le navigateur est déterminé à réaliser son rêve: participer au
Vendée Globe 2016.
Question: Adopteunskipper.net, ce nom sonne presque comme une bouteille à la mer...
Réponse:
"Comme on n'a pas de partenaire financier majeur, il fallait qu'on soit
identifiable et il faut un nom qui sous-entende qu'on cherche des
partenaires, des sponsors. On voulait faire original".
Q: Pour courir en Imoca (monocoques de 18,28 m), vous avez dû d'abord trouver un bateau. C'était compliqué?
R:
"Il y a plus de skippers en recherche de bateau que de bateaux
disponibles, mais on a réussi à réagir de façon très rapide et réactive
avec un investisseur privé pour acquérir celui-ci. On a signé en avril,
mais il a été livré début septembre, donc on n'a pas eu beaucoup de
temps pour le préparer. C'est ça qui a été compliqué parce qu'on avait
un budget au strict minimum voire quasi nul. Heureusement, on a récupéré un
bateau assez prêt et fiabilisé par l'équipe précédente puisqu'il a couru
le Vendée Globe 2012. On s'est +arraché+ avec une tout petite équipe de
mercenaires qui ne compte pas l'énergie dépensée pour être prêt dans
quelques jours".
Q: Votre objectif, c'est le Vendée Globe dans un an. Où en êtes vous côté budget?
R: "Malheureusement, il me manque tout le budget de fonctionnement. Aujourd'hui, pour un Vendée Globe, quel que soit le
niveau de performance visé, on table sur une enveloppe de fonctionnement
qui est autour d'un million, un million et demi d'euros. Mais c'est un
événement d'une telle importance qu'on ne s'y prépare pas en une
semaine. Il y a des étapes indispensables, comme de participer à
d'autres courses comme la +Jacques Vabre+. C'est une question de
crédibilité, de notoriété, pour faire parler du projet et montrer qu'on
est présent dans le circuit Imoca. Mais c'est également important sur le
plan sportif, pour la prise en main du bateau. Il y a beaucoup de
choses qu'il faut apprendre à gérer en termes d'efforts, en termes
techniques. Je vais rentrer très vite après la +Jacques Vabre+ pour
aller à la rencontre des entreprises".
Q: C'est très compliqué, la chasse aux sponsors?
R: "Cela
fait 5 ans que c'est compliqué et ça ne s'arrange pas. On peut avoir un
projet ultra bien ficelé et ne jamais réussir à transformer. Et on peut
tomber par hasard sur un gars dans un bar qui finira par être votre
sponsor principal pour le Vendée Globe. Trouver des sponsors est
infiniment plus dur que de participer à une course en solitaire et
d'emmener un bateau de l'autre côté de l'Atlantique. Je travaille dur
depuis à peu près 3 ans sur ce projet Vendée Globe. On a beaucoup
d'interlocuteurs, de +prospects+, de zones géographiques de recherches.
Malheureusement, on a toujours du mal à transformer les +prospects+ en
partenaires".
Q: Il y a pourtant pas mal de bateaux neufs cette année. Ce sont les arbres qui cachent la forêt?
R:
"Il y a évidemment des bateaux qui ont l'air ultra prêts, avec de
belles couleurs, un beau design et de beaux partenaires. Mais ça ne veut
pas forcément dire que le projet est débordant de financements. A
l'inverse, nous, on n'a effectivement pas encore de partenaire financier
majeur mais on arrive à être au départ".
(AFP)
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