mardi 27 octobre 2015

Transat Jacques Vabre - Trouver un budget: plus dur qu'une course en solo

Trouver des sponsors dans la voile est "infiniment plus dur" que de traverser l'Atlantique en solitaire, estime le jeune skipper alsacien Nicolas Boidevézi qui a baptisé son bateau "Adopteunskipper.net" pour faire passer le message.
Mais à 33 ans et à quelques jours de prendre le départ dimanche de la Transat Jacques Vabre Le Havre-Itajai (Brésil), le navigateur est déterminé à réaliser son rêve: participer au Vendée Globe 2016.

Question: Adopteunskipper.net, ce nom sonne presque comme une bouteille à la mer...
Réponse: "Comme on n'a pas de partenaire financier majeur, il fallait qu'on soit identifiable et il faut un nom qui sous-entende qu'on cherche des partenaires, des sponsors. On voulait faire original".
Q: Pour courir en Imoca (monocoques de 18,28 m), vous avez dû d'abord trouver un bateau. C'était compliqué?
R: "Il y a plus de skippers en recherche de bateau que de bateaux disponibles, mais on a réussi à réagir de façon très rapide et réactive avec un investisseur privé pour acquérir celui-ci. On a signé en avril, mais il a été livré début septembre, donc on n'a pas eu beaucoup de temps pour le préparer. C'est ça qui a été compliqué parce qu'on avait un budget au strict minimum voire quasi nul. Heureusement, on a récupéré un bateau assez prêt et fiabilisé par l'équipe précédente puisqu'il a couru le Vendée Globe 2012. On s'est +arraché+ avec une tout petite équipe de mercenaires qui ne compte pas l'énergie dépensée pour être prêt dans quelques jours".
Q: Votre objectif, c'est le Vendée Globe dans un an. Où en êtes vous côté budget?
R: "Malheureusement, il me manque tout le budget de fonctionnement. Aujourd'hui, pour un Vendée Globe, quel que soit le niveau de performance visé, on table sur une enveloppe de fonctionnement qui est autour d'un million, un million et demi d'euros. Mais c'est un événement d'une telle importance qu'on ne s'y prépare pas en une semaine. Il y a des étapes indispensables, comme de participer à d'autres courses comme la +Jacques Vabre+. C'est une question de crédibilité, de notoriété, pour faire parler du projet et montrer qu'on est présent dans le circuit Imoca. Mais c'est également important sur le plan sportif, pour la prise en main du bateau. Il y a beaucoup de choses qu'il faut apprendre à gérer en termes d'efforts, en termes techniques. Je vais rentrer très vite après la +Jacques Vabre+ pour aller à la rencontre des entreprises".
Q: C'est très compliqué, la chasse aux sponsors?
R: "Cela fait 5 ans que c'est compliqué et ça ne s'arrange pas. On peut avoir un projet ultra bien ficelé et ne jamais réussir à transformer. Et on peut tomber par hasard sur un gars dans un bar qui finira par être votre sponsor principal pour le Vendée Globe. Trouver des sponsors est infiniment plus dur que de participer à une course en solitaire et d'emmener un bateau de l'autre côté de l'Atlantique. Je travaille dur depuis à peu près 3 ans sur ce projet Vendée Globe. On a beaucoup d'interlocuteurs, de +prospects+, de zones géographiques de recherches. Malheureusement, on a toujours du mal à transformer les +prospects+ en partenaires".
Q: Il y a pourtant pas mal de bateaux neufs cette année. Ce sont les arbres qui cachent la forêt?
R: "Il y a évidemment des bateaux qui ont l'air ultra prêts, avec de belles couleurs, un beau design et de beaux partenaires. Mais ça ne veut pas forcément dire que le projet est débordant de financements. A l'inverse, nous, on n'a effectivement pas encore de partenaire financier majeur mais on arrive à être au départ".

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.