Installer un nouveau centre d'entraînement du PSG à Grignon? Ce serait
"un gâchis monstre", s'alarme Sophie Sauteur, riveraine de cette
localité des Yvelines où est installée AgroParisTech, prestigieuse école
d'ingénieurs qui doit bientôt déménager en Essonne.
Il n'y aurait
"pas plus ravageur que le projet du PSG : 13 terrains de foot, ou 18
selon les sources, plus des droits à construire à céder pour une
résidence hôtelière... C'est un peu comme une chimère, ça n'a aucun
sens!", s'inquiète l'élue locale (SE), vice-présidente du "Collectif
pour le futur du site de Grignon", qui s'oppose au projet.
Grignon, avec son château Louis XIII et ses dépendances, où évoluent 330
élèves à l'année, et surtout ses 260 hectares de forêts et de pâtures,
fait partie avec Poissy des sites pressentis pour succéder au Camp des
loges de Saint-Germain-en-Laye. Le centre de formation et d'entraînement
ne suffit plus au club, installé là depuis les années 1970, qui a
changé de dimension depuis son rachat en 2011 par les Qataris.
Le
site envisagé par le PSG, ceint de 7 km de murs courant à travers la
campagne vallonnée, est actuellement occupé par AgroParisTech, qui doit
"déménager en 2020 sur le plateau de Saclay", confirme le directeur du
site de Grignon Jacques Melin.
"Les Domaines ont estimé le bien",
propriété de l'Etat, "à 35 millions d'euros", précise Cyrille Barrier,
assistant ingénieur employé d'AgroParisTech et élu CGT. Quant à la somme
que le PSG serait prêt à y mettre, "on a entendu parler de 50
millions", plus "200 millions d'investissement", ajoute l'opposant.
Le Paris SG, lui, reste laconique. Il travaille "sur les différents
projets" et doit annoncer sa "décision au plus tard en avril", a
récemment indiqué le directeur général du club, Jean-Claude Blanc.
A Grignon, la date du 6 avril, jour de rencontre du PSG contre
Manchester City en quart de finale aller de la Ligue des Champions, est
sur toutes les lèvres. A la mairie, contactée à l'automne dernier par le
club, on avance plutôt "la mi-avril" pour une décision.
- Concept "pas du tout pharaonique" -
Selon le maire (SE) Rémi Lucet, le "concept" qui lui a alors été
présenté ne "paraissait pas du tout pharaonique". "Protection du
patrimoine assurée", "zone naturelle pas impactée", témoigne l'édile.
Pour lui, le fait "qu'il y ait un repreneur est plutôt une bonne
nouvelle" et "80% de la population" du village (1.080 habitants) tient
"le même raisonnement pragmatique que la mairie".
Avant que le
couperet ne tombe, les opposants tentent de mobiliser lors de
manifestations et par pétition (23.000 signatures recueillies depuis
novembre 2015, selon le collectif).
"On a ici un château qui est
classé monument historique, un domaine de 300 hectares... C'est un
patrimoine à la fois historique, scientifique -puisque c'est le berceau
de l'école d'agriculture en France-, c'est aussi un site géologique
remarquable qui est connu dans le monde entier!", s'insurge Jacques
Bruggeman, trésorier de l'association.
"Nous n'avons rien contre
le PSG en particulier", mais "on ne veut pas voir ce site partir du
domaine public", renchérit Cyrille Barrier.
Mardi, le collectif a
fait savoir à l'AFP qu'il débutait un "combat juridique" en demandant
aux autorités administratives un accès aux informations sur une
éventuelle mise en vente du site.
"S'il s'avérait qu'une décision a
été prise qui contribue à la réalisation de ce projet, nous
l'attaquerions devant la justice administrative", assure Me Arnaud
Gossement, représentant le collectif.
En attendant, Sophie Sauteur
peste contre des élus locaux qui "ne se battent pas pour faire de ce
site de Grignon un outil de développement autour d'un patrimoine qui est
vraiment en adéquation avec le milieu rural auquel nous appartenons".
Et de s'insurger contre le maire d'une commune limitrophe qui, en
conseil municipal, "a dit qu'il trouverait ça plutôt sympa de voir des
Ferrari dans les rues" de sa ville.
(AFP)
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