Alors que les incidents se sont multipliés dans les villes-hôtes de l’Euro 2016 depuis l’ouverture du tournoi, le gouvernement estime que le bilan de la sécurité est « globalement positif ». Les faits sont toutefois un peu plus sévères que ne le voudraient les ministres concernés.Alors que les terrasses du centre-ville de Toulouse ont été
démantelées, ce lundi 20 mai, pour répondre à la demande de la
préfecture en raison des risques pesant sur le match Russie-Pays de
Galles qui doit se tenir le soir même, le gouvernement français estime
que le constat sur la sécurité de l’Euro 2016 de football est « globalement positif ».
A l’issue d’une réunion du centre interministériel de crise de
sécurité de l’Euro tenue lundi 20 juin place Beauvau, Bernard Cazeneuve,
ministre de l’Intérieur, et Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la
Jeunesse et des Sports, ont affirmé dans un communiqué commun qu’ « à
l’exception des incidents survenus à Marseille samedi 11 juin, les
matchs se sont déroulés sans incidents notables et les dispositifs de
sécurité ont permis, jusqu’à présent, un bon déroulement de la
compétition ».
« Face aux violences, l’Etat est d’une fermeté totale », ont
ajouté les ministres. Depuis le début de la compétition, les forces de
l’ordre ont procédé à l’interpellation de 557 individus, notamment pour
violences, vols ou dégradations de biens. Parmi elles, 344 ont été
placées en garde à vue, 21 ont déjà été condamnées à des peines de
prison ferme et 6 avec sursis. Par ailleurs, 25 personnes ont fait
l’objet d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière.
Le risque hooligan « insuffisamment » pris en compte
Avant l’événement, la communication gouvernementale autour de la
sécurité s’est essentiellement focalisée sur le risque d’attentats,
alors que les effectifs mobilisés atteignait près de 90.000 personnes,
dont 42.000 policiers, 30.000 gendarmes et plus de 10.000 agents privés,
du jamais-vu en France.
Est-ce à dire que le risque de hooliganisme a été sous-estimé ? Oui
et non. Pour Nicolas Hourcade, sociologue à l'Ecole centrale de Lyon et
spécialiste des supporteurs, « le risque hooligan a été pris en
compte, mais insuffisamment. La France n'a pas trop l'habitude d'être
confrontée à des hooligans, donc la police n'est pas préparée à gérer ce
problème. Si on prend les grandes compétitions internationales de ces
vingt dernières années en Europe, c'est en France que les incidents les
plus sérieux ont eu lieu, notamment à Marseille en 1998 et en 2016 ».
Par ailleurs, contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement,
Marseille n’a pas été la seule ville touchée par des incidents,
lesquels se sont notamment déroulés à Lyon, Lille ou Nice. Au total,
huit équipes, soit un tiers des engagés dans l'Euro 2016, sont
actuellement concernées par des procédures disciplinaires engagées par
l’UEFA pour des écarts, plus ou moins graves, de leurs supporteurs. Ce
qui fait dire à Nicolas Hourcade qu' « après les graves violences du
premier week-end, il y a eu des petits incidents un peu partout dans
plusieurs villes. Il est donc difficile de prétendre que la gestion de
la sécurité est un succès ».
(RFI)
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