mardi 28 juin 2016

Tour de France: les collectivités locales investissent des "fortunes"

La Grande Boucle, c'est "une page de publicité exceptionnelle", auprès de 190 pays, et les élus locaux investissent des "fortunes" pour se la payer, dans l'espoir de retombées économiques bien supérieures aux dépenses initiales.

"Le Tour de France, ça coûte une fortune", reconnaît Hervé Morin, le président UDI de la Région Normandie qui accueille le Tour pour son Grand Départ samedi au Mont-Saint-Michel, avant 435 km de parcours dans la Manche, en un prologue et deux étapes. La collectivité a investi 1,3 million d'euros dans l'événement, qui n'en demeure pas moins une chance pour la Région, souligne toutefois le député de l'Eure auprès de l'AFP.
"Ce sont les retombées financières pour l'économie locale qu'il faut voir, de quatre à cinq fois le montant de l'investissement", sans tenir compte du gain de notoriété, assure Philippe Bas, président LR du conseil départemental de la Manche, à l'AFP. Le département a lui investi 2,6 millions d'euros dans le Tour, qui revendique quatre millions de téléspectateurs en moyenne sur les directs de France 2 l'après-midi.
Pour les élus, l'investissement est loin d'être déraisonnable lorsqu'on considère le coût d'un spot publicitaire à une heure de grande écoute (60.000 euros les 20 secondes), selon l'association Grand Départ Tour de France 2016 Manche-Normandie. Or la Manche par exemple va bénéficier de 15 heures de présence télé, selon la même source à l'AFP.
Les communes étapes sont, elles aussi, de gros contributeurs. Le Tour 2016 en compte 38. Mais 250 collectivités étaient candidates.

110.000 euros l'arrivée d'étape 

Selon ASO (Amaury Sport Organisation), l'organisateur du Tour, le "ticket d'entrée" (redevance) pour le troisième plus gros événement sportif mondial est de 65.000 euros hors taxe pour le départ d'une étape, 110.000 pour une arrivée. L'investissement est double en moyenne si on inclut les dépenses des collectivités dans les infrastructures et la communication, selon l'entreprise.
Si ASO ne donne pas le montant global de la redevance perçue, les collectivités elles sont obligées de communiquer.
La communauté de communes de Sainte-Mère-Eglise, par exemple, a acquitté 144.000 euros de redevance et dépensé près de 100.000 euros en frais pour accueillir l'arrivée de la première étape du Tour à Sainte-Marie-du-Mont (Utah beach), selon Henri Milet, maire de cette commune de 735 habitants où des vélos ont été suspendus aux poteaux électriques, aux balcons de la mairie et à l'école.
Pour la communauté de communes, l'investissement est comparable à celui du 70e anniversaire du Débarquement en 2014, pour une fréquentation attendue au même niveau localement.
La ville de Saint-Lô, départ de la deuxième étape, annonce un budget de l'ordre de 200.000 euros, dont 90.000 de redevance. Un investissement qui inclut l'aménagement du haras national, pour accueillir 2.000 journalistes au centre média du Grand Départ, et les animations dans la commune décorée de vélos de toutes tailles, de banderoles et de fresques sur les commerces, comme la plupart des villes traversées.
A l'arrivée de cette deuxième étape, Cherbourg-en-Cotentin annonce un investissement de 500.000 euros, dont 180.000 de redevance et le reste dans les animations. "Ça reste cher, mais à peine plus qu'un événement comme la Solitaire du Figaro à la voile (que Cherbourg accueille régulièrement NDLR), et on espère un retour sur investissement de 5 à 6 euros pour un euro investi", assure Benoît Arrivé, maire de cette commune de 81.000 habitants.
Forte d'une notoriété déjà mondiale, la communauté de communes du Mont-Saint-Michel n'a pour sa part investi "que" 170.000 euros, dont 144.000 de redevance pour le Tour 2016, mais elle attend aussi d'importantes retombées, selon son président.

Gain de notoriété

Les entreprises locales ne peuvent certes pas s'offrir une participation à la caravane publicitaire qui précède le peloton, et la publicité est interdite sur le parcours. Mais elles comptent profiter de l'afflux de touristes immédiat (1 million de spectateurs attendus dans la Manche, 10 à 12 millions en France, selon ASO) et d'un gain de notoriété de leur région à plus long terme.
Même les communes traversées par le Tour, sans être ville étape, investissent, sans toutefois payer de redevance. Située sur le parcours de la première étape du Tour 2016, intégralement retransmise en direct, Gouville-sur-mer (2.000 habitants) a par exemple dépensé 5.000 euros (sur 700.000 de budget municipal) dans les animations, dans l'espoir de faire connaître au monde entier ses huîtres.
"Nous avons préparé des lettres de plus d'un mètre de haut pour écrire +Gouville, capitale mondiale de l'huître de pleine mer+ à côté du poste de ravitaillement", explique Erick Beaufils, le premier magistrat, reconnaissant que l'assertion est "un peu exagérée".
Aux Pieux, près de Cherbourg, la communauté de communes a investi plusieurs dizaines de milliers d'euros pour faire connaître lors du passage du Tour les charmes de son port, dans un secteur plus connu pour ses sites nucléaires que pour ses paysages presque irlandais.
Pour les collectivités, ASO évoque un retour sur investissement situé entre 1 à 3 et 1 à 10, selon les cas.
La Corse, qui a accueilli le Grand départ de la 100e édition en 2013, et 500 km de parcours, affiche un résultat "indéniablement positif" mais plus modeste, avec "un surplus d'activité" économique "deux fois" supérieur aux "dépenses imputables au Tour", a indiqué la Collectivité territoriale corse à l'AFP.
La Corse avait payé 2 millions de redevance, contre 2,4 millions pour les collectivités normandes.
La Vendée, qui a accueilli le Grand Départ 2011 et presque trois étapes, avait reçu à cette occasion 1,195 million de spectateurs, dont 466.000 non vendéens, qui ont dépensé 22 millions d'euros, selon le département. Le département avait réglé une redevance de 1,5 million.
Reste que la météo sera un facteur déterminant du retour sur investissement, en Normandie plus qu'en Corse. Pour l'instant, si les hôtels manchois ont fait le plein, c'est loin d'être le cas des campings.

(Source : http://www.nordlittoral.fr)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.