vendredi 9 juin 2017

Et si le Rallye du Limousin montait en gamme ?

En s’élançant, ce jeudi à Aureil, pour les shakedown, le Rallye du Limousin fêtera sa 50e édition. Épreuve référencée dans le championnat de France, cette manifestation, qui a attiré les meilleurs à l’instar de Sébastien Loeb, ronronne depuis plusieurs années et n’a pas eu lieu en 2015. Un passage en championnat du monde (WRC) lui aurait permis d’entrer dans une nouvelle dimension. Était-ce un rêve ou une réalité ?
Il en faut peu pour être heureux. Dans le milieu, le Rallye du Limousin est une épreuve reconnue. Celle qui soufflera ses 50 bougies cette semaine est une dame qui présente bien. Qui se porte bien. Même si elle affirmera le contraire, Madame est tombée dans une petite routine. Elle se contente, chaque année, de vivre une édition de plus. Pas question pour elle de se faire une couleur, d’effectuer le tour du monde ou de tout plaquer du jour au lendemain.
Elle est déjà bien heureuse de continuer à vivre. « Ce qu’on peut nous souhaiter pour la suite?? Qu’il y ait une 51e édition », déclarait Christian Ducher, président du comité d’organisation, à l’issue de la conférence de presse de présentation.
Malgré les (trop) nombreuses contraintes, l’événement a su faire preuve de longévité. Pourtant, pas sûr que cela dure autant que les impôts. « On est une toute petite équipe d’une dizaine de bénévoles avec des responsabilités très fortes, note Christian Ducher. On doit se renforcer d’éléments plus jeunes et de nouveaux partenaires ».

Le Limousin  aurait pu être le centre du monde

Un nouvel élan, un second souffle, qui aurait pu s’opérer dans les années 2010 lors de la tentative de passage en championnats du monde. « On avait tout : les routes, la volonté, les collectivités mais au final les recettes étaient insuffisantes, avoue Christian Ducher. On avait deux fois moins que le budget requis ».
Pourtant, les arguments étaient nombreux pour que cette manifestation gratuite fasse du Limousin le centre du monde. « Il y aurait eu une cinquantaine de chaînes de télévision et des retombées économiques non négligeables », argumente Stéphane Cambou, alors président du syndicat du Lac de Vassivière et vice-président du conseil régional chargé des sports. « Cela ne pouvait qu’amplifier la connaissance de notre territoire et donner envie de le découvrir, ajoute Christian Ducher. Le passage en WRC aurait été créateur d’emplois et d’activités ».

4 millions de budget, 19 millions de retombées

Finalement, le Rallye d’Alsace a remporté la mise (2010 à 2014). « On en a vraiment bavé mais les retombées étaient impressionnantes », se souvient Jacky Clément, président du comité FFSA d’Alsace. Il ne croit pas si bien dire : une étude de l’Observatoire régional du tourisme recensait 135.000 visiteurs uniques extrarégionaux et 160.000 nuitées attribuables uniquement au Rallye d’Alsace. Au pays de Loeb, l’organisation coûtait 4 millions d’euros, elle en rapportait 18,7…
De quoi susciter des « regrets » chez Stéphane Cambou : « Il y avait des réticences par rapport à l’écologie alors que l’industrie automobile n’a eu de cesse de progresser grâce aux innovations du sport automobile. Aussi, certaines collectivités ne voulaient pas s’engager. Il nous a manqué un rien ». Certains pensent le contraire. « Je n’y ai jamais cru, c’était pour amuser la galerie, affirme le Pelaud Jean-Pierre Champeau, premier sponsor de Sébastien Loeb, lauréat en Limousin en 2001. On n’est pas une région de sport auto, c’était du rêve?! »
Un rêve qu’entretient secrètement la dame aux 50 printemps. « Il faut rester humble, résume Christian Ducher. L’objectif n°1 est de réussir au niveau des championnats de France. Toutefois, si nous arrivons un jour à disposer du budget, le dossier n’est pas enterré et oublié ».
En attendant, le Rallye du Limousin, en perte de vitesse en terme d’engagés (voir par ailleurs), trace sa route. Heureux. Jusqu’à quand ?

(Source)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.