Bernard Lapasset, président du Comité
français du sport international (CFSI), présente jeudi aux décideurs politiques
un rapport très attendu sur "la faisabilité et l'opportunité" d'une candidature
aux JO-2024 qui devrait faire basculer Paris dans une nouvelle campagne
olympique.
C'est Anne Hidalgo, maire de la capitale, qui en aura la primeur lors d'une
présentation à l'Hôtel de Ville. D'abord parce que les municipalités sont, aux
yeux du CIO, les porteurs des dossiers de candidature avec les comités
nationaux olympiques.
Mais surtout parce que l'ex-première adjointe de Bertrand Delanoë n'a
jamais affiché pour 2024 l'enthousiasme de son prédécesseur, héraut de la
candidature malheureuse de Paris aux JO-2012, se montrant toujours la plus
réticente des parties prenantes.
Après la mairie, Bernard Lapasset remettra ses quelque 300 pages de
conclusions à Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, et au
tandem ministériel, Patrick Kanner/Thierry Braillard, déjà convaincus, à la
lecture de leurs déclarations passées, de la pertinence d'un nouveau pari
olympique.
En chantier depuis plus de six mois, l'étude conduite par le président de
la Fédération internationale de rugby (World Rugby) sur "l'intérêt du projet
pour la nation, sa faisabilité technique ainsi que le contexte national et
international", encourage dans ses grandes lignes le passage à une phase II de
la candidature.
De source proche du dossier, Anne Hidalgo aurait fini par se laisser
séduire par l'idée d'une campagne qu'elle a longtemps considérée comme une
"course au toujours plus".
D'autant que les prévisions budgétaires anticipées par l'équipe de Bernard
Lapasset demeurent très modestes au regard des éditions précédentes des JO pour
ces Jeux parisiens qui marqueraient l'anniversaire de ceux de 1924.
Evalué entre 4 et 5 milliards d'euros par la mairie de Paris, le coût des
Jeux est estimé à moins de 4 MdE dans le rapport du CFSI. En partie parce que
la plupart des infrastructures sportives (hormis une piscine aux standards
olympiques) existent ou sont programmées à l'horizon 2024 (Arena 92, nouveaux
Bercy et Roland-Garros...).
Ensuite parce que le plan des sites retenus s'intègrera au schéma de
transports du Grand Paris qui aura vu le jour et dont le financement est
acquis, avec ou sans JO.
Le nouveau cahier des charges du CIO, présenté sous le nom d'Agenda-2020
lors de sa session de Monaco en décembre dernier, rompt en effet avec la
politique dispendieuse de la compacité qui exigeait des prétendants qu'ils
concentrent l'essentiel des sites de compétitions dans un périmètre restreint.
Désormais, le CIO version Thomas Bach encourage les candidats à miser sur leurs
installations existantes, même dispersées.
C'est ainsi que le Stade de France, stade olympique potentiel situé plein
Nord, pourra s'articuler avec le nouveau vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines
(sud-ouest) ou la base nautique rénovée de Vaires-sur-Marne (sud-est).
Seul impératif, le village olympique, dont l'emplacement reste à définir
mais pour lequel le Nord de Paris tient la corde, devra se trouver à distance
raisonnable de la plupart des installations.
Dans l'idéal, le CFSI attend une "réponse rapide" des autorités publiques,
"d'ici à fin février", alors qu'Anne Hidalgo entend prendre son temps et
réfléchir "jusqu'en juin".
Il serait alors plus que temps de passer à une phase opérationnelle
destinée à affiner les choix sur les sites, à travailler sur l'adhésion
populaire au projet et à mettre en place une première gouvernance de la
candidature pour laquelle Bernard Lapasset, au regard de ses états de services
et de sa popularité, tant en France qu'à l'international, tient la corde.
Ensuite, la France remettrait en septembre sa candidature officielle au
CIO, de même que Boston (Etats-Unis), Rome, une ville allemande (Berlin ou
Hambourg) et d'autres candidats encore non déclarés.
Il restera alors moins de deux ans à Paris pour construire un projet tourné
vers l'avenir, avec en mémoire les leçons d'un passé récent qui avait conduit
au douloureux crash de ses espoirs pour 2012.
Le nom de la ville hôte des JO-2024 sera dévoilé durant l'été 2017 à Lima.
(AFP)
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