Onze milliards d'euros pour Londres-2012,
31 MdE à Pékin quatre ans plus tôt, 36 Md à Sotchi, les plus chers de
l'histoire, en 2014... Les dernières éditions des jeux Olympiques ont pulvérisé
les records. Une surenchère qu'entendent enrayer les partisans de la
candidature de Paris-2024, évaluée à ce jour à moins de 4 milliards d'euros.
Optimisme de circonstance diront certains, comme les économistes du cabinet
d'experts Microeconomix, auteurs d'une étude pointant les écarts souvent
faramineux entre les budgets prévisionnels (5 Md à Londres par exemple) et la
facture finale.
Une différence qui tient d'abord au mode de calcul du prix des JO.
Car le vrai budget des Jeux est quasiment fixe. Il oscille entre 3 et 4
milliards de dollars (2,65 à 3,5 milliards d'euros) selon les éditions. Et il
est peu ou prou toujours à l'équilibre, bénéficiaire même à Sotchi.
Au poste des dépenses, les frais nécessaires à la tenue, durant six
semaines, des JO et de leur pendant paralympique: le gîte, le couvert et le
transport des athlètes, l'installation et le déplacement des médias et
accrédités, l'embauche de personnel, les factures d'énergie ainsi que les
installations sportives temporaires, destinées à disparaître après les Jeux.
Pour financer ces postes, le Comité international olympique (CIO) octroie
au comité d'organisation (Cojo), une enveloppe d'un milliard de dollars (883
ME), qui montera à deux milliards (1,76 MdE) à partir des JO-2020 à Tokyo,
issus des droits de retransmission télévisée et de son programme marketing.
Ensuite, le Cojo complète la différence par la billetterie et les recettes
tirées du programme national de marketing pour rentrer, ou non, dans ses frais.
La (faible) variable d'ajustement tient au nombre d'équipements temporaires, à
la générosité des sponsors locaux et au nombre de billets vendus (97% à
Londres). Dans tous les cas, les sources de financement sont quasi entièrement
privées, seuls 3% du budget Cojo destiné à la tenue des jeux Paralympiques
étant de l'argent public.
Comment, de ce fait, hérite-t-on de factures exponentielles, parfois
délétères pour l'économie globale de certains pays comme ce fut le cas pour la
Grèce après les Jeux d'Athènes en 2004 ?
Si Pékin construit un troisième aéroport à l'occasion des Jeux de 2008, si
Londres en profite pour réhabiliter un quartier entier et moderniser ses
transports, si Barcelone se dote d'un front de mer et Sotchi d'un
tout-à-l'égout, l'addition finale se trouve fatalement alourdie.
C'est pourquoi le CIO distingue dans ses comptes les budgets Cojo et
hors-Cojo. C'est ce dernier que l'on retient généralement à l'issue des Jeux.
Il inclut les infrastructures sportives destinées à survivre aux Jeux ainsi que
tous les aménagements pérennes nécessaires à leur bonne tenue, en général des
moyens de transport.
Excepté dans certains cas, comme celui d'Athènes, ce sont des projets
structurants qui auraient vu le jour mais pour lesquels les JO ont un effet
accélérateur. Dans d'autres cas, comme celui du stade olympique de Pékin et ses
90.000 places toujours vides, il s'agit d'un instrument de prestige national,
sans grande influence sur les finances publiques.
En ce qui concerne Paris-2024, le budget hors-Cojo estimé par les
différents acteurs entre 3,8 et 5 milliards d'euros, comprend la construction
d'un village olympique d'environ 17.000 lits (transformé dans un second temps
en logements), d'un centre des médias, d'une piscine et des travaux
d'accessibilité pour les handicapés dans les transports. Le réseau de transport
du Grand Paris ayant été voté et budgété avant la candidature, il n'entre pas
dans la colonne des dépenses. Le tout serait financé par 50% d'argent public.
"Le défi est de faire en sorte que ces projets correspondent aux vrais
besoins du pays", répète Bernard Lapasset, porteur du projet de candidature
parisienne. Et s'inscrive dans un véritable plan de développement à dix ou
vingt ans comme à Barcelone ou Londres.
Un postulat réaffirmé par le CIO dans son nouveau cahier des charges soumis
aux villes candidates. C'est ainsi que l'institution olympique a bloqué la
création de certaines infrastructures des Jeux de Tokyo-2020, comme celle de
l'aviron, dont l'utilité post-JO n'était pas démontré.
(AFP)
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