La justice sportive, représentée par la commission de discipline de
la Ligue de football professionnel (LFP), examine depuis lundi et
jusqu'à mardi l'affaire des matches présumés truqués en Ligue 2, avec
des dizaines d'auditions.
Le Nîmes Olympique est au coeur
de cette affaire révélée en novembre dernier: les soupçons portent sur
sept de ses rencontres lors du Championnat de L2 2013-2014
(Bastia-Nîmes, Nîmes-Istres, Dijon-Nîmes, Nîmes-Brest, Nîmes-Laval,
Caen-Nîmes, Créteil-Nîmes).
La commission de discipline tente
d'établir si les dirigeants gardois ont ou non fait pression ou
sollicité des arrangements auprès de leurs adversaires afin de se
maintenir en L2.
Au centre de l'affaire: Caen-Nîmes du 13 mai 2014
(match en retard de la 28e journée de L2) puisque le résultat (1-1)
avait permis à Caen d'accéder en L1 et à Nîmes d'éviter la relégation en
National.
Lundi, l'actuel entraîneur nîmois José Pasqualetti a
été entendu en qualité de témoin, car il "n'était ni à Nîmes, ni à
Istres au moment du match" entre les deux clubs le 18 avril 2014,
comptant pour la 33e journée de L2.
"Le club sera certainement
pénalisé", a regretté le technicien remercié par Istres fin mars 2014 et
engagé par Nîmes en juin 2014.
Des écoutes téléphoniques révélées par
Le Canard enchaîné et confirmées à l'AFP de source policière avaient
éveillé les soupçons. Le jour du fameux Caen-Nîmes, les deux présidents
se sont téléphoné. Question du Caennais Jean-François Fortin: "Toi c'est
un point aussi?" (qu'il te faut). Réponse de son homologue nîmois
Jean-Marc Conrad: "Ouais, il nous faut un point, voilà". Et Fortin de
poursuivre: "Ben, si on n'est pas trop cons, hein?"
Selon Le
Canard, après le match, le président de Nîmes avait "fait déposer à la
porte du vestiaire 24 cartons de 12 bouteilles de vin".
"Les
joueurs sont complètement en dehors du problème. Il y a peut-être eu des
coups de téléphone curieux mais rien n'est démontré. Par rapport à
l'ampleur qui avait été donnée, l'affaire se dégonfle considérablement",
a assuré Jean-Yves Foucard, avocat de Molla Wagué, ancien joueur de
Caen, à la sortie de la commission.
La
commission, qui s'est installée pour l'occasion jusqu'à mardi au
Pavillon Kléber, hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris, a
convoqué des représentants des huit équipes impliquées et pas moins de
"34 dirigeants, entraîneurs, joueurs ou actionnaires actuels ou passés
desdits clubs ou d'autres" mentionnés dans l'instruction.
Lundi,
beaucoup de Caennais se sont présentés: Xavier Gravelaine le manager,
Patrice Garande l'entraîneur, Alain Caveglia le directeur sportif, et
les joueurs Nicolas Seube, Dennis Appiah et Damien Perquis. Egalement
présent, le directeur commercial, de la sécurité et de la communication,
Kaddour Mokeddel, plus connu sous le surnom de "Pilou", un des
personnages-clés de l'affaire. Aucun n'a souhaité faire de commentaires à
la presse.
Armand Lopes, président de Créteil, Cyril Jeunechamp,
joueur d'Istres, Yvon Kermarec, président de Brest, Olivier Delcourt,
président de Dijon et son entraîneur Olivier Dall'Oglio, ont également
été entendus.
La valeur juridique de la procédure mise en place
par la commission de discipline a été contestée par Me Anne Bourdu,
avocate de Mohamed Regragui qui était coach mental de Nîmes au moment
des faits: "Il y a une interférence entre les procédures disciplinaires
et pénales (...) qui est préjudiciable aux personnes poursuivies et au
bon fonctionnement du travail du juge d'instruction".
Une action
pénale a en effet été lancée: six personnes, dont Jean-Marc Conrad, qui a
démissionné de ses fonctions de président de Nîmes, et Serge Kasparian,
le principal actionnaire du club, ont été mises en examen pour
corruption.
Pour la LFP, la procédure disciplinaire lancée "est
totalement autonome". Les sanctions sportives peuvent aller jusqu'à la
radiation pour les personnes physiques et jusqu'à la rétrogradation pour
un club. La commission doit se prononcer au plus tard le 23 mars.
(AFP)
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